Plateforme pour l’eau, le gaz et la chaleur
Article technique
20. juin 2017

La STEP 2050

La STEP du futur est-elle amenée à passer d’une station d’épuration à une station de valorisation? Les trois associations ARPEA, GRESE et VSA ont proposé d’apporter des éléments de réponse lors d’un séminaire organisé à Fribourg en janvier dernier.
 , Luca Rossi, 


En Suisse comme ailleurs dans le monde, de nouveaux procédés font régulièrement leur apparition en matière d’épuration des eaux usées. L’un des objectifs poursuivis est d’optimiser l’efficacité des ressources, notamment au niveau énergétique. À ce titre, la STEP de demain sera sans doute auto-suffisante et même productrice d’énergie. Cette évolution énergétique, déjà en marche par le biais d’initiatives telles qu’InfraWatt, s’inscrit parfaitement dans le cadre de la stratégie énergétique 2050 plébiscitée par les votations de ce 21 mai. À cela s’ajoute la récupération et la valorisation de composés dont les ressources sont limitées tels que le phosphore dans un souci de gestion durable, la récupération de la chaleur des eaux usées, l’hydroélectricité dans les réseaux, etc.
Outre les enjeux liés au traitement des micropolluants, la STEP de 2050 offrira de nouvelles perspectives tant au niveau environnemental (limitation des émissions de gaz à effet de serre), énergétique (réutilisation des eaux traitées, production d’énergie …) qu’urbanistique (architecture des bâtiments, intégration dans le paysage). L’image parfois négative que véhicule la STEP principalement en raison des nuisances olfactives générées pourra également s’améliorer de par sa mutation en station de valorisation, au cœur de la ville. Une transformation de leur nom est même envisagée. Parmi les propositions figurent celles de station de récupération des ressources de l’eau (StaRRE) ou centre intégré de régénération des eaux et de valorisation (Cirev). Cette évolution a déjà vu le jour pour d’autres domaines environnementaux comme les usines d’incinération des déchets. Ces usines sont déjà passées du statut d’incinérateur à celui d’installations de valorisation. L’expérience acquise dans ce domaine a également fait l’objet d’une présentation au cours de cette journée.

Aujourd’hui on s’efforce de démontrer la faisabilité technique, économique et environnementale de schéma de traitement innovant permettant la concentration du carbone pour maximiser la production de biogaz et donc d’énergie, ainsi que la récupération de nutriments pour l’utilisation d’engrais. Enfin, les stations pourront également permettre une production plus vertueuse de plastique. Certaines bactéries présentes dans les stations permettent en effet la production de biopolymères. Même si les débouchés économiques semblent actuellement limités dans ce domaine, ce genre de technologies, basées sur une ressource durable telle que les eaux usées, seront certainement amenées à se développer dans le futur.
De nouveaux procédés sont en cours de développement: STEP sans boues activées, microalgues ou piles à combustibles microbiennes alimentées par des constituants d’eaux usées. Ces solutions ne sont plus cantonnées à des essais à petite échelle dans des laboratoires, mais commencent à prendre de l’ampleur au niveau d’installations à plus grande échelle voire d’installations pilotes. En parallèle, le développement de systèmes plus décentralisés et compacts répondant à des besoins de traitement de la pollution à la source ou à l’échelle d’un quartier est également en cours. À côté des solutions technologiques, un pilotage plus «intelligent» des STEP et une gestion plus intégrée du système d’assainissement global, prenant en compte réseau, station d’épuration et milieu récepteur permettent dès aujourd’hui d’améliorer le système en place sans recourir à des investissements conséquents. Mais cela nécessite de mettre en réseau différents acteurs qui se focalisent actuellement sur leurs spécialités, en lien avec leurs exigences de corps de métier. En réunissant dans un même auditoire 200 professionnels des STEP, des réseaux et des milieux naturels, ce séminaire sur le thème de la STEP du futur a montré, au travers des trois associations que sont l’ARPEA, le GRESE et le VSA, la volonté en Suisse romande de travailler ensemble au développement de nos STEPs, un élément central du système d’assainissement au sens large.
En conclusion, la STEP 2050 est amenée à devenir une bioraffinerie rentable et contribuera à équilibrer les comptes de l’eau des collectivités en apportant de nouvelles recettes. Le métier d’exploitant de STEP devra évoluer en conséquence afin de devenir un gestionnaire de StaRRE!

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