Les substances per- et polyfluorĂ©es, aussi dĂ©nommĂ©es PFAS, ont connu un intĂ©rĂȘt croissant pour les distributeurs dâeau au cours des derniĂšres annĂ©es. Cette classe regroupe un large Ă©ventail de substances, environ 15 000, aux caractĂ©ristiques trĂšs prisĂ©es dans de nombreux domaines. Ce sont des substances synthĂ©tiques à la fois hydrophobes et lipophobes avec une grande rĂ©sistance chimique et thermique. GrĂące Ă leurs propriĂ©tĂ©s, les PFAS sont utilisĂ©s dans le revĂȘtement des ustensiles de cuisine (casseroles, poĂȘles, etc.), dans les vĂȘtements impermĂ©ables, dans le maquillage, dans les mĂ©dicaments et les ustensiles mĂ©dicaux (fig. 1). Ceci nâĂ©tant pas une liste exhaustive, on peut, en rĂ©sumĂ©, trouver ces substances dans tous les objets du quotidien. Les sources de contamination dans lâenvironnement sont diverses (fig. 2).
La principale source de contamination provient de lâutilisation des mousses anti-incendie, largement rĂ©pandues lors dâexercices ou dâinterventions sur des incendies rĂ©els. Cette source est particuliĂšrement importante en raison des vastes surfaces sur lesquelles les mousses sont appliquĂ©es. Les PFAS vont ainsi migrer dans les sols et contaminer la terre et lâeau souterraine, cette contamination pourrait ensuite sâĂ©tendre aux eaux de surface. Depuis plusieurs annĂ©es, les Ă©tudes toxicologiques ont montrĂ© que plusieurs problĂšmes de santĂ©s peuvent survenir suite Ă une exposition aux PFAS. Cette derniĂšre est suspectĂ©e dâĂȘtre associĂ©e au cancer des reins, au cancer des testicules, Ă lâaugmentation du taux de cholestĂ©rol, Ă des troubles de la thyroĂŻde, Ă un affaiblissement du systĂšme immunitaire ainsi quâĂ diverses complications pour les foetus [2]. Il est toutefois important de noter quâune grande partie des études repose sur des expositions aiguĂ«s, tandis que peu dâentre elles fournissent des conclusions prĂ©cises concernant une exposition prolongĂ©e Ă des concentrations modĂ©rĂ©es. De plus, les Ă©tudes portent gĂ©nĂ©ralement sur lâexposition Ă certains PFAS en particulier et pas sur le mĂ©lange de ces diffĂ©rentes substances. Par consĂ©quent, il est possible que la liste des pathologies associĂ©es Ă la toxicitĂ© des PFAS évolue au cours des prochaines annĂ©es. En Suisse, lâOPBD (Ordonnance sur lâeau potable et lâeau des installations de baignade et de douches accessibles au public; [3]) dĂ©finit des valeurs maximales pour trois substances, le PFOS, le PFOA et le PFHxS, dans l'eau potable comme suit:
La norme suisse est loin des rĂ©glementations appliquĂ©es par les autres pays du monde, en particulier celles des pays europĂ©ens. Il est prĂ©vu dâadapter lâOPBD Ă cet Ă©gard en 2026 [4]. Bien que les dĂ©tails quâelle comportera ne soient pas encore connus, une uniformisation avec la rĂ©glementation europĂ©enne est
possible.
La rĂ©glementation europĂ©enne des PFAS dans lâeau potable (Directive europĂ©enne sur lâeau potable [5] et EN 17892:2024 [6]) portant sur lâanalyse ciblĂ©e impose la valeur suivante: < 100 ng/l pour la somme de 20 PFAS. Les 20 PFAS considĂ©rĂ©s sont listĂ©s dans le tableau 1.
