Tous les grands consommateurs d’électricité, comme les STEP, ont reçu cette même lettre. Elle ne concerne pas seulement le Tessin, mais bien toute la Suisse. Le message en fin d’année dernière du ministre de l’Economie, Guy Parmelin, sur le risque de pénurie électrique en Suisse a fait l’effet d’une douche froide et a appelé les entreprises à se préparer à d’éventuelles pénuries. L’OSTRAL est sous le feu des projecteurs. C’est l’or-ganisation pour l’approvisionnement en électricité en cas de crise. Elle de-vient active en cas de pénurie d’élec-tricité sur ordre de l’approvisionne-ment économique du pays (AEP). En cas de pénurie d’électricité, l’AEP ordonne des mesures de contingente-ment permettant d’assurer l’équilibre entre la production et la consomma-tion à un niveau réduit.
Cette lettre envoyée notamment aux stations d’épuration du Tessin pose clairement la question: est-ce qu’une STEP, en cas de crise énergétique, est considérée comme une infrastructure prioritaire? Le VSA est invité à se pro-noncer sur cette question.
Dans les cas de dysfonctionnement, de fonctionnement en mode dĂ©gradĂ© ou d’arrĂŞt d’une STEP, les eaux non Ă©purĂ©es rejoignent directement le milieu rĂ©cepteur. Ces eaux sont char-gĂ©es en bactĂ©ries, virus… et peuvent contaminer les ressources d’eau po-table. Sur un petit territoire comme celui de la Suisse, les implications sont inĂ©vitables pour l’homme, les animaux et notre environnement. Il ne suffit pas de «relancer» une STEP pour rĂ©soudre le problème, l’impact des rejets peut se manifester Ă longs termes, sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de revenir Ă une situation habituelle.Â
La pénurie d’électricité fait partie des «événements extraordinaires» à considérer dans l’exploitation des STEP. L’aide à l’exécution sur l’exploi-tation et le contrôle des STEP publiée par l’OFEV en 2014 mentionne déjà les événements susceptibles de per-turber ou interrompre l’exploitation des STEP. On y retrouve bien sûr les incidents dans le bassin versant de la STEP, les incendies, explosions, crues ou événement naturels, etc., mais également les coupures de courants. Les exploitants doivent ainsi prévoir des mesures organisationnelles pour ces cas, par le bais par exemple d’une formation adéquate du personnel et un concept d’alimentation électrique de secours. Par contre il faut bien en-tendu faire une différence entre un événement exceptionnel, d’une du-rée de quelques jours au maximum, et celle d’une problématique qui peut durer sur de longues périodes, comme dans le cas d’une pénurie d’électricité.
Face aux interrogations qui se posent légitimement à la suite du message de Guy Parmelin, il y a des pistes et des opportunités particulière-ment intéressantes pour les STEP en termes d’énergie. Le projet européen «POWERSTEP» (www.powerstep. eu), par exemple, s’est penché sur le potentiel énergétique de nos stations d’épuration. Il en ressort qu’il est tout à fait possible de mettre en œuvre des STEP à «énergie positive», soit des STEP qui produisent plus d’éner-gie qu’elles n’en consomment. Les 15 partenaires européens dans 7 pays, dont la Suisse, se sont penchés sur cette question en analysant notam-ment plusieurs exemples de stations d’épuration de différentes tailles et dans différents contextes. Dans le vi-rage énergétique qui s’engage, il est particulièrement intéressant de saisir l’opportunité de disposer de systèmes qui non seulement n’ont pas à entrer en compétition pour la fourniture d’énergie mais qui en en plus peuvent permettre d’injecter de l’énergie dans le réseau.
Avec les mesures prises pour le trai-tement des micropolluants, les STEP vont avoir tendance à se regrouper dans des installations de traitement centralisées plus efficaces en termes de rendement et plus économiques en termes d’exploitation des eaux. Le Canton de Vaud a par exemple effec-tué en 2018 déjà un état des lieux et une analyse des perspectives énergé-tiques des STEP vaudoises qui va dans cette direction. Le Canton de Fribourg s’est également attelé à cette ques-tion récemment. Cette possibilité de valorisation énergétique représente un avantage indéniable qu’il faut à tout prix exploiter. Cela représente un challenge pour nos exploitants et pour nos décideurs, mais aussi une belle opportunité de développer un savoir-faire et des nouveaux débou-chés économiques et stratégiques en lien avec une meilleure gestion des eaux. Une fois de plus le potentiel créatif helvétique est sollicité, un do-maine dans lequel le VSA est toujours prêt à se mouiller!
Luca Rossi, VSA
Une pensée toute particulière va à notre ami Tony Reverchon qui nous a quitté récemment. Exploitant de la station d’épuration de l’ERM, Tony a toujours été un pionnier dans la recherche de nouvelles énergies dans les STEP et était particuliè-rement fier d’exploiter une STEP à énergie positive. Son engagement, sa force de conviction, ses idées et son humour vont nous manquer.
Avec l'abonnement en ligne, lisez le E-paper «AQUA & GAS» sur l'ordinateur, au téléphone et sur la tablette.
Avec l'abonnement en ligne, lisez le E-paper «Wasserspiegel» sur l'ordinateur, au téléphone et sur la tablette.
Kommentare (0)