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23. décembre 2024

Prise de position loi sur l'agriculture

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En septembre 2024, la procédure de consultation relative à la modification de la loi sur l'agriculture en lien avec l'initiative parlementaire « Une protection des plantes moderne, c'est possible » a été lancée. Dans ce cadre, les produits phytosanitaires pourront être repris de l'UE pratiquement sans être soumis à des contrôles. Il s'agit maintenant de protéger l'approvisionnement public en eau ainsi que les consommateurs contre la pollution des eaux souterraines.
Rolf Meier 

L'initiative parlementaire « Une protection des plantes moderne, c'est possible », avec les adaptations proposées dans la loi sur l'agriculture, fait suite à la consultation sur l'adaptation de l'ordonnance sur les produits phytosanitaires, qui s'est terminée le 29 mars 2024. Sur le fond, les deux objets poursuivent les mêmes objectifs - à savoir la reprise simplifiée des décisions de l'UE en matière d'homologation des produits phytosanitaires et des substances actives. L'initiative parlementaire prévoirait des simplifications supplémentaires lors de la reprise des décisions d'homologation de produits phytosanitaires par l'UE et conduirait, comme l'adaptation de l'ordonnance sur les produits phytosanitaires proposée et mise en consultation au printemps, à un contrôle fortement réduit par les autorités suisses. Dans le cadre de cette reprise simplifiée des décisions d'autorisation des produits phytosanitaires, seuls les risques dans des domaines particulièrement protégés - comme l'eau potable - seraient encore examinés. Les effets, par exemple sur la microbiologie et la faune stygologique participant à la capacité d'épuration du sous-sol, ne seraient pas suffisamment pris en compte, ce qui pourrait à son tour entraîner des conséquences très négatives sur la qualité des eaux souterraines.

Risques et conséquences spécifiques régionaux ignorés

Une autorisation simplifiée comporte le risque que des produits phytosanitaires soient utilisés dans des régions de Suisse sans que les risques spécifiques à la région et les conséquences pour les régions concernées aient été préalablement clarifiés de manière adéquate.  La procédure proposée par le projet pour la reprise des autorisations de produits phytosanitaires délivrées par l'UE semble comporter des risques considérables, en particulier pour le Plateau suisse.

Le Plateau serait doublement menacé par l'autorisation simplifiée : d'une part, parce qu'aucune aire d'alimentation n'y est encore désignée (comme dans la plus grande partie de la Suisse) et que la protection préventive des ressources en cas de captage d'eau potable est donc encore insuffisante.

D'autre part, cette région fait l'objet d'une exploitation agricole intensive, elle est densément peuplée et le sous-sol est en outre utilisé pratiquement sur toute sa surface pour l'approvisionnement en eau potable, en eau industrielle et en eau d'extinction. Il faut s'attendre à ce que le risque - calculé comme le produit de la probabilité d'occurrence multipliée par l'ampleur des dommages - d'une future pollution des eaux souterraines par des produits phytosanitaires soit très élevé. La reprise simplifiée ou pratiquement non vérifiée des autorisations pour les produits phytosanitaires ne tient donc aucunement compte de la situation de risque spécifique en Suisse.

Les craintes sont loin d'être infondées !

L'étude NAQUA du 18 novembre 2024 sur la situation de la pollution par l’acide trifluoroacétique, qui parvient majoritairement dans le sol via les produits phytosanitaires, montre que la protection préventive des ressources en eau souterraine est effectivement encore insuffisante et que les risques liés aux produits phytosanitaires pour l'approvisionnement en eau potable ne sont pas pris au sérieux. C'est précisément sur les surfaces agricoles intensives que l'on a constaté des pollutions significativement plus élevées, dépassant nettement les valeurs maximales de 0,1 microgramme par litre. Ces résultats montrent clairement qu'une meilleure protection des ressources en eau potable s'impose rapidement.

Il faut désigner les aires d’alimentation !

Si SVGW salue la reprise directe des autorisations de substances actives de l'UE, elle exige que l'autorisation des produits phytosanitaires continue d'être examinée sérieusement par les autorités nationales, sans exception, afin de tenir compte des risques et des conditions cadres spécifiques à la Suisse. Le projet doit donc être rejeté dans son ensemble. Un assouplissement de cette pratique ne pourra être envisagé qu'après la désignation des aires d’alimentation et la mise en œuvre de la motion Zanetti 20.3625.

La désignation des aires d'alimentation peut présenter des avantages pour l'agriculture comme pour les distributeurs d'eau et correspond au principe de précaution tel qu'il est prévu aux articles 9 et 27 de la LEaux. Les zones d'alimentation permettent d'une part aux distributeurs d'eau de connaître la provenance de l'eau et de mettre en œuvre dans cette zone une gestion des risques conforme à la loi sur les denrées alimentaires ainsi que la protection préventive des ressources selon la LEaux, sans qu'il en résulte des restrictions substantielles pour l'agriculture. D'autre part, partout où il n'est pas nécessaire de prévoir des zones d'alimentation en raison de l'utilisation d'eau potable, les intérêts de la production de produits agricoles peuvent être davantage pondérés. Il serait envisageable que dans de telles zones, les produits phytosanitaires autorisés par l'UE puissent être utilisés sans examen supplémentaire par les autorités suisses.

La consultation sur l'adaptation de la loi sur l'agriculture s’est déroulée jusqu'au 9 décembre 2024. Le secteur de l'eau de l’administration SVGW a déjà donné son avis en étroite concertation avec la branche et a ainsi défendu les intérêts légitimes des distributeurs d’eau potable.

Contact : Rolf Meier, r.meier@svgw.ch ou 044 288 3367.

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