De nombreuses études de la Confédération, des cantons et des instituts de recherche révÚlent que, dans maints cours d'eau suisses, les concentrations de micropolluants (MP: pesticides, médicaments, etc.) atteignent des niveaux susceptibles de représenter un risque pour les organismes aquatiques ([1-4], p.ex.). Jusqu'à récemment, il n'existait pas encore de monitoring à long terme, uniforme et national des MP dans les eaux de surface. La Confédération et les cantons ont donc décidé d'étendre l'Observation nationale de longue durée de la qualité des eaux de surface (NAWA TREND) à la mesure des micropolluants organiques à partir de 2018. Ce nouveau programme, mené en continu sur une sélection de stations du réseau NAWA, sera nommé «NAWA MP» dans la suite de cet article. NAWA TREND surveille déjà les nutriments depuis 2011 et les paramÚtres biologiques (invertébrés aquatiques, poissons, etc.) depuis 2012. La Confédération et les cantons ont mis en place le programme NAWA dans le but d'observer l'état et l'évolution de la qualité des eaux de surface en Suisse dans la durée et de maniÚre uniformisée et de vérifier l'efficacité des mesures prises pour l'améliorer [5]. Pour le programme NAWA MP, les objectifs sont décrits ci-aprÚs.
Dans le programme NAWA, l'appréciation de l'état des cours d'eau au regard des concentrations de MP se base sur trois critÚres:
L'OEaux fixe depuis peu des valeurs limites individuelles basĂ©es sur des critĂšres Ă©cotoxicologiques pour un certain nombre de micropolluants organiques dans les eaux de surface; elles seront appelĂ©es valeurs limites Ă©cotoxicologiques dans ce qui suit (cf. encart). La valeur limite gĂ©nĂ©rale de 0,1 ”g/l pour chaque substance continue de s'appliquer aux pesticides organiques (produits phytosanitaires (PPh) et biocides) pour lesquels de telles valeurs spĂ©cifiques n'ont pas Ă©tĂ© fixĂ©es dans l'ordonnance [6]. NAWA MP se charge de surveiller le bon respect de ces exigences lĂ©gales. D'un autre cĂŽtĂ©, les micropolluants pour lesquels l'OEaux ne fixe pas de valeurs limites Ă©cotoxicologiques peuvent, eux aussi, ĂȘtre dangereux pour les organismes aquatiques. Le risque Ă©cotoxicologique qu'ils reprĂ©sentent est Ă©valuĂ© Ă l'aide des critĂšres de qualitĂ© environnementale (CQE) que le Centre Ecotox suisse a dĂ©terminĂ©s selon la mĂ©thode internationalement reconnue de l'Union europĂ©enne [7]. Une distinction est faite entre les critĂšres relatifs Ă une exposition de longue durĂ©e donc chronique (CQC) et ceux qui se rapportent Ă une exposition de courte durĂ©e donc aiguĂ« (CQA). Les valeurs limites Ă©cotoxicologiques adoptĂ©es dans l'OEaux sont de tels CQE. Par ailleurs, il importe Ă la Suisse d'Ă©viter que les concentrations et les charges de MP ne soient trop Ă©levĂ©es â mĂȘme si leur niveau ne prĂ©sente pas de risque pour les organismes aquatiques â par souci de protection de ses ressources en eau potable et en raison de sa responsabilitĂ© vis-Ă -vis de ses voisins situĂ©s plus en aval dans les systĂšmes hydrographiques.
Ces derniÚres années, la Suisse a initié des actions importantes pour réduire la pollution des eaux par les MP. Ainsi, prÚs de 135 des stations d'épuration (STEP) du pays seront équipées d'une étape supplémentaire de traitement d'ici à 2040 pour éliminer les MP. Les textes de loi nécessaires à cette démarche sont entrés vigueur en 2016 [6]. Les STEP ainsi améliorées doivent éliminer au moins 80% des MP initialement contenus dans les eaux usées communales, ce rendement étant mesuré sur la base de douze substances-clés [8]. Les émissions en provenance des eaux résiduaires communales s'en trouveront fortement réduites. Par ailleurs, en 2017, le Conseil fédéral a entériné le plan d'action visant à la réduction des risques et à l'utilisation durable des produits phytosanitaires (PA PPh, [9]). Ce plan d'action définit plus d'une cinquantaine de mesures permettant de réduire les risques dus aux PPh, en particulier dans les cours d'eau. Les analyses de NAWA MP permettront de suivre les effets de ces deux groupes de mesures sur la qualité des eaux.
