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Article technique
30. novembre 2023

Microplastiques en filière de potabilisation

Efficacité d'abattement de microplastiques en filière conventionnelle de potabilisation

Omniprésent et utilisé massivement depuis des années, le plastique est devenu un produit incontournable dans notre société. Actuellement, nous sommes confrontés à des quantités sans précédent de plastique sous forme de macro-, méso-, micro- et nanoplastiques dans l’environnement et donc dans les systèmes aquatiques. De nombreuses questions se posent sur l’impact dans les ressources en eau et dans les filières de potabilisation. Cet article apporte quelques éléments de réponse sur l’efficacité des filières de potabilisation au regard de l’élimination des microplastiques.
Angel Negrete Velasco, Serge  Stoll, Stéphan Ramseier Gentile, Stéphane Zimmermann, Pascal  Ramaciotti , Pauline Perdaems, 

Le plastique est largement et excessivement utilisĂ© de nos jours, au point qu’il est devenu un produit presque incontournable dans notre quotidien. Une production dĂ©mesurĂ©e et croissante au fil des ans a menĂ© à une augmentation importante des dĂ©chets et donc à une forte contamination de l’environnement. En effet, nous sommes actuellement confrontĂ©s Ă  des quantitĂ©s sans prĂ©cĂ©dent de plastiques car ce sont des matĂ©riaux persistants qui s’accumulent dans notre environnement. Les plastiques sont des objets rĂ©sistants, nĂ©anmoins ils se dĂ©gradent en petits fragments sous l’effet, entre autres, de l’érosion et de la photodégradation pour former des particules peu visibles à l’oeil nu. Ces particules plastiques ont Ă©tĂ© dĂ©finies comme des microplastiques pour des dimensions comprises entre 5 mm et 1 ÎŒm. La taille de ces particules plastiques peut donc varier du millimĂštre au micromĂštre. Les microplastiques peuvent ĂȘtre directement manufacturĂ©s Ă  l’échelle de ces dimensions pour ĂȘtre utilisĂ©s comme matiĂšre premiĂšre pour la fabrication de piĂšces en plastique de dĂ©coration (paillettes, sequins, billes) ou comme agents abrasifs ou exfoliants dans les cosmĂ©tiques.

Les microplastiques dans l'environnement

En raison de leurs tailles, les microplastiques peuvent ainsi aisĂ©ment contaminer les systĂšmes aquatiques naturels et nos ressources en eaux car ils peuvent y entrer facilement par ruissellements de surface, effluents d’eaux usĂ©es, effluents industriels, et mĂȘme au travers des dĂ©pĂŽts atmosphĂ©riques. Les microplastiques atteignent les Ă©cosystĂšmes d’eau douce sous diffĂ©rentes tailles, formes et compositions chimiques et se retrouvent parfois Ă  des concentrations Ă©levĂ©es dans la colonne d’eau. Certains fleuves importants en Europe (comme le Rhin, la Seine, le Danube et le RhĂŽne) ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s pour Ă©valuer la contamination en microplastiques [1–3]. La contamination des lacs a Ă©galement Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e dans certaines parties du monde et il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que les environnements Ă©loignĂ©s des activitĂ©s anthropiques n’échappent pas Ă  cette contamination [4]. Étant donnĂ© que les microplastiques sont omniprĂ©sents dans l’environnement et qu’ils sont invisibles Ă  l’oeil nu, ces particules sont souvent ingĂ©rĂ©es ou inhalĂ©es au quotidien sans le vouloir. La prĂ©sence de microplastiques dans le corps humain est susceptible de produire des effets dĂ©lĂ©tĂšres dans les tissus et des cellules. En outre, les microplastiques peuvent contenir des additifs ou des monomĂšres (non chimiquement liĂ©s au polymĂšre mĂȘme), des mĂ©taux lourds, des contaminants organiques hydrophobes, des composĂ©s perfluorĂ©s, des mĂ©dicaments, etc. qui peuvent se rĂ©vĂ©ler toxiques pour les ĂȘtres vivants [5]. Ces substances accompagnantes sont susceptibles d’ĂȘtre lessivĂ©es de la matrice du polymĂšre plastique, ce qui en consĂ©quence accroĂźt la nature et l’incertitude des risques liĂ©s Ă  ces particules plastiques. Les fibres prĂ©sentent Ă©galement un risque particulier pour la santĂ© humaine car, quelle que soit leur nature, les fibres textiles contiennent des additifs et des colorants qui, dans certains cas, sont dangereux pour la faune et la santĂ© humaine. Ainsi, la prĂ©sence de microplastiques et fibres met en danger le fonctionnement des systĂšmes aquatiques et donc la qualitĂ© de nos ressources en eaux nĂ©cessaires Ă  la production d’eau potable et constitue un important problĂšme environnemental d’actualitĂ©.