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Abréviation | Nombre de carbones | Nom complet (en anglais) |
PFBA | 4 | Perfluorobutanoic acid |
PFBS | 4 | Perfluorobutanesulfonic acid |
PFPeA | 5 | Perfluoropentanoic acid |
PFPeS | 5 | Perfluoropentanesulfonic acid |
PFHxA | 6 | Perfluorohexanoic acid |
PFHxS | 6 | Perfluorohexanesulfonic acid |
PFHpA | 7 | Perfluoroheptanoic acid |
PFHpS | 7 | Perfluoroheptanesulfonic acid |
PFOA | 8 | Perfluorooctanoic acid |
PFOS | 8 | Perfluorooctanesulfonic acid |
PFNA | 9 | Perfluorononanoic acid |
PFNS | 9 | Perfluorononanesulfonic acid |
PFDA | 10 | Perfluorodecanoic acid |
PFDS | 10 | Perfluorodecanesulfonic acid |
PFUnDA | 11 | Perfluoroundecanoic acid |
PFUnDS | 11 | Perfluoroundecanesulfonic acid |
PFDoDA | 12 | Perfluorododecanoic acid |
PFDoDS | 12 | Perfluorododecanesulfonic acid |
PFTrDA | 13 | Perfluorotridecanoic acid |
PFTrDS | 13 | Perfluorotridecanesulfonic acid |
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Une valeur maximale de 500 ng/l pour le total des PFAS est Ă©galement prĂ©vue par la Directive europĂ©enne sur lâeau potable [5]. Cette mesure se base sur des mĂ©thodes analytiques diffĂ©rentes et qui ne seront pas discutĂ©es dans ce travail.Â
Selon les lignes directrices techniques relatives aux mĂ©thodes dâanalyse pour la surveillance des substances alkylĂ©es per- et polyfluorĂ©es (PFAS) dans les eaux destinĂ©es Ă la consommation humaine, la limite de quantification (LOQ) doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă 30% de la valeur maximale dĂ©crite dans la rĂ©glementation [7]. Dans le cas de la somme des 20 PFAS, il faut donc que la somme des LOQ de chaque composĂ© soit infĂ©rieure à 30 ng/l. Ceci correspond en moyenne à une LOQ maximale de 1,5 ng/l pour chaque substance. Ces restrictions sur les LOQ font de lâanalyse des PFAS un dĂ©fi analytique.
Cet article prĂ©sente les problĂšmes auxquels un distributeur dâeau fait face lors de la mise en place dâune mĂ©thode pour lâanalyse des PFAS par chromatographie
liquide couplĂ©e Ă la spectromĂ©trie de masse en tandem (LC-MS/MS). De plus, le service de lâeau suit la prĂ©sence et la concentration de ces composĂ©s depuis 2019. Les rĂ©sultats obtenus depuis 2023 sont rĂ©sumĂ©s dans ce travail.
Afin dâabaisser la limite de quantification au maximum, la principale considĂ©ration lors de lâanalyse des PFAS est de rĂ©duire autant que possible la contamination tout au long du processus. Cet aspect est Ă Â prendre en compte dans toutes les Ă©tapes: le prĂ©lĂšvement, la prĂ©paration et lâanalyse des Ă©chantillons.
Pour les prĂ©lĂšvements, des tubes de 15 ml en polypropylĂšne sont utilisĂ©s. DiffĂ©rents modĂšles ont dĂ» ĂȘtre testĂ©s afin de choisir ceux qui nâapportaient pas de contamination.
Les échantillons sont ensuite stockés à  4 °C jusqu'à l'analyse. D'aprÚs notre expérience, la durée de stockage n'est pas un paramÚtre déterminant en raison de
la stabilitĂ© des PFAS.Â
Plusieurs mĂ©thodes existent pour lâanalyse des PFAS. La plupart se font par LC-MS/MS (liquid chromatography-tandem mass spectrometry) avec ou sans SPE (solid phase extraction) afin de concentrer les Ă©chantillons. Lâinjection directe prĂ©sente lâavantage de ne pas rajouter dâĂ©tape supplĂ©mentaire pouvant apporter des contaminations. Pour lâinjection directe, la prĂ©paration des Ă©chantillons est simplifiĂ©e.
