Plateforme pour l’eau, le gaz et la chaleur
Le changement climatique se fait sentir aussi en Suisse. Les sécheresses prononcées qui perdurent après l’été et le recul des glaciers affectent fortement les ressources en eau en de nombreux endroits, entraînant des pénuries d’eau locales. Ce phénomène devient un défi majeur pour la gestion des eaux, même dans le château d’eau de l’Europe. Le congrès de cette année était donc consacré à ce sujet d’une actualité brûlante.
Les effets de la raréfaction de l’eau en Suisse sont complexes. L’agriculture dépend fortement d’un approvisionnement en eau suffisant. Des niveaux plus bas dans les fleuves et les lacs peuvent restreindre l’irrigation des champs et menacer la production alimentaire. La pénurie d’eau a en outre des répercussions sur la production d’énergie, notamment sur l’hydroélectricité, qui joue un rôle prépondérant dans le paysage énergétique suisse. Dernier point et non des moindres, l’eau est également la ressource de la plus importante des denrées alimentaires, à savoir l’eau potable.
Après le message de bienvenue prononcé par le conseiller d’État du canton du Tessin Claudio Zali et l’introduction au programme de la journée par Raffaele Domeniconi, responsable SVGW et VSA Suisse italienne, le professeur Martin Grambow, sous-directeur du Ministère bavarois de l’Environnement et de la Protection des consommateurs, a montré comment la stratégie «Avenir de l’eau en Bavière 2050» répond aux conséquences des modifications anthropiques du régime hydrologique. Avant la pause de midi, le biologiste Alberto Conelli d’Oikos Consulenza a présenté les liens entre régulation du niveau d’eau du Lac Majeur et pénurie d’eau du point de vue de la nature.
L’après-midi a été ouvert par Theodora Cohen Liechti, ingénieure spécialiste de l’assainissement auprès du Canton de Genève, avec un exposé sur les interactions entre la gestion des eaux urbaines et les cours d’eau par temps sec. Marie Arnoux, spécialiste en hydrogéologie au Centre de recherche sur l’environnement alpin a ensuite montré l’importance des données dans les projets hydrogéologiques dans le contexte de la sécheresse, tandis que Carlo Scapozza, directeur de la Division Hydrologie de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), a présenté le nouveau système national de détection précoce et d’alerte en cas de sécheresse. Avant que Michele Broggini ne conclue cette série d’exposés avec la présentation du projet de masterplan de SVGW pour la gestion de la sécheresse dans le cadre de l’approvisionnement en eau, Mario Hübner, responsable Ingénierie système chez WILO AG, a présenté sa solution pour des stations de pompage d’eau potable et d’eaux usées résilientes en période de sécheresse.
Les participants à la table ronde, modérée par Sharon Bernardi, journaliste chez RSI, étaient Greta Gysin, conseillère nationale des Verts, Michele Broggini, président SVGW, Christian Hofer, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), Thomas Egger, directeur du Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) et Claudio Zali, conseiller d’État du canton du Tessin. Le point de départ du débat était la thèse selon laquelle la Suisse s’assèche. La discussion a porté sur la question de savoir dans quelle mesure la Confédération devait soutenir les cantons, voire prendre les choses en main.
Tous les participants à la table ronde se sont accordés sur la nécessité de réduire la consommation d’eau dans le contexte du changement climatique, l’eau n'étant pas une ressource illimitée. Les économies de consommation sont possibles notamment dans le secteur agricole. Christian Hofer explique que l’eau doit être maintenue dans le sol. Des infrastructures adaptées, l’irrigation au goutte-à -goutte ou encore la récupération de l’eau dans les serres pourraient être envisagées dans l'agriculture. Parallèlement, il est nécessaire de disposer de meilleures données afin que les agriculteurs puissent mieux se préparer à une période de sécheresse. Afin d’améliorer les données, les différents offices fédéraux doivent établir un suivi suprarégional en collaboration avec les cantons, ce qui permettrait de mieux évaluer les besoins en eau. Greta Gysin fait remarquer qu’un changement de mentalité est nécessaire chez tous les acteurs. Elle est également d’avis qu’il faut avoir une meilleure vue d’ensemble, mais aussi une mentalité qui s’adapte à l’offre. Elle ajoute que la situation change de manière dramatique et nécessite des solutions qui ne soient pas uniquement de type «gestion de crise». Thomas Egger fait également observer que la gestion des eaux doit être entièrement repensée. Il faut une gestion des bassins versants dans laquelle tous les acteurs trouvent des solutions ensemble (tourisme, agriculture, distributeurs d’eau, etc.).
En outre, un changement de mentalité est nécessaire dans l’agriculture pour adopter des méthodes d’irrigation sobres en eau. Il existe certes des subventions fédérales à cet effet, mais elles ne sont guère utilisées par l’agriculture. M. Egger estime que les compétences en matière de gestion des eaux sont clairement du ressort des cantons, mais il souhaite un soutien plus important de la part de la Confédération. Si le transfert de compétences à la Confédération a été diversement apprécié par les participants, tous s’accordent à dire qu’une collaboration plus étroite entre les cantons est nécessaire, ce qui aboutira à une meilleure coordination et à une stratégie commune permettant de relever les défis à venir.
Tous les deux ans, SVGW et la VSA organisent conjointement le congrès sur l’eau Acqua360 à Lugano. L’édition de cette année, qui s’est de nouveau tenue au Palais des Congrès, a attiré de nombreux spécialistes, hommes et femmes politiques, autorités, journalistes et personnes intéressées.
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