Contamination en eau potable

La contamination des ressources en eaux est une prĂ©occupation majeure et les microplastiques soulĂšvent des inquiĂ©tudes quant Ă  l’efficacitĂ© des systĂšmes de potabilisation. La concentration en microplastiques dans les eaux de surface utilisĂ©es pour produire de l’eau potable peut varier de quelques microplastiques Ă  des milliers de microplastiques (de dimensions jusqu’à 1 ÎŒm) par litre (voir tab. 1). NĂ©anmoins, il a Ă©tĂ© observĂ© qu’une filiĂšre de potabilisation simple (comprenant la coagulation-floculation et la filtration sur sable) atteint une efficacitĂ© d’élimination des microplastiques (jusqu’à 10 ÎŒm) d’environ 70%. En comparaison, les stations de potabilisation comprenant une coagulation-floculation, sĂ©dimentation, filtration sur sable et filtration sur charbon actif en grains affichent des taux d’abattement (tailles jusqu’à 1 ÎŒm) plus Ă©levĂ©es (au minimum Ă  72%) [6, 7]. Cependant, la concentration en microplastiques (tailles jusqu’à 1 ÎŒm) dans l’eau potable reste Ă©levĂ©e et varie entre 151 et 930 particules de microplastiques/l. L’objectif de l’étude prĂ©sentĂ©e dans cet article est d’évaluer l’efficacitĂ© d’élimination des microplastiques et fibres (supĂ©rieures Ă  20 ÎŒm) dans une station conventionnelle (type Bieler Modell) de potabilisation des Services Industriels de GenĂšve (SIG) au cours des diffĂ©rentes saisons de l’annĂ©e (fig. 1).

Identification et caractérisation des microplastiques

Pour Ă©tudier l’efficacitĂ© d’élimination des microplastiques au cours des diffĂ©rentes saisons de l’annĂ©e, un prĂ©lĂšvement par mois dans l’eau du LĂ©man et dans l’eau traitĂ©e de la principale station de potabilisation Ă  GenĂšve ont Ă©tĂ© effectuĂ©s (station de potabilisation du PrieurĂ©). En moyenne, 50 litres d’eau brute et 2000 litres d’eau traitĂ©e ont Ă©tĂ© passĂ©s Ă  travers des tamis en acier inoxydable (20 ÎŒm de taille de maille, ISO 3310-1). Les particules retenues sur les tamis ont ensuite Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es avec de l’eau ultrapure (Milli-Q water, Millipore; rĂ©sistivitĂ© supĂ©rieure Ă  18 MΩ.cm, concentration totale en matiĂšre organique infĂ©rieure Ă  2 ppb) prĂ©alablement filtrĂ©e sur des filtres en nitrate de cellulose (0,45 ÎŒm, Ø = 47 mm, Sartorius stedium biotech) dans des bĂ©chers en verre contenant une solution de peroxyde d’hydrogĂšne (H2O2, 30% (p/p), REACTOLAB SA) afin d’arriver Ă  une solution Ă  15% (p/p). Les solutions ont ensuite Ă©tĂ© placĂ©es dans une Ă©tuve pendant 7 jours Ă  une tempĂ©rature de 50 °C afin de rĂ©aliser une digestion de la matiĂšre organique. Puis, les Ă©chantillons ont Ă©tĂ© filtrĂ©s sur des tamis de 20 ÎŒm, afin d’éliminer la matiĂšre organique dissoute, et transfĂ©rĂ©s sur des filtres en oxyde d’aluminium Al2O3 (Anodiscℱ, 0,2 ÎŒm, Ø = 47 mm, GE Healthcare Life Sciences Whatmanℱ) afin de rĂ©aliser des analyses d’identification chimique (fig. 2). Pour la dĂ©tection et mesure des microplastiques jusqu’à 20 ÎŒm, nous nous sommes basĂ©s sur la microscopie couplĂ© Ă  la spectroscopie infrarouge Ă  transformĂ©e de Fourier (ÎŒFTIR); mĂ©thode largement utilisĂ©e pour la dĂ©tection et caractĂ©risation de microplastiques [8]. Étant donnĂ© les contraintes en lien avec les analyses par microscopie infrarouge, toutes les microparticules dĂ©posĂ©es sur un quart de la surface du filtre ont Ă©tĂ© soigneusement et systĂ©matiquement analysĂ©es, sauf lorsqu’elles Ă©taient identifiĂ©es comme des microparticules minĂ©rales ou des microorganismes. La rĂ©gion spectrale entre 1250 et 4000 cm-1 a Ă©tĂ© choisie en raison des propriĂ©tĂ©s d’absorption des filtres Al2O3. La rĂ©solution spectrale a Ă©tĂ© fixĂ©e Ă  4 cm-1 et 8 balayages consĂ©cutifs par spectre ont Ă©tĂ© appliquĂ©s.