Pour pouvoir atteindre les objectifs prĂ©cĂ©demment citĂ©s tout en maintenant les coĂ»ts dans une limite acceptable, le pool de substances recherchĂ©es et la stratĂ©gie d'Ă©chantillonnage ne sont pas les mĂȘmes sur tous les sites. Le programme de mesure est donc un compromis entre le souhait d'une Ă©valuation totale de la pollution et un souci d'Ă©conomie. NAWA MP se trouve encore dans une phase de dĂ©veloppement. Il sera rĂ©guliĂšrement optimisĂ© en fonction des besoins, des conditions et des connaissances sans pour autant perdre sa continuitĂ©, essentielle Ă un monitoring de longue durĂ©e. La ConfĂ©dĂ©ration et les cantons participent au financement du programme. L'Ă©chantillonnage et les analyses sont de la responsabilitĂ© des cantons mais la ConfĂ©dĂ©ration se charge de formuler des consignes unifiĂ©es pour les prĂ©lĂšvements (rĂ©frigĂ©ration des Ă©chantillonneurs, flaconnage en verre, etc.) et de dĂ©finir les limites de quantification minimales Ă atteindre pour les diffĂ©rentes substances. D'autre part, les laboratoires impliquĂ©s s'assurent de la qualitĂ© des analyses par des essais croisĂ©s.
Cet article présente les détails du programme de mesures NAWA MP ainsi que les premiers résultats obtenus en 2018.
L'habitat humain et l'agriculture sont des sources importantes de micropolluants. Les émissions d'origine urbaine pénÚtrent en grande majorité dans le milieu aquatique avec les eaux usées (principalement à travers les STEP, mais aussi via les déversoirs d'orage) [10]. Ces voies de rejet sont trÚs importantes pour les médicaments et pour certains autres composés chimiques [11]. Le milieu urbain peut également générer des émissions diffuses significatives, notamment de biocides, à travers les collecteurs d'eaux pluviales [12]. De son cÎté, l'agriculture émet des PPh dans les cours d'eau [2, 10], de façon ponctuelle (lavage des pulvérisateurs, p.ex.) ou diffuse (lessivage des sols, p.ex.).
Dans NAWA MP, les stations de mesure, la stratĂ©gie d'Ă©chantillonnage et les substances Ă contrĂŽler ont Ă©tĂ© choisies de maniĂšre Ă dĂ©tecter, de façon aussi complĂšte que possible, aussi bien les rejets de MP des STEP communales que les Ă©missions diffuses d'origine urbaine et agricole. D'autres sources de MP existent comme lâindustrie, l'artisanat, les dĂ©charges, etc. NAWA MP ne peut en tenir compte que ponctuellement. En effet, les Ă©missions de MP Ă leur niveau sont extrĂȘmement variables et il est impossible de les apprĂ©hender dans toute leur diversitĂ© dans un programme national. Elles nĂ©cessitent des analyses plus complexes comme celles menĂ©es, par exemple, Ă la station de surveillance du Rhin de Weil am Rhein.
Les échantillons de NAWA MP sont prélevés dans des cours d'eau subissant des apports de MP qui ont été choisis sans exclure aucune région de Suisse. Il s'avÚre que les 33 sites de NAWA MP sont majoritairement localisés sur le Plateau suisse, un certain nombre se trouvant dans le Tessin, le Valais, le Jura et la vallée du Rhin (fig. 1). Tous les sites sont précisés dans un tableau détaillé disponible en ligne (www.bafu.admin.ch/nawa). Dans l'ensemble, 15 cantons collaborent à NAWA MP.
Le réseau hydrographique de la Suisse totalise environ 65'000 km de linéaire (à l'échelle 1:25 000) [13], dont 30'400 km, soit environ 48%, présentent des sources urbaines ou agricoles de MP dans le bassin versant (BV) [14]. Autrement dit, la moitié du réseau hydrographique suisse ne subit probablement pas d'apports significatifs de MP à partir de ces sources. La majeure partie de ces cours d'eau non pollués se situent dans les Alpes et ne sont pas couverts par NAWA MP.
