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18. mars 2025

Reflets

Revaloriser, réutiliser

Le préfixe «re-» devant un mot ou un verbe permet, par définition, de mettre en évidence que quelque chose a été perdu, que l’on souhaite re-venir à un état antérieur. C’est le thème de cet article: la revalorisation et la réutilisation de l’eau permet de re-trouver la valeur de cette «re-source» essentielle!
Luca Rossi 

Les sources sont d’une importance capitale pour notre approvisionnement en eau potable. Avec la pression urbanistique, la présence de contaminants, la protection de cette eau souterraine est toujours plus ardue. Lorsqu’une source doit être abandonnée pour différentes raisons, l’eau qui s’en écoule possède toujours une valeur très importante, même si elle ne peut plus être valorisée comme eau potable. Dans un précédent article publié dans « Reflets » (édition 02/24), Stefan Hasler présentait différents exemples de revitalisation de sources dans les zones d’habitation et en dehors des zones urbanisées. Cette eau de source peut en effet apporter une plus-value, par exemple pour combattre les ilots de chaleur urbain en lien avec les changements climatiques, pour l’irrigation ou la création de poches de biodiversité.

RĂ©utilisation des eaux

Face aux risques de pénuries et aux situations d’urgences, l’accent doit être mis sur la mise à disposition d’eau potable pour couvrir les besoins vitaux de la population. Cette quantité d’eau représente qu’une très faible partie de notre consommation journalière. Rappelons qu’environ un tiers de notre consommation d’eau potable est utilisée pour la chasse d’eau de nos toilettes. Il est dès lors légitime de se poser la question : est-ce que l’on a besoin d’eau potable pour les toilettes, l’arrosage, ou le nettoyage ? Pour ces activités, une autre qualité d’eau peut convenir : l’eau de sources « abandonnées », l’eau de pluie, ou même l’eau usée traitée. De nombreux projets de réutilisation fleurissent, notamment dans les pays européens soumis à des épisodes de sécheresse intense. Chaque goutte compte, à partir du moment où les ressources sont limitées. Il convient donc de trouver des alternatives. En Suisse, plusieurs axes de réutilisation de l’eau, illustrés par quelques exemples ci-contre, sont présents.

Même si les projets de revalorisation ou réutilisation des eaux semblent vertueux, il convient cependant d’être particulièrement vigilant. La réutilisation de différents types d’eau nécessite une infrastructure supplémentaire (tuyaux, vannes, pompes, etc.) et donc une mobilisation d’énergie (sous forme d’équivalent CO2) loin d’être négligeable. Ces solutions peuvent mettre en danger la santé des consommatrices et consommateurs, en lien avec les risques de contamination croisée dus aux différents flux d’eau : il faut donc être très strict en termes de sécurité. Ces solutions de réutilisation sont souvent connectées au réseau public pour les périodes critiques, par exemple lors de longues périodes de canicule : la pression sur la ressource augmente en proportion pendant ces périodes. La réutilisation des eaux usées traitées est strictement limitée par la loi pour certaines applications, notamment l’irrigation. Seuls des projets pilotes incluant la réutilisation des eaux usées traitées, encadrés par les autorités cantonales, peuvent être envisagés.

Dès lors faut-il baisser les bras face à toutes ces contraintes ? Ce n’est pas l’habitude du secteur, qui se veut toujours innovant. Plusieurs motions et initiatives ont été déposées à la Confédération ou dans les cantons pour faire évoluer la situation. L’Eawag a récemment publié un document détaillé sur la réutilisation des eaux (référence ci-dessous). Les projets pilotes sont encouragés par le VSA, afin d’acquérir un précieux savoir-faire et des compétences dans le domaine de la réutilisation des eaux. Face aux changements climatiques, et même si la Suisse dispose de ressources encore confortables, mieux vaut avoir plusieurs cartes en main !

Rapport Eawag de 2024 : Réutilisation de l’eau en Suisse. Besoins, opportunités, risques et recommandations dérivées à l’attention des responsables

RĂ©utilisation des eaux de source

La source des Pilettes à Fribourg a été utilisée pendant des années avant d’être abandonnée. L’eau est revalorisée dans le cadre de l’aménagement du quartier d’innovation bas carbone bluefactory à Fribourg pour les chasses d’eau des toilettes, l’arrosage ainsi que son potentiel thermique.

Photo : Source des Pilettes à Fribourg. (@Luca Rossi)

RĂ©utilisation des eaux de pluie

L’eau de pluie est valorisée dans le cadre de différents projets à Genève. Pour la coopérative d’habitation rue Soubeyran, l’eau de pluie est valorisée et réutilisée pour les chasses d’eau des toilettes, l’arrosage, etc. Une partie des eaux usées traitées est également réutilisée.

Photo : @atba SA

Réutilisation des eaux usées

La Ville d’Yverdon-les-Bains lance un projet-pilote de réutilisation des eaux usées traitées. Elles seront destinées dans un premier temps à des usages spécifiques, tels que le nettoyage de canalisations, le remplissage des balayeuses de voirie, l’arrosage des plantes et arbres ou encore le lavage des véhicules communaux.

Photo : @Ville d’Yverdon-les-Bains

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