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15. juillet 2024

Résidus de pesticides dans l'eau potable

Réunion de printemps EurEau EU1 - Gestion des métabolites de pesticides

Le comité EU1 pour l’eau potable d'EurEau s'est réuni les 13 et 14 juin à La Haye pour sa réunion de printemps. Outre l'échange d'informations générales sur l'eau potable, les discussions ont surtout porté sur les différentes classifications de pertinence des métabolites de pesticides dans les différents pays et sur la manière de les traiter.
Martin Bärtschi 

Les pesticides et leurs produits de dégradation (métabolites) détectés dans les eaux souterraines sont une préoccupation pour tous les distributeurs d'eau en Europe. Les règles plus strictes concernant l'utilisation des pesticides, mises en place dans le cadre du Green Deal de l'UE, ont entre-temps été suspendues sous la pression du lobby agricole ou sont devenues tellement peu contraignantes qu'elles ne peuvent pas avoir d'effet positif sur la qualité des eaux souterraines en ce qui concerne la pollution par les résidus de pesticides. Dans ce contexte exigeant, les distributeurs d'eau doivent assurer la qualité de l'eau potable et garantir l'absence de métabolites de pesticides à des concentrations inquiétantes dans l'eau potable distribuée.

La classification de pertinence varie d'un pays Ă  l'autre

Les concentrations considérées comme préoccupantes ou la valeur maximale d'un métabolite de pesticide sont déterminées par la classification de pertinence du métabolite. Les métabolites sont classés comme pertinents en raison de leur génotoxicité accrue, de leur activité biologique ou du risque toxicologique qu'ils représentent. Une valeur maximale de 0,1 µg/l s'applique aux métabolites pertinents. Si les données sont insuffisantes, la décision est prise selon le principe de précaution, par exemple sur la base des propriétés de la substance mère. La classification est effectuée indépendamment dans tous les pays, mais sur la base du même guide de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). La Suisse utilise également ce guide.

La comparaison directe entre les pays montre que les métabolites ont été classés différemment d'un pays à l'autre, car le guide laisse une certaine marge de manœuvre. Cela signifie qu'une eau contaminée de la même manière peut être considérée comme propre à la consommation dans un pays et pas dans un autre. Du point de vue des consommateurs, une harmonisation au sein de l'Europe serait souhaitable, car il est difficile de comprendre que le danger représenté par un résidu de pesticide dans l'eau potable change à la frontière d'un pays.

D'une part, les membres d'EurEau souhaitent une harmonisation au sein de l'Europe. Mais d'un autre côté, des voix critiques s'élèvent, craignant qu'en cas d'uniformisation, l'harmonisation ne se fasse que sur la base de la valeur applicable la plus stricte. Par conséquent, dans toute l’Europe, beaucoup plus de métabolites seraient considérés comme pertinents, ce qui aurait pour conséquence que les valeurs maximales les plus strictes seraient dépassées plus fréquemment. Cela obligerait les distributeurs d'eau à traiter davantage l'eau potable, ce qui n'est pas judicieux du point de vue énergétique et de la protection du climat. Comme les valeurs maximales sont fixées à un niveau très bas en vertu du principe de précaution, il n'y a pas non plus de risque aigu pour les consommateurs en cas de dépassement de ces valeurs.

S'attaquer à l'avenir à la source des résidus

Par le passé, il est arrivé à plusieurs reprises dans l'UE et en Suisse que la protection de la santé des consommateurs ne soit pas suffisamment prise en compte lors de la mise en œuvre de la protection des ressources. Il arrive ainsi régulièrement que des résidus de pesticides soient détectés dans les eaux souterraines et l'eau potable à des concentrations inquiétantes, parce que la protection préventive des ressources avait échoué. Dans ce cas, l'autorisation de mise sur le marché du produit responsable est retirée.

Cette approche réactive n'est toutefois pas appropriée pour garantir durablement l'approvisionnement en eau potable. À l'avenir, il faudrait plutôt s'attaquer au produit de base : Un pesticide qui entraîne la présence de métabolites à des concentrations supérieures à 0,1 μg/l dans les eaux souterraines ne devrait même pas être autorisé. Indépendamment du fait que les métabolites soient classés comme pertinents ou non pertinents au moment de l'autorisation. C'est la seule façon de garantir qu'en cas de modification des données conduisant à une réévaluation des métabolites, il n'y ait pas ultérieurement de problèmes généralisés dans l'approvisionnement en eau. Le principe de précaution devrait donc être appliqué une étape plus tôt, lors de l'évaluation des pesticides, et non pas seulement pour évaluer les métabolites dans l'eau potable.

EurEau demande une évaluation harmonisée des métabolites basée sur les risques

En ce qui concerne les métabolites déjà détectables dans les eaux souterraines, EurEau s'engage en faveur d'une évaluation harmonisée et basée sur les risques, qui se fonde sur des études toxicologiques et assure ainsi la protection des consommateurs. Si nécessaire, il faut combler le plus rapidement possible le manque de connaissances pour l'évaluation des métabolites basée sur les risques et les métabolites concernés doivent être réévalués. Cela permettra d'éviter une augmentation du traitement de l'eau potable, qui nécessite des ressources importantes, sans bénéfice supplémentaire pour la santé des consommateurs.

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