Il est impĂ©ratif dâĂ©viter au maximum lâutilisation de verre et de privilĂ©gier les bĂ©chers en plastique (p. ex. polypropylĂšne, polyĂ©thylĂšne Ă haute densitĂ©) afin de limiter lâadsorption des PFAS au verre. Lâappareil analytique doit lui aussi comporter quelques modifications pour minimiser la contamination. En effet, les tubings en PTFE (polytĂ©trafluoroĂ©thylĂšne) ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s. La plupart des fournisseurs proposent des kits pour lâanalyse de PFAS par LC-MS/MS. Ces kits comprennent, entre autre, des tubings en PEEK (polyĂ©therĂ©thercĂ©tone) qui remplacent ceux en PTFE et Ă©galement une « isolator column ». Lâisolator column est une colonne, souvent de plus petite taille, qui intervient avant la colonne analytique afin de retenir la contamination propre au systĂšme.
Le premier enjeu porte sur la fiabilitĂ© des rĂ©sultats. En effet, comme la diversitĂ© des composĂ©s analysĂ©s est importante, il est normal quâil soit difficile de mettre en place une mĂ©thode convenant parfaitement Ă chaque substance. Souvent, les PFAS Ă longue chaĂźne posent plus de problĂšmes. Plus la chaĂźne est longue (PFNS, PFDA, PFDS, etc.), plus le composĂ© est difficile Ă analyser.
DĂ» aux vials de lâautosampler qui sont souvent en verre, lâadsorption des PFAS aux parois engendre une rĂ©ponse plus faible et une LOQ plus haute. De plus, comme la quantitĂ© adsorbĂ©e augmente avec le temps, deux injections Ă©cartĂ©es dans le temps au sein de la mĂȘme sĂ©quence dâanalyse peuvent donner des rĂ©sultats diffĂ©rents. Ce phĂ©nomĂšne se produit aussi avec des vials en polypropylĂšne mais dans une moindre mesure. Un autre aspect est que les PFAS Ă longues chaĂźnes sortent plus tard dans le chromatogramme et cela implique souvent une ligne de base avec un bruit de fond plus important. Une rĂ©ponse Ă ces diffĂ©rents aspects serait dâavoir plusieurs mĂ©thodes selon la taille des composĂ©s et de sĂ©parer les longues chaĂźnes des chaĂźnes courtes. Il est possible de diluer les Ă©chantillons dans du mĂ©thanol afin de rĂ©duire l'adsorption des PFAS. LâinconvĂ©nient de cette mĂ©thode est que la LOQ est plus Ă©levĂ©e dĂ» Ă la dilution, câest pourquoi il nâest peut-ĂȘtre pas avantageux de lâappliquer Ă tous les composĂ©s.
Dans l'idĂ©al, il faudrait dĂ©dier un appareil uniquement Ă l'analyse des PFAS afin de limiter les contaminations au sein de la machine. Cependant, cela n'est pas rĂ©alisable pour la plupart des laboratoires. Le fait de mĂ©langer plusieurs mĂ©thodes dâanalyse sur le mĂȘme appareil peut Ă©galement donner lieu Ă une baisse dans la qualitĂ© des rĂ©sultats pour lâanalyse de PFAS.
Dans le cas dâun appareil non dĂ©diĂ©, une stratĂ©gie possible est de dĂ©dier des lignes dâĂ©luants et un emplacement de colonne Ă lâanalyse des PFAS uniquement. Ătant donnĂ© que certaines sections de lâappareil sont nĂ©cessairement partagĂ©es avec les autres mĂ©thodes, il convient de nettoyer au maximum lâappareil avant lâanalyse de PFAS.
