Pour le prix 2024, le comité de sélection a confié l’évaluation des dossiers à la Plateforme Qualité des eaux du VSA. Les dossiers étaient nombreux, de très bonne qualité et il a été très difficile de départager les candidats. Comme on pouvait s’y attendre, il manquait des données de toxicité environnementale dans de nombreux dossiers. Mais l’équipe de spécialistes de la plateforme ne s’est pas laissé abattre: que la meilleure molécule gagne!
Les molécules nominées sont nombreuses car les STEP représentent un concentré de candidates. Nous avons évidemment le diclofénac, le lauréat incontesté de toute la décennie 2010, ou presque. La mise en place de traitements avancés dans les STEP permettra sans doute de l’éliminer, ainsi que d’autres composés, du devant de la scène … Qui sait? Peut-être que dans le futur, il ne restera dans les eaux usées que des molécules récalcitrantes comme les produits de contrastes utilisés en radiologie ou les PFAS? Mais la compétition bat son plein avec d’autres sérieux candidats comme le fipronil, un insecticide hautement toxique qui se retrouve dans nos eaux usées. Fraîchement découvert, son parcours comporte encore des zones d’ombre mais c’est un antiparasitaire utilisé dans les produits pour chiens et chats et actif contre les puces et les tiques. D’autres molécules, comme les PFAS, sont présentes depuis longtemps, mais on n’en faisait pas tout une histoire il y a encore une dizaine d’années. Maintenant elles se retrouvent sous le feu des projecteurs quasiment chaque semaine dans les médias. Une étude est encore en cours à l’Eawag pour savoir à quel point leur dossier dans cette catégorie est sérieux. Néanmoins, cette surexposition médiatique exer cera sans doute une influence déterminante sur le choix du public … Le suspense est à son comble!
Les nominés sont moins nombreux que dans la catégorie précédente mais nous retrouvons les mêmes molécules nominées (diclofenac, PFAS, fipronil) … Ce qui pose la question: une molécule peut-elle concourir dans différentes catégories? Si on fait référence à l’ordonnance fédérale sur la protection des eaux (OEaux, Annexe 2), le diclofénac dépasse largement les autres micropolluants inscrits avec 183 dépassements de sa norme écotoxicologique chronique pour l’année 2022 dans 16 cours d’eau. Qu’en serat-il pour 2024? Les données mettront encore certainement du temps à arriver … Le fipronil, lui, n’est pas inscrit à lOEaux, Annexe 2. Il est arrivé par la petite porte en 2021, grâce notamment à son inclusion dans le programme de surveillance NAWA, et il se pourrait bien qu’il remporte un prix cette année. Nous observons une tendance à la hausse avec plus de 90 dépassements de son critère écotoxicologique chronique en 2022: sans doute un artéfact dû à une amélioration des techniques analytiques? En effet, les méthodes utilisées nouvellement pour le fipronil permettent aussi de doser les insecticides de la famille des pyréthrinoïdes à de très faibles concentrations. Ces derniers, lauréats du prix par groupe en 2019, sont des candidats extrêmement sérieux avec également plus de 90 dépassements en 2022 pour la somme de 5 molécules (bifenthrine, cyhalothrine, cyperméthrine, deltaméthrine et perméthrine). Qu’en pensera le jury? Seront-ils récompensés une nouvelle fois?
Les nominés sont moins évidents à identifier. Ce sont le plus souvent des sous-produits qui nous rappellent leurs liens de parentalité avec d’autres molécules. Les exemples typiques sont les métabolites du chlorothalonil avec leurs noms barbares R417888 ou encore R471811. Ces molécules ont   eu leur heure de gloire en 2020 mais depuis que leur maître à penser (entendez la molécule parente: le chlorothalonil) a été interdit de concourir en 2020 avec effet immédiat, leur cote n’a eu de cesse de chuter. C’est notamment grâce aux traitements mis en place par certaines communes ou tout simplement à la fermeture de certains captages ou à leur dilution pour respecter une norme. La norme a été confirmée par l’arbitre (entendez le Tribunal administratif fédéral). D’autre molécules sont en lice et vont certainement prendre la relève! On retrouve notamment le S-métolachlore et ses métabolites, mentionnés par notre collègue de SVGW dans son édito, et l’acide trifluoroacétique (TFA) qui se retrouve à des concentrations élevées selon les récentes données NAQUA.
… au diclofénac, encore lui! Champion toute catégorie (ou presque)! Quelle déception pour toutes les autres molécules. Elles doivent se contenter de prix de seconde catégorie, comme le fipronil, qui reçoit le prix du meilleur espoir pollutif. Le prix du jury est décerné aux pyréthrinoïdes et le prix du public revient aux PFAS, évidemment, avec un coup de cœur pour le TFA! Cette édition 2024 (fictive, vous l’aurez compris¹) s’achève avec beaucoup de perdants, notamment les organismes aquatiques.
devoir annuler la cérémonie PolluStar, faute de candidats. Mais comme les techniques de screening permettant de détecter de nouvelles molécules sont de plus en plus utilisées, quelque chose me dit que de nouveaux candidats continueront à se présenter …
¹ Toute ressemblance avec des remises de prix réelles serait fortuite.
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