2018, 2015 et 2003: en Suisse comme en Europe, les années chaudes et très sèches se succèdent à des intervalles de plus en plus courts. La chaleur entraîne une température de l’eau plus élevée et intensifie la fonte des glaciers dans les hautes Alpes. En outre, le niveau des cours d’eau, des fleuves et des lacs est souvent très bas. Les conséquences écologiques, mais également pour les divers aspects de la consommation d’eau, se font fortement sentir.
Au printemps 2019, la situation n’était pas meilleure qu’en 2018: les mois de février et mars ont été généralement trop secs pour la saison. De plus, les précipitations sont encore souvent tombées sous forme de neige jusqu’à début mai et n’ont (pour l’instant) pas encore atteint les écoulements. En revanche, les températures de l’air supérieures à la moyenne de la fin du mois de mars à moyenne altitude ont aussi initié la fonte des neiges.
La pluviosité inférieure à la moyenne entre janvier et mars 2019 a entraîné la baisse continue du niveau de nombreuses eaux souterraines. «Et la tendance négative n’est pas prête de s’inverser en cas de sécheresse persistante», explique un représentant de l’Office fédéral de l’environnement. La situation en Allemagne est identique à celle de la Suisse: là aussi, les plaintes émanant surtout de l’agriculture et de la sylviculture s’élèvent à propos des sols asséchés pour les cultures ou des conifères touchés par le bostryche dans les forêts.
L’été sera-t-il donc aussi chaud et sec qu’en 2018? Les distributeurs d’eau vont-ils devoir prendre leurs dispositions pour une gestion plus économe de leur précieux produit? «La pénurie d’eau n’était guère un problème durant une longue période en Suisse», explique Matthias Freiburghaus, qui établit la Statistique Eau de la SSIGE chaque année. «Ce n’est que lorsque la chaleur et les périodes de sécheresse se sont faites de plus en plus sentir ces deux dernières décennies que nous avons commencé à nous en soucier: pour le moment, la pénurie en eau reste cependant locale et temporaire.» Mais si les années pauvres en précipitations persistent, il est possible que les faibles niveaux des eaux souterraines et des débits de sources évoluent davantage vers une situation permanente, même si ce phénomène ne se fait pas encore ressentir dans l’ensemble de la Suisse. C’est ainsi que l’été dernier, les habitants de certains secteurs du canton de Zurich pouvaient encore ouvrir leur robinet selon l’envie alors que dans d’autres régions, l’eau était rationnée ou les distributeurs d’eau appelaient à l’économiser.
«En tant que stratégie de lutte contre ce phénomène, l’interconnexion des distributeurs d’eau passe au premier plan», poursuit Mathias Freiburghaus. Mais à son avis, même cette stratégie n’apporte souvent qu’une sécurité supplémentaire limitée, à moins que le distributeur se connecte à un aquifère plus puissant ou à une station de traitement des eaux d’un lac. Le fait que l’approvisionnement en eau repose sur plusieurs piliers ou sources représente toutefois souvent une grande aide.
Voici pourquoi un nombre grandissant de distributeurs d’eau réfléchissent à la possibilité d’une large interconnexion. C’est par exemple le cas dans la région de Lucerne, où l’Aquaregio Wasser Sursee-Mittelland a vu le jour en 2018. En Suisse romande aussi, une forte alliance en périodes de sécheresse est un sujet central au sud-ouest de lac Léman: voilà pourquoi durant l’été 2018, les communes valaisannes des Evouettes, de Vionnaz et de Collonges ont appelé la population à économiser l’eau et ont souhaité s’interconnecter davantage à l’avenir par le biais de nouvelles conduites.
Lorsqu’un distributeur appelle à réaliser des économies d’eau en période chaude et sèche, il attend également que la population et les commerces agissent. Pour Matthias Freiburghaus, l’expérience montre que la consommation d’eau souterraine d’une commune diminue d’environ 10 à 20%, selon la structure des consommateurs, suite à un appel à faire des économies. Mais durant les périodes de sécheresse, les économies dans les ménages et le besoin accru pour l’arrosage peuvent malheureusement se compenser.
Selon André Olschewski, responsable du secteur Eau de la SSIGE, une chose est claire: «En Suisse, la sécurité de l’approvisionnement est en principe très élevée!» Si la tendance à des périodes de sécheresse accrues et à des années pauvres en précipitations se poursuit, la pénurie en eau potable sera cependant «un sujet sérieux» pour un nombre toujours plus grand de communes. Et de poursuivre qu’il est important d’utiliser l’eau potable respectueusement et consciencieusement.
Cela signifie avant tout se soucier de la qualité de l’eau, c’est-à -dire protéger les ressources et ne pas polluer ni gaspiller inutilement l’eau. Les économies pèsent particulièrement lourd dans le cas de l’eau chaude. Toutefois, nombreux sont ceux qui se sont efforcés d’économiser là où c’était possible. Dans le domaine des coûts de l’eau, ces économies fonctionnent jusqu’à présent uniquement chez les propriétaires de logements, puisque dans les immeubles locatifs, les frais sont généralement répartis entre locataires selon un tarif déterminé. Comme la facture d’eau doit être équilibrée, une consommation plus consciencieuse de l’eau se traduira à moyen terme par une augmentation du prix au mètre cube, ce que de nombreux consommateurs ont de la peine à comprendre.
L’un des défis à relever consiste néanmoins à maintenir la qualité élevée de l’eau potable pour les générations futures. Dans ce contexte, l’utilisation respectueuse de l’eau a également une valeur pédagogique: «Du fait de sa quotidienneté, de sa vitalité et de son degré émotionnel, l’eau n’a pas son pareil pour illustrer et enseigner aux enfants l’utilisation consciencieuse des ressources», conclut André Olschewski.
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