L'autre moitiĂ© des cours d'eau suisses prĂ©sentent dans leur bassin versant au moins une petite surface occupĂ©e par des champs, des vergers, des vignes ou des villes ou villages susceptibles d'Ă©mettre des MP dans le milieu aquatique. Ătant donnĂ© que l'activitĂ© viticole, par exemple, se limite Ă certaines rĂ©gions, la longueur de linĂ©aire prĂ©sentant des vignes dans le bassin versant est faible (environ 3700 km, longueur de la barre dans la figure 2). Inversement, beaucoup de bassins versants comportent des villes ou des villages, la part de linĂ©aire pouvant recevoir des substances utilisĂ©es en milieu urbain est donc plus importante (environ 23'700 km; fig. 2). PrĂšs de 4400 km de cours d'eau (7%) reçoivent des eaux usĂ©es traitĂ©es contenant une grande diversitĂ© de MP (fig. 2). La figure 2 montre que la longueur totale de cours d'eau pouvant contenir des MP Ă©mis de façon diffuse par l'habitat humain, l'agriculture de plein champ et l'arboriculture est beaucoup plus importante que celle de cours d'eau susceptibles de ne recevoir que des substances utilisĂ©es en viticulture ou transportĂ©es avec les effluents d'Ă©puration.
Grùce au choix judicieux des stations de mesures de NAWA MP, les différents profils d'utilisation du sol dans les bassins versants et les différents degrés d'influence des eaux usées sur les cours d'eau sont représentés dans le programme de monitoring. Comme le montre la figure 2, les sites couvrent tout l'éventail de valeurs de la part relative des zones urbaines, des champs, des vergers et des vignes dans le bassin versant et de la part d'effluents d'épuration reçus par le milieu aquatique. Ainsi, par exemple, l'Eschelisbach (ID 147) présente un bassin versant trÚs agricole et trÚs peu urbanisé qui comporte 32 % de champs (voir les points noirs assortis du n° ID dans la figure 2). PrÚs de 4700 km de cours d'eau présentent en Suisse une part de champs équivalente ou supérieure dans le bassin versant (partie de la barre située à droite du point). Par ailleurs, la part de la surface du bassin versant de l'Eschelisbach occupée par les vergers (18%) est trÚs élevée: seuls 270 km de cours d'eau en présentent une part plus forte dans toute la Suisse. Cette exploitation agricole intensive du bassin versant contraste avec une part de seulement 0,5% consacrée à l'habitat humain. Enfin, l'Eschelisbach ne reçoit pas d'effluents de STEP. De son cÎté, le Furtbach (ID 49), subit des influences aussi bien agricoles qu'urbaines. Il reçoit une part d'eaux usées trÚs élevée, de l'ordre de 20% (rapport entre le flux annuel d'eaux usées estimé et le débit annuel du cours d'eau): seuls 100 km de cours d'eau subissent des rejets d'effluents plus importants dans toute la Suisse. Le Furtbach représente donc la faible part du linéaire fortement influencée par les STEP. Avec une part de champs de prÚs de 30% dans son bassin versant, le Furtbach est également influencé par les activités agricoles. Pour l'heure, il manque encore à NAWA MP un site caractérisé par une part de zones urbaines de plus de 25 %. La possibilité d'intégrer un tel site dans le réseau NAWA lors de la prochaine extension du programme est donc à l'étude.
Les contrĂŽles de NAWA MP sont effectuĂ©s dans des cours d'eau de toutes tailles, ce qui permet d'Ă©tablir un rapport Ă©ventuel entre le degrĂ© ou le type de pollution et la dimension du milieu rĂ©cepteur (fig. 3). Cet aspect est important dans la mesure oĂč les concentrations de pesticides sont en gĂ©nĂ©ral plus Ă©levĂ©es dans les cours d'eau de petite taille et de moyenne dimension que dans les grands [10] alors que c'est dans les fleuves et grandes riviĂšres que les charges sont les plus fortes. Si l'on considĂšre la longueur totale des cours d'eau ayant une source de MP dans le bassin versant, il s'avĂšre que les petits cours d'eau sont sous-reprĂ©sentĂ©s dans le rĂ©seau NAWA MP alors qu'ils sont trĂšs importants d'un point de vue Ă©cologique [19] (fig. 3). Malheureusement, leur prise en compte reprĂ©sentative demanderait un supplĂ©ment trĂšs important de stations de mesure, ce qui n'est pas envisageable en regard des ressources disponibles. Les fleuves et trĂšs grandes riviĂšres sont Ă©galement surreprĂ©sentĂ©s mĂȘme s'ils ne bĂ©nĂ©ficient que de trois stations (fig. 3). Ils doivent cependant ĂȘtre pris en compte en raison de leur importance pour les charges polluantes.