RĂ©sultats
Concentrations en microplastiques totales (jusqu'à 20 ÎŒm) et fibres

Des microplastiques d’une taille supĂ©rieure Ă  20 ÎŒm ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans tous les Ă©chantillons. Cependant, les concentrations des microplastiques Ă©taient plus Ă©levĂ©es – de deux ordres de grandeur – dans l’eau brute que dans l’eau traitĂ©e, quel que soit le mois considĂ©rĂ© au courant de l’annĂ©e (fig. 3A). La concentration en microplastiques Ă©tait relativement constante au cours de l’annĂ©e en entrĂ©e et en sortie de la station de potabilisation. Les microplastiques ont Ă©tĂ© rĂ©partis en quatre classes de tailles: 20 – 50 ÎŒm, 50 – 100 ÎŒm, 100 – 500 ÎŒm et supĂ©rieure Ă  500 ÎŒm. Aucun microplastique n’a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© pour des tailles supĂ©rieures Ă  500 ÎŒm (fig. 3B). Dans l’eau brute, la concentration moyenne en microplastiques Ă©tait Ă©gale Ă  627 ± 279 microplastiques/m3 (fig. 3A). En moyenne, 61% des microplastiques ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans la plus petite classe de tailles (20 – 50 ÎŒm), suivi par la classe de tailles entre 50 et 100 ÎŒm (31%; fig. 3B). En comparaison, l’eau traitĂ©e contenait en moyenne de faibles concentrations en microplastiques (11 ± 7 microplastiques/m3), ce qui correspond Ă  un taux d’abattement de 98%. En outre, 68% des microplastiques ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s dans la plus petite classe de tailles (20 – 50 ÎŒm), et 25% dans la classe de tailles comprise entre 50 et 100 ÎŒm (fig. 3B). Ces rĂ©sultats montrent que la concentration en microplastiques augmente significativement dans l’eau brute et l’eau traitĂ©e avec la diminution des tailles. Les images dans la figure 4 montrent que la forme des microplastiques est plutĂŽt irrĂ©guliĂšre et qu’ils sont essentiellement retrouvĂ©s sous forme de fragments (microplastiques secondaires). Des microplastiques sous forme de paillettes, sequins ou billes n’ont pas Ă©tĂ© observĂ©s dans cette Ă©tude. De nombreuses fibres (naturelles, semi-synthĂ©tiques et synthĂ©tiques) ont Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©es dans tous les Ă©chantillons. La concentration totale en fibres a nĂ©anmoins diminuĂ© aprĂšs le traitement de potabilisation (fig. 5A), avec une valeur moyenne de 1813 ± 1161 fibres/m3 d’eau brute Ă  une valeur de 128 ± 84 fibres/m3 dans l’eau traitĂ©e, ce qui correspond Ă  un taux d’abattement de 93%. Les rĂ©sultats indiquent (fig. 5B) qu’à la fois dans l’eau brute et dans l’eau traitĂ©e, les fibres Ă©taient prĂ©dominantes dans la classe de tailles 100 – 500 ÎŒm. En outre, les fibres ont Ă©tĂ© observĂ©es dans toutes les classes de tailles. Contrairement aux microplastiques, les fibres ont des formes allongĂ©es et un diamĂštre de quelques micromĂštres, ce qui pourrait expliquer leur prĂ©dominance dans des tailles plus grandes.

