« Toute sociĂ©tĂ© est amenĂ©e, au fil de son histoire, Ă constater que le fragile Ă©quilibre atteint Ă un moment donnĂ© entre l’eau et le dĂ©veloppement de la so - ciĂ©tĂ©, tend Ă Ă©voluer vers un dĂ©sĂ©quilibre. » Cette phrase, tirĂ©e du livre de l’his - torien et hydrologue Terje Tvedt « Wasser – Eine Reise in die Zukunft » (L’eau,  un voyage dans le futur), se rĂ©fĂ©rait il y a une dizaine d’annĂ©es Ă la situation de  l’eau Ă l’échelle mondiale. Mais elle correspond de plus en plus aux conditions de l’eau potable prĂ©valant en Suisse. Pour ne pas tomber dans un dĂ©sĂ©quilibre, la sociĂ©tĂ© suisse serait bien inspirĂ©e de revoir son rapport Ă l’eau alors qu’il en est encore temps. Et il ne s’agit pas seulement de l’énergie hydraulique dont la politique et la presse parlent. En Suisse, la protection durable des ressources en eau est remise en question. Les eaux de surface, celles de sources et des nappes phrĂ©atiques sont mises en danger par les conflits d’intĂ©rĂŞts. Â
Dans la mesure où la protection des ressources en eau potable constitue un enjeu sociétal, la responsabilité incombe à la sphère politique. La SSIGE est d’avis que celle-ci a négligé cette thématique à ce jour, surtout si l’on considère l’eau potable comme aliment essentiel et indispensable à la vie. Certes, les représentants du peuple n’ont pas tous été frappés de cécité ou de surdité sur le thème, mais la problématique n’a pas été perçue suffisamment sérieusement pour nager vers le succès.
Partant, au sein de la SSIGE, la conviction s’est progressivement imposĂ©e qu’il ne suffit pas de fournir les bases techniques d’un approvisionnement en eau durable, mais qu’une action politique devient de plus en plus nĂ©cessaire. La SSIGE a ainsi crĂ©Ă© un groupe de travail: «DĂ©fense des intĂ©rĂŞts de la branche de l’eau» afin d’accomplir cette mission. Ce groupe de travail a pu s’appuyer sur les statuts qui prĂ©cisent que la SSIGE dĂ©fend l’image et les intĂ©rĂŞts de la branche auprès de l’opinion publique.  Depuis lors, le groupe de travail a Ă©laborĂ© la «StratĂ©gie politique en matière d’approvisionnement en eau 2017 – 2021», que le ComitĂ© de la SSIGE a adoptĂ©e en juin. Â
Cette stratĂ©gie politique est une rĂ©ponse aux conflits dans lesquels sont impliquĂ©s les distributeurs d’eau (cf. «Reflets» 2/2016). La contamination des nappes phrĂ©atiques par des substances Ă©trangères est certes un aspect important du problème. Les mĂ©dicaments et substances comsommĂ©s par les mĂ©nages et des produits chimiques industriels se retrouvent dans les eaux. Dans l’agriculture, ce sont en particulier les apports trop importants de pesticides, ou de nitrate, qui contaminent les sources et les nappes phrĂ©atiques. Les zones urbanisĂ©es en pleine expansion ainsi que l’extension subsĂ©quente des infrastructures de transport constituent aussi un problème majeur. Elles entraĂ®nent mĂŞme parfois l’abandon de captages d’eau.  Le non-respect de la loi de dĂ©limitation des zones de protection est un facteur aggravant pour la pĂ©rennitĂ© de la ressource. Au vu de ce contexte, le groupe de travail a mis l’accent sur la stratĂ©gie politique et la planification de  la protection des eaux, ainsi que la lutte contre les substances Ă©trangères dans les eaux suisses. Â