L'Ă©chantillonnage standard de NAWA MP repose sur le prĂ©lĂšvement, tout au long de l'annĂ©e, d'Ă©chantillons composites de 14 jours constituĂ©s d'Ă©chantillons unitaires prĂ©levĂ©s Ă intervalles de temps rĂ©guliers. Cette pĂ©riodicitĂ© livre des rĂ©sultats pouvant ĂȘtre comparĂ©s aux valeurs limites Ă©cotoxicologiques fixĂ©es par la loi (cf. encart) et permettant d'Ă©valuer les risques Ă©cotoxicologiques chroniques [12]. Ce type d'Ă©chantillonnage permet par ailleurs de couvrir toute la pĂ©riode d'Ă©mission potentielle des polluants. Dans huit stations situĂ©es en milieu principalement agricole, les prĂ©lĂšvements ne sont effectuĂ©s que de mars Ă octobre car il est fort probable que la pollution y soit faible en hiver.
Les fleuves et grandes riviÚres que sont l'Aar, le RhÎne et le Rhin font l'objet d'un calcul des charges polluantes. Pour ce faire, des échantillons sont prélevés à intervalles de débit réguliers puis regroupés en échantillons composites de 14 jours dans l'Aar (à Brugg) et de 7 jours dans le RhÎne (à la Porte du Scex). Dans le Rhin (station de surveillance du Rhin de Weil), des échantillons journaliers sont prélevés selon un mode lié au temps, ce qui permet également un calcul des charges.
La pollution diffuse des cours d'eau se produit souvent Ă la faveur des pluies et donne lieu Ă des pics de concentration de courte durĂ©e (de quelques heures Ă quelques jours) [10]. Pour pouvoir les apprĂ©hender, un Ă©chantillonnage plus serrĂ©, basĂ© sur une pĂ©riodicitĂ© de 3,5 jours, est effectuĂ© sur 14 sites trĂšs agricoles d'avril Ă juillet (pĂ©riode Ă laquelle les pics les plus forts sont attendus). En regroupant quatre de ces Ă©chantillons, la concentration sur 14 jours peut Ă©galement ĂȘtre calculĂ©e. Les concentrations maximales atteintes dans les cours d'eau peuvent cependant ĂȘtre beaucoup plus Ă©levĂ©es que dans les Ă©chantillons de 3,5 jours [20, 21].
Des milliers de composĂ©s chimiques utilisĂ©s dans l'espace domestique, dans l'artisanat et dans l'agriculture sont susceptibles de se dĂ©verser dans les cours d'eau [10, 11]. Mais tous ne menacent pas au mĂȘme degrĂ© la qualitĂ© des eaux et la vie aquatique. L'objectif poursuivi lors du choix des substances Ă surveiller dans NAWA MP Ă©tait donc de sĂ©lectionner celles pouvant ĂȘtre prĂ©sentes Ă des concentrations dangereuses pour les organismes aquatiques, d'une part, et celles se dĂ©versant en grande quantitĂ© dans les cours d'eau, d'autre part.
Les composĂ©s susceptibles d'avoir un impact Ă©cotoxicologique sur les organismes aquatiques sont en premier lieu ceux qui sont utilisĂ©s en raison de leur action sur les ĂȘtres vivants, c'est-Ă -dire principalement les pesticides et les mĂ©dicaments. Ă ces deux groupes s'ajoutent d'autres substances potentiellement problĂ©matiques d'un point de vue Ă©cotoxicologique ou importantes car Ă©mises en grandes quantitĂ©s.
Les PPh et biocides ont été sélectionnés en tenant compte de toutes les substances actives autorisées, les médicaments et les autres composés en fonction de la disponibilité de données de mesure [11, 12]. Les paramÚtres considérés étaient l'exposition, c'est-à -dire les concentrations rencontrées, et le risque pour les organismes aquatiques ; l'exposition est comparée aux critÚres de qualité écotoxicologiques (CQE) pour déterminer la pertinence des composés. L'exposition a été estimée à partir de modÚles et des données de screenings de grande envergure [1, 2, 22, 23]. La modélisation était basée sur les propriétés physicochimiques des composés (dégradabilité dans le sol / l'eau / le corps / les STEP, capacité de sorption, etc.) et, lorsqu'elles étaient disponibles, sur les données relatives aux quantités vendues. Concernant l'écotoxicité, des CQE de différentes sources étaient disponibles. Une fois opérée, la sélection a été optimisée avec des experts des administrations fédérales et cantonales et de la recherche et la faisabilité technique des analyses a été vérifiée auprÚs des laboratoires cantonaux. Le Centre Ecotox a ensuite livré des CQE pour toutes les substances définitivement sélectionnées [24].