Efficacité du traitement de potabilisation

Nos rĂ©sultats indiquent (fig. 6) que l’efficacitĂ© du traitement conventionnel de potabilisation investiguĂ© ici afin d’éliminer les microplastiques est au minimum de 95% et au minimum de 87% pour les fibres (naturelles, synthĂ©tiques et semi-synthĂ©tiques). Le taux moyen d’élimination des microplastiques est Ă©gal Ă  98% (± 1%) tandis que le taux moyen d’élimination des fibres est de 93% (± 3%). Les concentrations en microplastiques dĂ©tectĂ©es dans notre Ă©tude sont faibles en comparaison avec d’autres Ă©tudes dans les stations de potabilisation alimentĂ©es avec des eaux de surface (tab. 1). Toutefois, cette diffĂ©rence peut Ă©galement s’expliquer par le fait que la mĂ©thodologie analytique des microplastiques n’est pas encore normalisĂ©e et par le fait que certaines Ă©tudes ont dĂ©terminĂ© la prĂ©sence de microplastiques jusqu’à une dimension de 1 ÎŒm Ă  l’aide de la spectroscopie micro-Raman alors que nous avons menĂ© nos analyses par microscopie infrarouge FTIR jusqu’à des tailles de 20 ÎŒm. Par consĂ©quent, nous pouvons nous attendre, dans ce cas de figure, Ă  des concentrations plus Ă©levĂ©es lorsque des tailles infĂ©rieures Ă  20 ÎŒm sont investiguĂ©es. Les Ă©tudes menĂ©es en RĂ©publique TchĂšque [6] ou en Chine [7] dĂ©montrent clairement cet aspect. Toutefois, il est important de souligner que certaines Ă©tudes se limitent Ă  analyser des volumes d’échantillons nettement plus faibles (1 Ă  2 litres) que nos Ă©chantillons (de 50 Ă  2000 litres). NĂ©anmoins, en ce qui concerne l’efficacitĂ© de traitement pour Ă©liminer les microplastiques, nos rĂ©sultats sont en accord avec d’autres Ă©tudes portant sur un traitement de potabilisation conventionnel comme en Espagne [9], en France [3] et en Suisse [10]. En outre, toutes les Ă©tudes montrent que le nombre de microplastiques augmente avec la diminution des tailles investiguĂ©es.


Tab. 1 Tableau comparatif de l’efficacitĂ© d’élimination des microplastiques avec d’autres Ă©tudes.

Nature chimique des microplastiques

Des matĂ©riaux tels que le polyamide (PA), le polyĂ©thylĂšne (PE), le polytĂ©rĂ©phtalate d’éthylĂšne (PET), le polymĂ©thacrylate de mĂ©thyle (PMMA), le polypropylĂšne (PP), le polystyrĂšne (PS), l’alcool polyvinylique (PVA), le copolymĂšre d’éthylĂšne avec l’acĂ©tate de vinyle (EVA), le polychlorure de vinyle (PVC), ainsi que d’autres matĂ©riaux, ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par spectroscopie infrarouge. Le PE est le matĂ©riau le plus abondant Ă  la fois dans l’eau brute et dans l’eau traitĂ©e. MĂȘme si la concentration en microplastiques diminue significativement aprĂšs traitement, la distribution globale et l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des microplastiques reste trĂšs similaire dans l’eau brute Ă  celle de l’eau traitĂ©e (fig. 7). Il n’est pas Ă©tonnant de retrouver ces compositions chimiques, car ces matĂ©riaux sont couramment utilisĂ©s au quotidien (emballages, bouteilles, tuyaux, etc.) et dans plusieurs secteurs de l’industrie (construction, textile et emballages). De plus, certains de ces plastiques sont directement utilisĂ©s dans la station de potabilisation (joints, crĂ©pines, etc.). Par consĂ©quent, une possible contamination de l’eau par ces matĂ©riaux plastiques n’est pas totalement exclue en raison d’une potentielle abrasion de ces matiĂšres plastiques notamment et par exemple lors du lavage Ă  contre-courant des filtres au moyen d’air et d’eau pour le cas oĂč les crĂ©pines seraient constituĂ©es de matĂ©riaux polymĂšres (PE, etc.).

