On a récemment pu lire dans le Tages-Anzeiger que Markus Ritter, conseiller national du Centre et président de l’Union suisse des paysans, ne constatait aucune crise de la biodiversité. Selon lui, il y a davantage de cigognes, milans royaux, lynx, castors, loups et abeilles depuis les 30 dernières années. En revanche, l’Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) fait observer que un tiers des espèces et près de la moitié des milieux en Suisse sont en danger. Il est légitime que l’Union des paysans se prononce contre l’augmentation des surfaces écologiques sur les espaces agricoles comme solution à la crise de la biodiversité. Cela devient dangereux lorsque ce rejet est justifié par une contestation pure et simple de la menace qui pèse sur la biodiversité, à l’encontre des preuves basées sur les faits. Tandis que du côté des représentants et représentantes du monde paysan au Parlement, on fait volontiers remarquer que les opposants à l’économie agricole n’ont aucune idée du sujet et ne sont pas non plus compétents pour proposer du contenu, on fait passer dans le même temps la perception personnelle avant l’analyse scientifique lors de l’évaluation de la biodiversité.
Qu’il s’agisse du changement climatique ou de la pandémie de coronavirus: la perception personnelle ou les opinions propres priment de plus en plus sur les connaissances scientifiques. Nous vivons manifestement dans une ère post-factuelle dans laquelle les informations et les arguments ne sont acceptés que s’ils correspondent aux convictions, sentiments ou intérêts existants. Il est préoccupant que même les parlementaires ne débattent pas de solutions sur la base de faits, qu’ils et elles orientent leurs décisions uniquement pour protéger des intérêts particuliers et qu’ils et elles utilisent leur perception personnelle pour appuyer leur argumentation. Cela rend tout dialogue et donc toute recherche de solution impossibles. Nous avons pourtant des problèmes urgents à résoudre. Comment voulons-nous par exemple réduire la pollution des eaux souterraines par les nitrates et les résidus de pesticides si la responsabilité principale de l’agriculture en matière d’apports de substances étrangères dans les eaux souterraines est fondamentalement mise en doute, alors que les données disponibles sont éloquentes? Comment développer des solutions au changement climatique lorsqu’un côté nie le changement climatique en allant à l’encontre de la majorité écrasante des découvertes scientifiques? Si des faits avérés sont fondamentalement remis en question, comment voulons-nous résoudre les véritables problèmes?
En matière d’eau potable, la SVGW dispose de l’expertise et des connaissances techniques pour développer des solutions qui s’appuient sur les faits. En tant qu’association professionnelle, nous encourageons le dialogue. La condition préalable à une discussion est cependant d’accepter les faits, même ceux qui sont inconfortables ou qui contredisent une perception personnelle.
Entretien avec le conseiller national Markus Ritter
Lien: Émission «10 vor 10» du 11 juin 2024
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