Il en a rĂ©sultĂ© une sĂ©lection de 65 substances qui seront appelĂ©es substances NAWA MP dans la suite de l'article (fig. 4). Il s'agit de 49 pesticides, 13 mĂ©dicaments et trois autres composĂ©s. Sur les 22 substances rĂ©glementĂ©es par des valeurs limites Ă©cotoxicologiques dans l'OEaux, 21 sont suivies dans NAWA MP. La seule exception est le diazinon qui, n'Ă©tant plus autorisĂ© ni en tant que biocide ni en tant que PPh, n'est plus jugĂ© d'une importance majeure. Il continue cependant d'ĂȘtre analysĂ© par de nombreux cantons. La valeur limite gĂ©nĂ©rale de 0,1 ”g/l s'applique aux 31 autres pesticides de la sĂ©lection de NAWA MP dans tous les cours d'eau. Autrement dit, 52 substances NAWA MP sont rĂ©glementĂ©es par des valeurs limites figurant dans l'OEaux. Pour l'Ă©valuation Ă©cotoxicologique, des CQC sont disponibles pour toutes les 65 substances (sauf pour le sotalol, un mĂ©dicament) de mĂȘme que des CQA pour la plupart d'entre elles [24].
Les rĂ©sultats des screenings montrent que l'Ă©tude des PPh sĂ©lectionnĂ©s pour NAWA MP permet de mesurer la majeure partie de la pollution imputable Ă ces composĂ©s et ayant un impact Ă©cotoxicologique. Ainsi, dans une Ă©tude portant sur prĂšs de 200 PPh, 75 % des dĂ©passements des CQE Ă©taient en moyenne dus aux 49 PPh retenus pour NAWA MP [2]. Les nouvelles Ă©tudes du canton de Zurich (voir article de Teichler et al., Aqua & Gas 7/8-2020, pp. 54-61) livrent des conclusions similaires. Pour les autres groupes de substances, cet aspect n'a pas encore pu ĂȘtre Ă©tudiĂ© de façon systĂ©matique.
Le programme distingue trois types de stations de mesure sur lesquelles diffĂ©rents jeux de substances sont quantifiĂ©es selon la pollution attendue. Sur les 65 substances NAWA MP, 52 sont mesurĂ©es sur l'ensemble des 33 stations. Neuf PPh sont analysĂ©s sur 26 sites fortement agricoles et convenant donc particuliĂšrement bien au suivi du plan d'action sur les PPh. Par ailleurs, quatre insecticides pyrĂ©thrinoĂŻdes ou organophosphorĂ©s sont quantifiĂ©s de mars Ă octobre sur 21 sites. Ils peuvent constituer un risque considĂ©rable par endroit mais nĂ©cessitent des mĂ©thodes d'analyse complexes et spĂ©cifiques pour ĂȘtre quantifiĂ©s Ă des concentrations suffisamment basses [25].
Les données disponibles sur les pesticides et les médicaments étaient suffisantes pour permettre une sélection assez conséquente. Il se peut cependant que des composés pourtant importants, provenant par exemple des ménages, de l'industrie, de l'artisanat ou encore des décharges, n'aient pas encore été identifiés. La sélection de NAWA MP sera donc actualisée réguliÚrement. Les mises à jour se baseront sur des informations théoriques et sur des données de mesure. En effet, étant donné que certains cantons, tout comme la station de Weil am Rhein, surveillent une variété de substances bien plus large que cette sélection, leurs mesures pourront alerter sur l'importance de nouveaux composés.