En raison des trĂšs faibles concentrations analysĂ©es, il est frĂ©quent que les lignes de base des chromatogrammes aient un bruit important. De plus, un problĂšme rĂ©current est la rĂ©solution des pics des diffĂ©rents isomĂšres des PFAS. En effet, certaines de ces substances montrent des pics dâintensitĂ© considĂ©rable pour leurs isomĂšres ramifiĂ©s (p. ex. le PFOS, le PFHxS ou le PFOA). Ces deux phĂ©nomĂšnes sont Ă prendre en compte lors du choix de la colonne analytique.
Sur la base des considĂ©rations exposĂ©es prĂ©cĂ©demment et de diffĂ©rents tests prĂ©liminaires, le laboratoire du service de lâeau de la ville de Lausanne utilise dĂ©sormais la mĂ©thode suivante pour dĂ©terminer le paramĂštre Somme de 20 PFAS (tab. 1, [5]) ainsi que 17 autres substances de la classe des PFAS: Analyse dâĂ©chantillons non diluĂ©s avec une colonne ACQUITY UPLCÂź CSHâą Phenyl-Hexyl 1,7 ÎŒm, 2,1 x 100 mm sur un appareil ACQUITY UPLC Class I & Xevo TQ Absolute de Waters (fig. 3) avec le kit PFAS.
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Le service de lâeau de la ville de Lausanneest le 3e distributeur dâeau potable en Suisse. Il est dotĂ© de plusieurs usines et stations de traitement qui sont approvisionnĂ©es par des eaux brutes diverses. En effet, ces usines sâalimentent en eaux de surface et en eaux souterraines. Deux lacs (lac LĂ©man et lac de Bret) et environ 100 sources sont exploitĂ©s. Cette eau potable est ensuite distribuĂ©e Ă la population au moyen de 920 km de conduites et dâenviron
40 cuves dâune capacitĂ© de stockage cumulĂ©e de 130 000 m3. Afin dâen assurer la qualitĂ©, environ 3500 Ă©chantillons sont prĂ©levĂ©s chaque annĂ©e sur lesquels
40 000 paramÚtres sont analysés.
Au service de lâeau de la ville de Lausanne, lâanalyse de PFAS a dĂ©butĂ© en 2019, avec seulement 3 substances Ă©tudiĂ©es, un
chiffre qui est passé à 37 en 2024. Les 20 substances normées (cf. tab. 1) dans la directive du parlement européen relative à  la qualité des eaux destinées à la consommation humaine [5] sont comprises dans les 37 substances analysées.
Les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s dans cet article ne se baseront que sur 16 substances parmi les 20 de la liste. Ceci est dĂ» Ă lâĂ©volution des substances analysĂ©es au fil du temps. Cependant, il est important de noter que les 4 substances manquantes sont le PFHpS, le PFUnDS, le PFDoDS, et le PFTrDS. Avec les rĂ©sultats obtenus par la suite pour ces 4 substances, il est possible de considĂ©rer que leurs concentrations sont nĂ©gligeables (elles ne sont normalement pas dĂ©tectĂ©es dans les matrices aqueuses). Il est donc possible de comparer la concentration obtenue pour 16 PFAS Ă la valeur maximale pour la somme des 20 substances (tab. 1) fixĂ©e par la directive europĂ©enne.
