Les exploitations agricoles et maraîchères étant des producteurs de denrées alimentaires, elles sont soumises à des exigences strictes en matière d’hygiène. Mais, contrairement aux distributeurs d’eau, ces exploitations offrent aussi un environnement propice à la prolifération de microbes indésirables dans l’eau potable. Pour éviter qu’ils ne deviennent un danger pour les denrées alimentaires et pour l’approvisionnement en eau potable, la SSIGE a rédigé, en collaboration avec la station de recherche agronomique de la Confédération Agroscope, une nouvelle notice technique: «Protection contre les retours d’eau dans les exploitations agricoles et maraîchères», qui entrera en vigueur cette année. En prenant l’exemple d’une exploitation laitière, elle présente les différents types d’utilisation de l’eau potable, les dangers de contamination et les mesures de prévention contre les retours d’eau, indispensables pour éviter la contamination du réseau.
Cela signifie concrètement p. ex. que la nouvelle notice technique impose, pour les installations de production laitière et de stockage et pour celles de nettoyage in situ, de mettre en place un système anti-retour sous la forme d’un disconnecteur de type BA. Un séparateur à surverse totale avec un groupe de surpression en aval n’est pas exigé dans ce cas (selon l’Ordonnance sur l’hygiène dans la production laitière, l’eau utilisée pour le nettoyage et le rinçage des installations doit présenter la qualité d’une eau potable). Dans ce contexte, l’exigence de la notice technique constitue un compromis où les exigences de la législation sur les denrées alimentaires sont prises en compte mais ne permettent pas de protéger de manière irréprochable les installations d’eau potable. On retrouve le même compromis pour les salles de traite, où le danger de contamination due aux déjections animales est encore plus important. Mais, dans la mesure où la loi impose ici aussi que le nettoyage des trayons et des gobelets trayeurs soit effectué avec de l’eau potable, la notice technique n’exige donc que la mise en place d’un disconnecteur de type BA. Toutefois, pour réduire le plus possible les risques, les tuyaux qui pendent du plafond des salles de traite ne doivent pas être en contact avec le sol. Les douchettes et les tuyaux doivent être faciles à nettoyer, toujours propres et périodiquement contrôlés.
La situation est différente pour les dispositifs de nettoyage des étables. La notice technique impose ici que les vannes à manchon et les dispositifs de nettoyage sous pression ne soient alimentés que par un séparateur central à surverse totale. Cette prescription s’applique également aux abreuvoirs. En effet, d’une part l’Ordonnance sur la protection des animaux impose qu’ils disposent de suffisamment d’eau, mais qui ne doit pas obligatoirement présenter la qualité d’une eau potable. D’autre part, l’eau des abreuvoirs est considérée comme particulièrement dangereuse. Elle peut en effet être contaminée directement par les déjections ou la salive des bovins. De plus, l’eau stagnante, le réchauffement et l’apport de médicaments ou d’adjuvants de croissance peuvent nuire à la qualité de l’eau. Une surverse totale est également nécessaire si l’eau potable est acheminée dans des réservoirs d’eaux pluviales. Un autre danger potentiel pour l’eau potable dans l’agriculture et la production maraîchère existe lorsqu’un dispositif de mélange de produits chimiques est raccordé au système d’irrigation. La notice technique impose ici un disconnecteur de type BA. Pour l’irrigation, il convient de noter également que tout approvisionnement par un distributeur d’eau public, via des fosses ou des bornes hydrantes, doit être effectué par le biais d’un compteur d’eau fourni par le distributeur. La notice technique aborde en outre la situation des distributeurs privés qui s’approvisionnent en partie auprès d’entreprises publiques.
Cette notice technique permet à la SSIGE de poser les bases pour protéger au mieux d’éventuelles contaminations les installations d’eau potable des exploitations agricoles et des distributeurs d’eau privés. Elle doit aussi permettre d’attirer l’attention des concepteurs et propriétaires d’exploitations sur cette problématique et les sensibiliser à la protection de la qualité de l’eau potable. La notice technique s’applique aux nouvelles constructions et aux travaux de rénovation relativement importants. Les installations sanitaires doivent donc être planifiées et aménagées conformément à l’état actuel de la technique, à la directive W3, à la nouvelle notice technique et aux dispositions en vigueur relatives à l’approvisionnement en eau. Pour les installations existantes par contre, il est recommandé de procéder à un inventaire afin de pouvoir évaluer les risques de contamination de l’eau potable. Si des écarts significatifs sont constatés par rapport aux normes en vigueur, l’hygiène et la sécurité ne pouvant plus être garanties, les installations doivent être adaptées.
L’Union suisse des paysans (USP) doute que la forme prévue pour la mise en œuvre soit judicieuse. Alexandra Cropt, responsable Energie et environnement au sein de l’USP, pense que les autorités pourraient utiliser la notice technique pour imposer des modifications, même là où il n’y a aucun problème. «L’Union des paysans considère également que la notice technique n’envisage qu’une variante ‹Rolls-Royce› et qu’elle ne prévoit pas d’autres solutions plus économiques ou plus réalistes.» Madame Cropt regrette en outre que la notice technique ne soit pas suffisamment proche de la pratique. Elle ne tient pas compte par exemple des différents types de production agricole. Mais, pour l’Union des paysans également, l’eau est une ressource précieuse. «L’agriculture n’a pas seulement besoin d’eau en quantités suffisantes, il faut aussi que cette eau soit de bonne qualité», précise Alexandra Cropt. Par conséquent, l’Union des paysans se félicite globalement des mesures envisagées pour préserver la qualité de l’eau et de l’objectif poursuivi par la notice technique. La représentante de l’Union des paysans propose sa coopération dans le cas où des révisions ou une extension de la réglementation seraient envisagées.
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