NAWA MP a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© progressivement et continuera de l'ĂȘtre de cette façon. Il comprend 33 stations de mesure dont 32 actuellement en action (situation de mai 2020). En 2018, seules 18 de ces stations ont Ă©tĂ© utilisĂ©es et toutes les substances NAWA MP n'ont pas Ă©tĂ© mesurĂ©es: pour cette premiĂšre annĂ©e du programme, des donnĂ©es ont Ă©tĂ© obtenues pour 59 des 65 composĂ©s de la sĂ©lection. Certains cantons ont livrĂ© des rĂ©sultats pour d'autres MP que ceux choisis. L'analyse des donnĂ©es prĂ©sentĂ©e ici se limite aux substances NAWA MP. Sur les 18 stations entrĂ©es en action en 2018, 12 ont effectuĂ© des mesures toute l'annĂ©e et six ont fonctionnĂ© sur seulement six mois ou par intermittence (fig. 6). Les concentrations infĂ©rieures Ă la limite de quantification ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme des non dĂ©tections. Ătant donnĂ© qu'aucun Ă©chantillon composite de 3,5 jours n'a Ă©tĂ© prĂ©levĂ© en 2018, la prĂ©sente analyse se base pour tous les sites sur des valeurs correspondant Ă la concentration moyenne sur deux semaines. Ces valeurs rĂ©sultent soit de l'analyse directe d'Ă©chantillons composites de 14 jours soit du calcul de concentrations Ă©quivalentes Ă partir d'Ă©chantillons composites de plus courte durĂ©e (Rhin et RhĂŽne). Dans cet article, les concentrations obtenues Ă partir de prĂ©lĂšvements effectuĂ©s selon un mode liĂ© au dĂ©bit (Aar et RhĂŽne) sont traitĂ©es comme celles de prĂ©lĂšvements asservis au temps. Ces concentrations moyennes de 14 jours ont Ă©tĂ© comparĂ©es aux valeurs limites Ă©cotoxicologiques fixĂ©es pour les pollutions chroniques, Ă la valeur limite gĂ©nĂ©rale de 0,1 ”g/l pour les pesticides et aux CQC. Ătant donnĂ© quâaucun des cours d'eau Ă©tudiĂ©s ne servaient Ă l'approvisionnement en eau potable, les valeurs limites fixĂ©es pour les cours dâeau Ă©tant dans ce cas ont Ă©tĂ© utilisĂ©es (cf. encart).
En 2018, de 10 à 47 substances NAWA MP ont été détectées sur chaque site à des concentrations parfois élevées. Des dépassements des valeurs limites légales ont été constatés sur tous les sites. Dans certains cours d'eau, des substances sans valeur limite écotoxicologique dans l'OEaux ont également été détectées à des concentrations supérieures à leur CQE.
Sur les 59 substances NAWA MP étudiées, 56 ont été détectées sur au moins un site. Ces 40 pesticides, 13 médicaments et 3 autres MP étaient présents à des fréquences trÚs variables: certains composés, comme le fongicide pyriméthanyl, n'étaient présents que dans 1% des échantillons alors que le benzotriazole, un agent anticorrosion trÚs courant, était détecté dans 75 % d'entre eux.
Les concentrations les plus fortes ont Ă©tĂ© mesurĂ©es pour le propamocarbe (fongicide) et l'isoproturon (herbicide), qui affichaient un peu moins et un peu plus de 10 ”g/l (fig. 5). Venaient ensuite des substances Ă©mises en grande quantitĂ© par le milieu urbain avec en tĂȘte le benzotriazole et le mĂ©thylbenzotriazole, deux agents anticorrosion. C'est d'ailleurs, en moyenne, dans ce groupe des «autres MP» que les plus fortes concentrations Ă©taient mesurĂ©es.
Les concentrations de médicaments et «autres MP» étaient plus faibles dans les petits cours d'eau que dans ceux de plus grande dimension (fig. 5, les grands cours d'eau et les fleuves et trÚs grandes riviÚres sont regroupés dans la catégorie 6). Ceci s'explique par le fait que ces substances rejoignent le milieu aquatique en quantités notables par les STEP et que les petits cours d'eau ne reçoivent généralement pas d'effluents d'épuration.
Les cours d'eau de taille modeste et moyenne étudiés présentaient des concentrations relativement élevées de pesticides. Dans les cours d'eau plus grands, les apports de pesticides sont dilués par les forts débits, si bien que les concentrations y sont plus faibles.
Des dépassements des valeurs limites fixées pour les MP ont été observés sur tous les 18 sites étudiés en 2018 et pour 38 des 52 substances NAWA MP réglementées par des valeurs limites dans l'OEaux (fig. 6). Si l'on ne considÚre que celles assorties de valeurs limites écotoxicologiques, 20 sur 21 présentaient des dépassements sur au moins un site (seule exception: l'époxiconazole). Les valeurs limites écotoxicologiques ont été dépassées sur 9 sites pour des médicaments (fig. 6, catégorie M) et sur 12 sites pour des pesticides (fig. 6, catégorie P). La valeur limite générale de 0,1 ”g/l a été dépassée dans 13 cours d'eau pour les pesticides auxquels elle s'applique (fig. 6, catégorie G).