Deux usines de traitement de lâeau potable se trouvent au bord du lac LĂ©man: lâusine de Lutry et lâusine de St-Sulpice. à Lutry, 8 Ă©chantillons ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s
en entrĂ©e et en sortie dâusine entre mai 2023 et juin 2024, tandis quâĂ St-Sulpice, 7 Ă©chantillons ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s sur la mĂȘme pĂ©riode.Â
Pour les deux usines, lâeau brute contient sensiblement la mĂȘme charge de PFAS. Pour ce qui est des Ă©tapes de traitement, seuls des traitements destinĂ©s aux micropolluants ont manifestement un impact sur la concentration en PFAS. Une diminution est visible pour lâusine de Lutry. Ceci peut ĂȘtre attribuĂ© Ă la prĂ©sence dâune étape de traitement par charbon actif en poudre. Cette Ă©tape nâest pas prĂ©sente dans le circuit de traitement de lâusine de St-Sulpice. Bien quâune lĂ©gĂšre augmentation soit visible pour lâeau traitĂ©e Ă Â St-Sulpice, elle reste dans lâincertitude de mesure de la mĂ©thode analytique. Il est cependant possible que certains traitements relarguent une faible quantitĂ© de PFAS.
Pour les deux usines, la concentration de PFAS dans lâeau traitĂ©e est largement infĂ©rieure aux valeurs maximales prĂ©vues par la norme suisse et la norme europĂ©enne. En effet, une concentration infĂ©rieure Ă 10 ng/l est obtenue pour lâeau brute et lâeau traitĂ©e des deux usines.
Selon les Ă©tapes de traitement, des PFAS peuvent se former ou subir des modifications. En effet, il est commun dâobserver une transformation des substances polyfluorĂ©es en substances perfluorĂ©es dans des conditions dâoxydation. La composition de lâeau brute est quasiment identique entre Lutry et St-Sulpice. En effet, les PFAS prĂ©sentant les concentrations les plus importantes sont le PFOS, le PFBA et le PFHxS. Ensuite, comme les Ă©tapes de traitement diffĂšrent entre les deux usines, les concentrations des diffĂ©rents PFAS dans l'eau traitĂ©e varient. Les PFAS prĂ©sents dans lâeau brute restent prĂ©sents dans lâeau traitĂ©e mais parfois Ă des concentrations infĂ©rieures à celles dâautres substances. Ă Lutry, lâeau traitĂ©e contient majoritairement du PFHxA, du PFBA et du PFPeA, tandis quâĂ St-Sulpice, câest le PFOA, le PFOS et le PFHxA qui sont prĂ©sents dans les concentrations les plus importantes.
Le lac de Bret est un lac artificiel constituant une des principales ressources en eau pour la ville de Lausanne. Câest la seule alimentation en eau de lâusine de Bret. Respectivement 8 et 11 prĂ©lĂšvements dâeau brute et dâeau traitĂ©e ont Ă©tĂ©Â analysĂ©s entre mai 2023 et octobre 2024. Une diminution de presque 50% de la concentration en PFAS est visible. Cet effet peut ĂȘtre attribuĂ© Ă la prĂ©sence des diffĂ©rentes Ă©tapes de traitement (charbon actif en grains et ozonation). De plus, du point de vue de la concentration en PFAS, lâeau traitĂ©e sortant de lâusine de Bret est similaire Ă celle de lâusine de Lutry. En effet, les deux usines disposent âĂ©tapes de traitement au charbon.
Pour les deux types dâeau, les concentrations sont trĂšs faibles, bien infĂ©rieures aux normes suisses et europĂ©ennes. En moyenne, les concentrations obtenues sont infĂ©rieures Ă 10 ng/l pour les deux types dâeau. Lâeau brute contient majoritairement du PFOA, du PFBA et du PFHxA tandis que dans lâeau traitĂ©e, les concentrations les plus importantes sont celles du PFBA, du PFHxA et du PFPeA.
Lâusine de Sonzier sâalimente dâeaux souterraines. Ces sources se situent dans une rĂ©gion plutĂŽt montagneuse. Pour cette usine, respectivement 7 et 6 Ă©chantillons dâeau brute et dâeau traitĂ©e ont Ă©tĂ©Â prĂ©levĂ©s entre juin 2023 et juin 2024 afin dâanalyser leur charge en PFAS.
