L'énergie géothermique est une source d'énergie renouvelable qui n'émet pas de gaz à effet de serre si elle est utilisée correctement. Dans le domaine du chauffage des bâtiments en particulier, l'énergie géothermique a le potentiel de réduire la part des combustibles fossiles et de lutter ainsi contre le changement climatique. La décarbonisation du secteur de l'énergie est importante et juste pour atténuer les conséquences du changement climatique. En même temps, elle ne doit pas créer de nouveaux problèmes. Les installations géothermiques peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2 en Suisse, mais elles présentent également des risques pour les eaux souterraines et peuvent affecter la qualité de notre principale ressource en eau potable. Les installations visant à exploiter la chaleur des eaux souterraines sont problématiques pour l'approvisionnement en eau potable lorsqu'elles sont exploitées dans l’aire d'alimentation d'un captage, car elles peuvent provoquer des modifications chimiques, physiques ou même microbiologiques de l'eau souterraine. Par exemple, des eaux météoriques, des lubrifiants et des carburants peuvent être introduits pendant le forage.
C'est toutefois la modification de la température de la nappe phréatique qui a le plus d'influence. En Suisse, la température des eaux souterraines ne doit certes pas être modifiées de plus de 3 °C dans un rayon de 100 mètres. Toutefois, cette «règle des trois degrés» devrait être assouplie afin de permettre des modifications de température plus importants. Le problème est que les eaux souterraines offrent un habitat à différents micro-organismes et petits animaux. Ces animaux - appelés stygofaune - aiment le froid et ne survivent qu'à de faibles écarts par rapport à leur température idéale. On sait encore peu de choses sur cette biocénose, si ce n'est qu'elle est responsable de la purification des eaux souterraines. Si la stygofaune meurt, il faut partir du principe que l'effet de filtrage disparaît et que l'eau souterraine perd sa haute qualité. Parallèlement, l'efficacité d'une pompe à chaleur augmente lorsque la différence de température est la plus faible possible. Il est donc intéressant d'utiliser le sous-sol comme réservoir de chaleur. En été, le sous-sol est réchauffé en utilisant l'installation pour le refroidissement. La chaleur ainsi stockée peut ensuite être récupérée en hiver. Un tel stockage de chaleur est particulièrement efficace lorsqu'il s'effectue dans la nappe phréatique, ce qui a toutefois de grandes répercussions sur la stygofaune lorsque la température descend en dessous de 6 °C ou monte au-dessus de 16 °C. Il s'agit là d'un nouveau conflit d'usage avec le captage d'eau potable, qui n'a pas encore été suffisamment pris en compte jusqu'à présent.
Pour minimiser les conflits, il est nécessaire de planifier et d'évaluer soigneusement les projets géothermiques afin d'identifier les impacts potentiels sur l'approvisionnement en eau potable et de prendre les mesures appropriées pour réduire les risques. Dans l’aire d'alimentation, la «règle des trois degrés» actuellement en vigueur garde tout son sens pour la protection de la stygofaune. En dehors de l’aire d'alimentation, il est possible, sous certaines conditions, d'utiliser la capacité de stockage entre 6 °C et 16 °C sans prendre de grands risques pour l'approvisionnement en eau potable. Outre l'étroite collaboration entre les parties concernées, y compris l'industrie géothermique, les autorités de régulation et les représentants de l'industrie de l'eau potable, la politique est également appelée à définir le cadre réglementaire de manière à minimiser les risques. En outre, un contrôle étroit par les autorités d’exécution est nécessaire afin de pouvoir réagir à temps en cas de fuites, d'apports ou de variations de température trop importantes. Il serait négligent de sacrifier la qualité des eaux souterraines au développement de la géothermie et de mettre ainsi en péril l'approvisionnement de la population en eau potable.
Avec l'abonnement en ligne, lisez le E-paper «AQUA & GAS» sur l'ordinateur, au téléphone et sur la tablette.
Avec l'abonnement en ligne, lisez le E-paper «Wasserspiegel» sur l'ordinateur, au téléphone et sur la tablette.
Kommentare (0)