Bilan et perspectives

Dans cette Ă©tude, la contamination en microplastiques et fibres en entrĂ©e de filiĂšre de potabilisation ainsi que l’efficacitĂ© d’abattement ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. De grands volumes ont Ă©tĂ© Ă©chantillonnĂ©s Ă  l’aide de tamis en acier inoxydable et les particules retenues ont Ă©tĂ© analysĂ©es par microscopie infrarouge. La concentration moyenne en microplastiques (taille jusqu’à 20 ÎŒm) dans l’eau brute a Ă©tĂ© trouvĂ©e Ă©gale Ă  627 ± 279 microplastiques/m3 et Ă©gale Ă  11 ± 7 microplastiques/m3 dans l’eau traitĂ©e. Ces valeurs indiquent que la contamination de l’eau brute par les microplastiques est trĂšs significativement rĂ©duite aprĂšs un traitement conventionnel de potabilisation. La concentration en fibres est passĂ©e de 1813 ± 1161 fibres/m3 dans l’eau brute Ă  128 ± 84 fibres/m3 dans l’eau traitĂ©e. En matiĂšre d’efficacitĂ© de la filiĂšre de potabilisation sur la contamination microplastique, cette Ă©tude montre que le traitement conventionnel constitue une barriĂšre efficace vis-Ă -vis de l’élimination des microplastiques (98%) sous forme de fragments et Ă©galement de fibres (93%). Il est Ă  noter qu’aucune corrĂ©lation significative (positive ou nĂ©gative) n’a Ă©tĂ© obtenue entre les valeurs mesurĂ©es des paramĂštres physico-chimiques dans l’eau brute (tempĂ©rature, turbiditĂ©, pH, absorption UV Ă  254 nm, carbone organique total, matiĂšres en suspension) et l’eau traitĂ©e au mĂȘme moment que les prĂ©lĂšvements, et les concentrations obtenues en microplastiques et fibres, et l’efficacitĂ© d’élimination. De mĂȘme, aucune variation significative n’a Ă©tĂ© observĂ©e dans le temps. Les rĂ©sultats obtenus dans cette Ă©tude sur la contamination microplastique (jusqu’à 20 ÎŒm) en filiĂšre de potabilisation conventionnelle (type Bieler Modell) se montrent rassurants avec une efficacitĂ© d’élimination Ă©levĂ©e. Ramirez et al. (2022) ont Ă©galement dĂ©montrĂ© que le systĂšme de potabilisation de cette mĂȘme filiĂšre de  traitement Ă©liminait les nanoplastiques (amidine-polystyrĂšne) de maniĂšre efficace (99%) [11]. Ces rĂ©sultats nous indiquent que les micro- et nanoplastiques sont en gĂ©nĂ©ral bien retenuspar les traitements dits conventionnels de potabilisation. NĂ©anmoins, il est important de mettre en place un systĂšme de mesure et contrĂŽle rĂ©gulier et d’étendre ces Ă©tudes Ă  d’autres filiĂšres de potabilisation plus simples ou autres (ultrafiltration etc.). De plus, si l’abattement des microplastiques des eaux brutes dans le type de filiĂšre conventionnelle semble maitrisĂ©, une contamination a posteriori due au rĂ©seau de distribution doit encore faire l’objet de recherches. En effet, le rĂ©seau de distribution ainsi que les installations Ă  l’intĂ©rieur des habitations pourraient ĂȘtre des sources de contamination importantes. L’abrasion des conduites en plastique (PE, PVC, revĂȘtement en polyurĂ©thane) n’est pas exclue et cela pourrait avoir un impact important sur un accroissement Ă©levĂ© en microplastiques et donc sur la qualitĂ© de l’eau au robinet des consommateurs. Au-delĂ  des rĂ©sultats encourageants de cette Ă©tude, il convient de retenir que chacun est touchĂ© par cette problĂ©matique et qu’il serait judicieux de traiter dĂ©jĂ  le problĂšme Ă  la source mĂȘme. Une rĂ©utilisation des plastiques dĂ©jĂ  produits, ainsi qu’une Ă©limination correcte Ă©vitant une dispersion dans l’environnement, devrait Ă  tout le moins limiter les impacts Ă  l’environnement et faciliter le travail des distributeurs d’eau potable.

Bibliographie

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[11] Ramirez Arenas, L. et al. (2022): Fate and removal efficiency of polystyrene nanoplastics in a pilot drinking water treatment plant. Sci. Total Environ. 813: 152623. https://doi.org/10.1016/j. scitotenv.2021.152623

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