Il est clair que les concentrations de PFAS dans cette usine sont bien infĂ©rieures Ă Â celles analysĂ©es dans les 3 autres usines. Une trĂšs lĂ©gĂšre augmentation est visible pour lâeau traitĂ©e mais la diffĂ©rence est dans lâordre de grandeur de lâincertitude de mesure de la mĂ©thode analytique. La barre dâerreur est plus importante pour lâeau traitĂ©e, ceci peut ĂȘtre dĂ» Ă une contamination lors du prĂ©lĂšvement ou lors de lâanalyse dâun des 6 Ă©chantillons. De plus, il est normal de ne pas observer de baisse significative Ă©tant donnĂ© quâil nây a pas dâĂ©tape de traitement au charbon Ă lâusine de Sonzier. Le seul type de traitement pratiquĂ© dans cette usine est la filtration membranaire (ultrafiltration).
Lâeau brute contient majoritairement du PFHxA, du PFOA et du PFOS tandis que dans lâeau traitĂ©e, la concentration la plus importante est celle du PFOA, suivie par
le PFHxA.
Une investigation quant Ă la quantitĂ©Â de PFAS a Ă©tĂ© menĂ©e sur lâensemble des eaux souterraines appartenant au service de lâeau de la ville de Lausanne. Ces analyses concernaient 100 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s entre mai 2023 et septembre 2024. En moyenne, la somme des 16 PFAS Ă©tait de 1,99 ng/l (± 3,12 ng/l) sur lâensemble des sources. La concentration la plus élevĂ©e analysĂ©e dans cette pĂ©riode Ă©tait de 11,3 ng/l. Dans tous les cas, mĂȘme les valeurs les plus Ă©levĂ©es ne dĂ©passent pas les valeurs maximales des normes suisse et europĂ©enne.
La particularité de ces sources est la trÚs faible concentration de PFOS. Elles contiennent majoritairement du PFHxA, du PFOA et du PFBA.
Le service de lâeau de la ville de Lausanne possĂšde 22 rĂ©servoirs comportant chacun une ou plusieurs cuves alimentĂ©es par les diffĂ©rentes usines de traitement de lâeau potable.
Ces cuves contiennent lâeau qui est par la suite distribuĂ©e Ă la population via le rĂ©seau dâeau potable. Lâeau des diffĂ©rents rĂ©servoirs a Ă©tĂ© analysĂ©e entre juin 2023 et juin 2024. Au total, 132 Ă©chantillons ont Ă©tĂ© analysĂ©s.
Les concentrations sont largement infĂ©rieures aux valeurs limites prĂ©vues par la confĂ©dĂ©ration et par lâunion europĂ©enne. En moyenne, tous les rĂ©servoirs prĂ©sentent encore une fois des charges en PFAS infĂ©rieures Ă 10 ng/l (fig. 7).
Les proportions des PFAS prĂ©sents dans le rĂ©seau dâeau potable varient en fonction du mĂ©lange dâeaux de surface et dâeaux souterraines qui lâalimente. En moyenne, les rĂ©servoirs contiennent majoritairement du PFHxA, du PFBA et du PFPeA.
Afin dâĂ©tudier la rĂ©partition des concentrations des PFAS dans le lac LĂ©man, 13 Ă©chantillons ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©s sur diffĂ©rentes plages rĂ©parties le long du lac dans la rĂ©gion lausannoise lors dâune campagne durant lâĂ©tĂ© 2023. Ces rĂ©sultats peuvent ĂȘtre comparĂ©s avec les concentrations de PFAS dĂ©tectĂ©es dans lâeau brute des deux usines prĂ©sentes sur le lac LĂ©man (fig. 8). Il est clair que les concentrations obtenues sont similaires pour les 3 types dâĂ©chantillons. Cela montre que, dans la limite des tests effectuĂ©s, il nây a pas de diffĂ©rence significative liĂ©e Ă la profondeur ou Ă la localisation des points de prĂ©lĂšvement. En effet, les Ă©chantillons de plages sont prĂ©levĂ©s Ă la surface (entre 50 cm et 2 m), tandis que les eaux brutes des usines sont respectivement captĂ©es Ă Â 60 m et 50 m Ă Lutry et Ă St-Sulpice. De plus, lâusine de Lutry et celle de St-Sulpice sont sĂ©parĂ©es de plus de 11 km Ă vol dâoiseau.
