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26. novembre 2021

Congrès sur l’eau ACQUA360

Le climat va changer

Les effets du changement climatique se ressentent déjà actuellement et vont s’accentuer à l’avenir. Le secteur de la gestion de l’eau doit donc se préparer à une évolution des conditions climatiques. La fréquence des sécheresses et fortes pluies va augmenter au cours des prochaines années. Le congrès sur l’eau Acqua360 de cette année était consacré à ces défis.

Depuis 2015, la SSIGE et le VSA organisent ensemble le congrès Acqua360, un événement entièrement dédié à la thématique de l’eau. Depuis 2015, il se déroule au «Palazzo dei Congressi» de Lugano. Au cours de la quatrième édition qui a eu lieu cette année, nous nous sommes activement penchés sur les effets du changement climatique et avons abordé comment le secteur de la gestion de l’eau pouvait renforcer sa résilience face à l’évolution du climat. En effet, le réchauffement croissant de l’atmosphère terrestre principalement causé par les émissions de CO2 anthropiques modifie également les conditions climatiques. Ces changements, tels que la sécheresse ou les inondations, représentent autant de défis pour le secteur de la gestion de l’eau.

Le réchauffement est irréversible

Le congrès a accueilli les exposés d’intervenants issus de la sphère scientifique et politique, mais aussi des autorités et de la pratique. Dès l’ouverture du congrès, la conseillère aux États Marina Carobbio a clairement exprimé dans son mot de bienvenue que la sphère politique se devait de produire des conditions-cadres légales garantissant la distribution d’une eau potable de grande qualité en quantité suffisante à la population suisse, même en cas d’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et dans le contexte des défis qui se profilent dès à présent. Dès le premier exposé de Marco Gaia, chef Centre régional Sud de l’Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse, ce dernier a bien expliqué que les phénomènes météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur ou les fortes pluies ne feraient à l’avenir plus figure d’exceptions, mais deviendraient de plus en plus la norme. Même si les émissions de CO2 venaient à baisser significativement dans le monde, cette évolution ne pourrait pas être stoppée. Il reste donc à savoir quelle sera l’intensité de l’augmentation du réchauffement. Antonio Massarutto, professeur d’économie appliquée à l’Université d’Udine a ensuite montré les risques, répercussions économiques et coûts liés à ce réchauffement et aux changements climatiques et météorologiques inhérents. Après la pause de midi, Massimiliano Zappa de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) a abordé la situation en Suisse et a exposé les effets du réchauffement sur les glaciers, la température des fleuves et des lacs et la quantité de précipitations au cours des 50 à 80 prochaines années.

Adapter les infrastructures

Lauren Cook, responsable de groupe au sein du département Gestion des eaux urbaines de l’Eawag a ensuite présenté des solutions concrètes. Dans son exposé, elle a montré comment les fortes pluies de ces dernières années ont entraîné des inondations à Zurich, Lugano ou Lucerne, car les systèmes d’évacuation des eaux usées de ces villes n’avaient pas été prévus et conçus pour faire face à des quantités de précipitations aussi élevées. Elle a ensuite abordé les approches de planification et de conception nécessaires pour adapter les systèmes d’évacuation des eaux aux défis à venir. Outre des mesures facilement concevables comme des conduites aux dimensions supérieures, des idées telles que le concept de «ville-éponge» font actuellement l’objet de discussion dans ce contexte. Michael Schärer, chef de section dans le domaine de la protection des eaux à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a alors présenté les répercussions de la sécheresse grandissante et de la pénurie d’eau qui en résulte. Son exposé montre clairement que même si la Suisse n’a pas à craindre que son eau potable vienne à manquer, un risque élevé de conflits en période de sécheresse est prévisible pour ce qui est de l’irrigation des champs, de l’arrosage des jardins et de la disponibilité de l’eau d’extinction. Les cantons, villes et communes connaissent les mesures nécessaires et ils sont nombreux à les mettre en œuvre dès à présent.

Services intercommunaux de gestion des eaux et technologie

En Suisse, la gestion de l’eau est régie à l’échelle cantonale et souvent mise en œuvre par les communes. Afin de garantir la distribution dans les périodes de sécheresse, les regroupements sont tout indiqués. En cas de pénurie, les services intercommunaux de gestion des eaux ont l’avantage de pouvoir mieux partager les ressources disponibles et d’équilibrer plus efficacement le régime des eaux. Bernhard Gyger, directeur de la société Wasserverbund Region Bern AG, connaît parfaitement les particularités juridiques et politiques de la Suisse. Dans son exposé, il a expliqué les opportunités qu’offraient les regroupements, mais aussi les résistances que de tels projets entraînent au niveau politique et au sein de la population. Il est clair que les regroupements ont des avantages indiscutables, mais le chemin à emprunter est semé d’embuches et nécessite du temps. Pour le dernier exposé, Maurizio Pedrazzini, Business Development Manager dans l’entreprise vonRoll, a présenté des innovations technologiques permettant aux distributeurs d’éviter les pertes d’eau potable durant son transport. Il s’agit d’appareils acoustiques capables de localiser les fuites dans les conduites d’eau potable avec une très grande précision. Une localisation précise permet aux distributeurs d’accéder exactement à l’endroit concerné sans avoir à remplacer un tronçon entier de conduite.

Table ronde en clĂ´ture

Pour parachever ce congrès, la conseillère aux États Marina Carobbio, Lauren Cook, Bernhard Gyger, Martin Bossard (responsable politique chez Bio Suisse) et Olivier Chaix (conseiller spécialisé en gestion des eaux chez Integralia SA) ont échangé sous la conduite de Sharon Bernardi, journaliste chez RSI sur le thème «Ressources d’eau: premier arrivé, premier servi ou priorité politique». La discussion a abordé la manière de désamorcer les conflits d’intérêts qui se dessinent entre l’agriculture, l’environnement, la société, l’industrie et la politique dans un contexte de disponibilité limitée de la ressource eau. La conclusion est sans appel: la sphère politique doit accorder une priorité accrue à la thématique de la gestion de l’eau, qu’il s’agisse de sa disponibilité ou de sa qualité.  Mais la politique n’est pas la seule à devoir agir. Il faut dès à présent encourager activement le dialogue entre le secteur de la gestion de l’eau, de l’agriculture et de l’industrie à propos des mesures et compromis possibles.

Des événements tels que le congrès sur l’eau Acqua360 représentent justement des plateformes idéales pour initier le dialogue entre les différentes parties prenantes. Cette année encore, le congrès a contribué à rendre possible l’échange au-delà des limites de la branche. Dans leurs commentaires, les participants et participantes se sont montrés satisfaits et ont non seulement tiré parti du congrès pour discuter des solutions à apporter aux défis à venir, mais ils ont aussi noué des contacts précieux. Nous en profitons pour remercier tous les participants et toutes les participantes, et en particulier les intervenants et intervenantes pour leurs exposés intéressants et pour les échanges passionnants.

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