L’un des objectifs de la stratĂ©gie, lors la planification de la protection des eaux, consiste Ă faire figurer des prescriptions pour garantir l’approvisionnement en eau dans la loi sur l’amĂ©nagement du territoire. Il convient aussi de dĂ©velopper des instruments de planification Ă l’échelle cantonale et rĂ©gionale. Le Plan gĂ©nĂ©ral d’alimentation en eau est fixĂ© comme standard pour les communes. S’agissant de la lutte contre les substances Ă©trangères, l’un des objectifs est de faire comprendre Ă tous les acteurs qu’une rĂ©duction significative de l’utilisation de pesticides et de la contamination des eaux est indispensable, notamment dans l’aire d’alimentation des captages d’eau.  Pour ce faire, il suffit de s’appuyer sur la lĂ©gislation relative Ă la protection des eaux, qui prĂ©voit d’imposer des mesures de protection. Il convient Ă©galement d’atteindre les objectifs environnementaux relatifs au nitrate. Â
Les objectifs sont certes connus mais leurs contenus doivent de plus en plus ĂŞtre portĂ©s Ă la connaissance de la sphère politique, de manière systĂ©matique. Cela se fait par le biais d’un monitoring des dossiers politiques et d’un travail relationnel Ă tous niveaux. La SSIGE entretient ainsi des contacts renforcĂ©s avec l’administration fĂ©dĂ©rale, les autoritĂ©s cantonales ainsi que d’autres organisations. Au niveau des communes, elle considère que la responsabilitĂ© incombe aux distributeurs. Les membres des chambres fĂ©dĂ©rales doivent aussi ĂŞtre sensibilisĂ©s aux prĂ©occupations de la branche des distributeurs d’eau. Le conseiller national PDC Marco Romano est un parlementaire dĂ©jĂ acquis Ă notre cause (cf. interview). Il a Ă©galement soutenu la SSIGE dans une action au parlement qui se dĂ©roulera le 18 septembre, Ă l’occasion de laquelle une bouteille d’eau potable sera offerte Ă chaque dĂ©putĂ©. Mais, au lieu de contenir de l’eau, celle-ci contiendra un message politique relatif Ă une protection durable des ressources, qui se rĂ©sume Ă : «Mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir». M. Romano s’adressera aussi cet l’automne au Conseil fĂ©dĂ©ral dans une interpellation, priant le gouvernement de rĂ©pondre Ă la question de savoir comment, dans sa planification, il envisage la protection des ressources en eau potable stratĂ©giquement essentielles. Il souhaite Ă©galement savoir comment sera financĂ© le plan d’action national relatif Ă la rĂ©duction des risques liĂ©s aux produits phytosanitaires. Il convient Ă©galement de clarifier la manière dont la protection des ressources en eau potable sera prise en compte dans la Politique agricole 2022. Â
Outre ces actions, la SSIGE s’investit aussi afin que la sphère politique fixe des exigences minimales en matière de formation. Ă€ partir d’une certaine taille, les communes devraient impĂ©rativement avoir recours Ă un fontainier. La SSIGE ne voit pas son travail politique comme moyen d’optimiser son image, mais comme l’expression de la conviction qu’elle partage avec Terje Tvedt, qui Ă©crit Ă la fin de son livre Ă propos de l’approvisionnement en eau en Suisse: « L’urgence de s’adapter Ă l’évolution de  la situation n’a jamais Ă©tĂ© aussi grande. L’eau aura grand besoin d’une attention accrue de notre part. »  Â
Les entreprises de distribution d’eau sont toujours plus souvent confrontĂ©es Ă des conflits. En vue de dresser un tableau global Ă partir de cas particuliers, la SSIGE est reconnaissante lorsque les distributeurs d’eau lui font part de leurs conflits. En effet, si le lent processus en cours est mis en lumière Ă une large Ă©chelle, cela augmentera les chances de se faire entendre au niveau national. Nous vous invitons Ă signaler des conflits Ă l’adresse email suivante: wasserspiegel@svgw.ch. Â
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