Les compositions des 3 types dâĂ©chantillons prĂ©sentĂ©s ci-dessus (lâeau brute à Lutry, lâeau brute Ă St-Sulpice et lâeau des plages) sont trĂšs similaires. De faibles
variations sont toutefois prĂ©sentes. Elles peuvent ĂȘtre due Ă la diffĂ©rence dans les pĂ©riodes Ă©tudiĂ©es ainsi quâau nombre de rĂ©sultats accumulĂ©s (une seule campagne a Ă©tĂ© effectuĂ©e pour les Ă©chantillons provenant des plages). Il en rĂ©sulte que lâeau du lac contient majoritairement du PFOS, du PFBA, du PFHxA et du PFHxS.
Des Ă©chantillons dâeau usĂ©e provenant de la STEP de Vidy ont Ă©tĂ© analysĂ©s. Cette STEP ne dispose pas encore dâĂ©tape de traitement des micropolluants (concrĂ©tisĂ©e dans les annĂ©es Ă venir [8]). Les étapes de traitement actuelles ne permettent pas dâĂ©liminer les PFAS. Les prĂ©lĂšvements ont Ă©tĂ© effectuĂ©s en entrĂ©e et en sortie de STEP Ă 45 reprises entre avril 2023 et aoĂ»t 2024.
Les valeurs varient considĂ©rablement dâun Ă©chantillon Ă lâautre en raison des diffĂ©rences dans la composition des eaux usĂ©es entrant dans la STEP, liĂ©es aux
variations dans lâutilisation domestique et industrielle des clients raccordĂ©s au rĂ©seau dâassainissement. Les conditions atmosphĂ©riques peuvent Ă©galement influencer ces variations.
MalgrĂ© les variations, la tendance montre une augmentation de la concentration des PFAS en sortie de la STEP (fig. 9). Ceci peut avoir plusieurs explications [9]; une diffĂ©rence de dilution entre lâentrĂ©e et la sortie pourrait rĂ©sulter des intempĂ©ries, et une formation ou une transformation de PFAS pourrait survenir durant les
Ă©tapes de traitement. Les valeurs minimales sont de 15 ng/l en entrĂ©e et 19 ng/l en sortie tandis que les valeurs maximales sont de 286 ng/l en entrĂ©e et 538 ng/l en sortie de la STEP. Bien que les limites hautes des ordres de grandeurs de concentrations ne soient que trĂšs rarement atteintes, il est intĂ©ressant de noter que ce sont les seuls types dâĂ©chantillons pour lesquels les concentrations dĂ©passent 100 ng/l. Cependant, il est important de rappeler que cette valeur maximale sâapplique Ă lâeau potable.
Les substances retrouvĂ©es peuvent sensiblement varier Ă©tant donnĂ© quâelles dĂ©pendent directement de lâactivitĂ© domestique et industrielle. Que ce soit Ă lâentrĂ©e ou Ă la sortie de la STEP, le composĂ© avec les concentrations les plus importantes est le PFHxA. Ensuite, les Ă©chantillons dâentrĂ©e de STEP contiennent majoritairement du PFOS et du PFOA. Les Ă©chantillons de sortie de STEP contiennent, quant à eux, majoritairement du PFOA et du PFHpA.
Malgré les concentrations élevées dans les eaux déversées par la STEP de Vidy dans le lac Léman, les concentrations dans le lac restent faibles, comme mentionné
plus haut (cf. fig. 8). Cependant, il est possible que le largage de ces PFAS ait dâautres impacts, que ce soit sur les sĂ©diments ou la faune et la flore. Bien que des
Ă©tudes existent sur les concentrations des PFAS dans les poissons [10], aucun lien direct nâexiste avec les concentrations de PFAS relarguĂ©es par les STEP.
