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09. décembre 2022

Pertes et fuites d’eau dans les ré- seaux d’assainissement urbain:

Un gros problème pour le VSA aussi!

Qu’il s’agisse du réseau d’eau potable ou d’assainissement urbain, les inétanchéités liées à des canalisations en mauvais état sont problématiques et pas sans conséquences pour les gestionnaires du réseau et les communes.
Luca Rossi 

Une des différences essentielles entre les réseaux d’eau potable et les ré-seaux d’assainissement urbain est le fait que les premiers sont constamment sous pression. Par conséquent, en cas de fuite, l’eau s’écoule vers l’extérieur. Pour les seconds, la majorité des canalisations ont un écoulement en nappe libre. En cas de défectuosités, les fuites d’eaux peuvent se passer vers l’extérieur du tuyau, mais également vers l’intérieur.

Exfiltration...

Si un réseau d’assainissement n’est plus étanche, en raison de canalisations fissurées, de joints dégradés, de pénétration de racines, etc., l’eau qu’il contient (usées, pluviales ou les deux) peut sortir de la canalisation et contaminer les sols et la nappe phréatique adjacents. On parle ici d’exfiltration des eaux. Ce processus est particulièrement sournois et dangereux, car on ne détecte le problème qu’une fois la contamination chronique avérée, soit souvent trop tard. Le retour à une certaine normalité par le remplacement des canalisations défectueuses ou leur réparation (par exemple par chemisage) prendra un certain temps pendant lequel les ressources en eaux souterraines pourront être durablement atteintes.

…, infiltration et ses conséquences

L’infiltration d’eau de la nappe phréatique dans les canalisations, tout comme le déversement d’eaux claires parasites (ECP) par des drainages, des fontaines, etc., conduit à diluer les eaux usées dans les canalisations et augmente considérablement les coûts de leur relevage et ceux d’exploitation à la STEP. En théorie, selon la législation, aucune ECP n’est acceptée. Dans la pratique cependant on tolère un taux d’ECP de l’ordre de 30% (même si certaines stations d’épuration fonctionnent très bien avec 50% d’ECP). Une toute première étude sur trois STEPs par un bureau d’ingénieur montrait des frais de l’ordre de 6000 à 12 000 CHF par litre par seconde et par an pour ces ECP. Les frais indirects qu’elles induisent peuvent s’avérer ainsi conséquents. Avec l’augmentation importante des coûts de l’énergie, la facture est désormais largement supérieure! Il est dès lors essentiel de se préoccuper de l’état de nos réseaux à la vue des conséquences environnementales, sanitaires et économiques que cela peut engendrer.

Le PGEE fournit des outils précieux

Clé de voûte de la gestion des eaux urbaines, le PGEE (Plan général d’évacuation des eaux) contient tous les outils nécessaires pour les communes et les exploitants afin de contrôler et surveiller l’état des réseaux d’assainissement. Les contrôles se font par passage caméra dans les canalisations, et sont complétés par un entretien/curage régulier du réseau. Le nouveau cahier des charges PGEE du VSA préconise une fréquence d’environ tous les 5–10 ans pour le contrôle et entre 1 et 3 ans pour l’entretien/curage. Cette inspection périodique est malheureusement encore lacunaire dans de nombreuses communes, comme l’adémontré par exemple l’audit réalisé sur les PGEE par la cour des comptes du Canton de Vaud l’année passée. L’état des canalisations doit être systématiquement renseigné et interprété dans un système de gestion des données, il ne suffit pas de conserver les enregistrements vidéo sur une clé USB sans prendre de mesures pour pallier les anomalies constatées! La plupart des cantons se rallient désormais à la structure proposée par le VSA (VSA-SDEE) pour la gestion des données de l’assainissement. L’utilisation d’un format uniforme pour toutes les communes en Suisse facilite grandement les échanges et les interprétations. Les travaux futurs s’en trouvent facilités. Des recommandations cantonales sont en cours d’élaboration dans ce sens, plusieurs communes étant par ailleurs déjà passées à la structure de données VSA-SDEE.

Côté formation et directive du VSA

Le VSA propose également une formation de «Spécialiste de l’évacuation des eaux des bien-fonds» qui permet aux personnes qui la suivent de se familiariser avec toutes les ficelles du métier afin de vérifier, contrôler et anticiper les problèmes pouvant survenir dans les réseaux d’assainissement. De plus, la révision de la directive sur les «Essais d’étanchéité des installations d’évacuation des eaux usées» est en cours de finalisation. Un cours de spécialiste PGEE a également été mis sur pied: la formation de spécialistes pour la bonne gestion des réseaux nous tient à cœur.

Pour conclure

La vérification périodique des systèmes d’assainissement communaux est une activité qui vaut clairement la peine: les problèmes d’infiltrations d’eau (ECP), exfiltration, etc. peuvent coûter cher à la collectivité. Les réseaux d’assainissement urbain, tout comme les réseaux d’eau potable, doivent pouvoir fonctionner de manière optimale en tout temps. La crise énergétique actuelle est une piqure de rappel, n’attendons pas qu’il soit trop tard pour agir!

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