Ces dĂ©passements ont Ă©tĂ© observĂ©s avec de nombreux pesticides diffĂ©rents (fig. 6) mais les substances qui en Ă©taient responsables changeaient au cours de l'annĂ©e. Les pesticides posaient ainsi surtout problĂšme pendant la pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation, du printemps Ă l'automne, alors que des dĂ©passements dus aux mĂ©dicaments Ă©taient observĂ©s quelle que soit la saison. Ces rĂ©sultats indiquent donc que certains sites subissent une pollution persistante de longue durĂ©e, parfois due Ă une multitude de substances. Les dĂ©passements, nombreux et durables, des valeurs limites Ă©cotoxicologiques montrent que des effets nĂ©gatifs sur les organismes aquatiques ne peuvent ĂȘtre exclus dans la plupart des cours d'eau Ă©tudiĂ©s.
Ces cours d'eau subissent cependant une pollution d'intensitĂ© et de durĂ©e trĂšs variable. Quatre cours d'eau moyens et de grande taille recevant des effluents de STEP (le Furtbach, la Landgrabe, le Vedeggio et la Glatt) ont prĂ©sentĂ© quasiment toute l'annĂ©e des concentrations de certains mĂ©dicaments supĂ©rieures aux valeurs limites Ă©cotoxicologiques. Dans la Glatt, seul le diclofĂ©nac donnait lieu Ă des dĂ©passements mais, ceci, dans tous les Ă©chantillons sans exception. Les mĂ©dicaments ne jouent qu'un rĂŽle trĂšs mineur dans les petits cours d'eau car ces derniers ne reçoivent pas d'effluents d'Ă©puration. Certains cours d'eau (comme le canal d'Uvrier) ne prĂ©sentaient quasiment pas de dĂ©passements des valeurs limites Ă©cotoxicologiques chez les pesticides alors que d'autres (comme la Landgrabe, le Vedeggio et le Furtbach) pouvaient subir cette situation pendant 9 mois consĂ©cutifs. L'Aar, le Rhin et le RhĂŽne prĂ©sentaient le nombre de dĂ©passements le plus faible, mais n'Ă©taient pourtant pas exempts de pollution. Les valeurs limites Ă©cotoxicologiques ont ainsi Ă©tĂ© temporairement dĂ©passĂ©s pour certains mĂ©dicaments dans le Rhin et l'Aar (pour le diclofĂ©nac dans le premier et pour le diclofĂ©nac et l'azithromycine dans la seconde) et pour un pesticide dans le RhĂŽne (l'imidaclopride). Ătant donnĂ©, cependant, que les donnĂ©es n'Ă©taient pas disponibles en continu pour toute l'annĂ©e sur tous les sites, une comparaison entre les cours d'eau n'est pas toujours possible.
En plus des 20 substances ayant donnĂ© lieu Ă des dĂ©passements des valeurs limites Ă©cotoxicologiques, huit substances NAWA MP non encore rĂ©glementĂ©es par de tels seuils dans l'OEaux (sept pesticides et un mĂ©dicament) ont prĂ©sentĂ© des concentrations supĂ©rieures Ă leur critĂšre de qualitĂ© environnementale (CQE). Par ailleurs, les cantons ont mesurĂ© certaines substances en complĂ©ment de celles de NAWA MP et ont constatĂ© des dĂ©passements du CQE pour l'acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) et l'ibuprofĂšne sur certains sites. Le risque pour les organismes aquatiques est ainsi encore plus Ă©levĂ© que celui Ă©valuĂ© Ă partir des substances NAWA MP et des prescriptions de l'OEaux. D'autres substances ne figurant pas dans la sĂ©lection de NAWA MP ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es par endroit Ă des concentrations Ă©levĂ©es. C'est le cas de l'EDTA, un complexant utilisĂ© dans les lessives et les dĂ©tergents, de l'acĂ©sulfame et du sucralose, deux Ă©dulcorants de synthĂšse, de mĂȘme que de l'iopamidol, de l'iomeprol et de la metformine, trois mĂ©dicaments. Il apparaĂźt ainsi que la sĂ©lection de substances de NAWA MP ne permet pas encore de couvrir en totalitĂ© les polluants potentiellement prĂ©sents Ă de trĂšs fortes concentrations. L'Ă©ventualitĂ© de dĂ©finir des valeurs limites Ă©cotoxicologiques pour d'autres substances dans l'OEaux et de complĂ©ter la sĂ©lection de NAWA MP avec d'autres substances prĂ©occupantes sur le plan Ă©cotoxicologique ou pouvant montrer des concentrations Ă©levĂ©es est donc Ă l'Ă©tude. Les donnĂ©es de 2018 ont permis une premiĂšre analyse du monitoring des micropolluants dans l'observation nationale de la qualitĂ© des eaux de surface. Les donnĂ©es qui seront dĂ©sormais obtenues sur davantage de sites et sur des pĂ©riodes plus longues permettront d'affiner et de consolider les conclusions.