Le service de lâeau de la ville de Lausanne gĂšre une grande variĂ©tĂ© de ressources en eau. Afin dâen assurer la qualitĂ©, les mĂ©thodes analytiques sont dĂ©veloppĂ©es
en anticipant lâĂ©volution des rĂ©glementations fĂ©dĂ©rales. Câest en effet lâobjectif pour lâanalyse des PFAS. Bien que les normes actuelles en vigueur en Suisse soient moins contraignantes que celles des pays alentours, il est clair que cela va changer. Ce durcissement des valeurs maximales va soulever plusieurs dĂ©fis pour les distributeurs dâeau. En effet, le traitement et lâanalyse de lâeau sont les deux domaines impactĂ©s. Au niveau de lâanalyse, plus les valeurs maximales baissent, plus la prĂ©paration et lâanalyse des Ă©chantillons se compliquent. Les contaminations au cours du processus dâanalyse reprĂ©sentent un des problĂšmes majeurs. De plus, la sensibilitĂ© des appareils analytiques est critique. La mĂ©thode analytique actuellement mise en place au laboratoire du service de lâeau de la ville de Lausanne permet de respecter la norme europĂ©enne en vigueur (pour la liste de 20 substances), qui est probablement trĂšs proche de la future norme suisse. Avec cette mĂ©thode, il a Ă©tĂ© montrĂ©Â que les ressources en eau (eaux de surface et eaux souterraines) prĂ©sentent des concentrations largement infĂ©rieures aux exigences lĂ©gales fĂ©dĂ©rales. La substance prĂ©sente en quantitĂ©s considĂ©rables dans tous les types dâeau est le PFHxA. Dans lâensemble, le PFOA, le PFBA, le PFOS et le PFPeA sont les autres PFAS avec les concentrations les plus Ă©levĂ©es. Des variations de compositions sont prĂ©sentes selon la provenance des Ă©chantillons.
[1] Office fĂ©dĂ©ral de lâenvironnement OFEV (2024): Les PFAS, quâest-ce que câest?Â
[2] Roberts, S. M. et al. (2020): Per- and Polyfluoroalkyl Substance Toxicity and Human Health Review: Current State of Knowledge and Strategies for Informing
Future Research. Environ Toxicol Chem 40:Â 606â630
[3] DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de lâintĂ©rieur (DFI) (2024): Ordonnance du DFI sur lâeau potable et lâeau des installations de baignade et de douche accessibles au public (OPBD).Â
[4] Office fĂ©dĂ©ral de la sĂ©curitĂ© alimentaire et des affaires vĂ©tĂ©rinaires OSAV (2024): Substances per- et polyfluoroalkylĂ©es (PFAS).Â
[5] Union europĂ©enne (2020): Directive (UE) 2020/2184 du parlement europĂ©en et du conseil du 16 dĂ©cembre 2020 relative Ă la qualitĂ©Â des eaux destinĂ©es Ă la consommation humaine.Â
[6] EN 17892 (2024): Water quality â Determination of selected per- and polyfluoroalkyl substances in drinking water â Method using liquid chromatography/
tandem-mass spectrometry (LC-MS/MS)
[7] Communication de la Commission (2024): Lignes directrices techniques relatives aux mĂ©thodes dâanalyse pour la surveillance des substances alkylĂ©es per- et polyfluorĂ©es (PFAS) dans les eaux destinĂ©es Ă la consommation humaine. C/2024/4910.
[8] Epura (2024): Ville de Lausanne.Â
[9] WĂŒthrich, J. et al. (2022): PFAS-Belastung im Kanton St. Gallen. Aqua & Gas 12/2022: 42â50
[10] Babut, M. et al. (2021): .Â
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