Le programme d'observation nationale de la qualité des eaux de surface NAWA a été complété d'un volet Micropolluants (NAWA MP). 33 sites et 65 substances ont été choisis de maniÚre à couvrir en premier lieu les micropolluants émis par l'agriculture et l'habitat humain dans des cours d'eau présentant différents degrés de pollution. Ils permettent par ailleurs de contrÎler le bon respect de 21 valeurs limites écotoxicologiques sur les 22 fixées par l'annexe 2 de l'OEaux.
Les premiers résultats de NAWA MP, obtenus en 2018, montrent que les valeurs limites de l'OEaux sont dépassées, parfois durablement, dans tous les cours d'eau étudiés, quelle que soit leur taille. Les valeurs limites écotoxicologiques ont été dépassées sur au moins un site pour quasiment toutes les substances auxquelles elles s'appliquent. La nature des substances responsables des dépassements et la durée de ces dépassements varient trÚs fortement d'une station de mesure à l'autre. Il n'est donc pas exclu que la pollution par les pesticides et les médicaments, telle qu'elle a été observée ici, ait un impact négatif sur les organismes aquatiques.
Il s'avĂšre par ailleurs que NAWA MP permet aussi de suivre les substances qui, mĂȘme si elles ne prĂ©sentent pas de risque pour la vie aquatique, posent un problĂšme de pollution du fait des fortes quantitĂ©s rejetĂ©es.
En plus d'un suivi de l'Ă©tat des eaux, le programme de monitoring permet Ă©galement d'Ă©valuer l'effet des mesures importantes prises pour rĂ©duire les rejets de MP dans le milieu aquatique, Ă savoir l'extension des stations d'Ă©puration et le plan d'action sur les produits phytosanitaires. PrĂšs d'un tiers des stations de NAWA MP sont idĂ©ales pour contrĂŽler l'efficacitĂ© des nouveaux traitements d'Ă©puration puisque (i) les cours d'eau concernĂ©s prĂ©sentent une ou plusieurs STEP ayant Ă©tĂ© ou devant ĂȘtre Ă©quipĂ©es dans le bassin versant, (ii) qu'ils accueillent une part importante d'effluents d'Ă©puration et que (iii) une rĂ©duction d'au moins 50% de la pollution par les MP issus de l'assainissement communal est attendue Ă leur niveau. Entre autres facteurs, la rĂ©duction obtenue dĂ©pend cependant de la date d'installation des Ă©quipements supplĂ©mentaires dans les diffĂ©rentes STEP. Les premiers effets de cette mesure sont dĂ©jĂ visibles Ă la station de surveillance du Rhin de Weil am Rhein. La charge en diclofĂ©nac, notamment, a baissĂ© et il semble bien, au vu des premiers rĂ©sultats, que cette baisse soit due en grande partie au perfectionnement des STEP.
NAWA MP permet Ă©galement d'Ă©valuer les effets du PA PPh. Sur les 33 sites du programme, 26 prĂ©sentent un bassin versant trĂšs agricole ; les grands types de cultures (champs â dont surfaces maraĂźchĂšres â, vergers et vignes) sont reprĂ©sentĂ©s et la sĂ©lection de substances permet un bon suivi de la pollution par les PPh gĂ©nĂ©rĂ©e par l'agriculture. Bien que, de ce fait, NAWA MP soit en principe capable de mettre en Ă©vidence les changements dus au plan d'action, le contrĂŽle de ses effets est loin d'ĂȘtre chose facile. Ne serait-ce que parce que la pollution par les PPh peut Ă©normĂ©ment varier d'une annĂ©e Ă l'autre sous l'effet de nombreux facteurs dont les conditions mĂ©tĂ©o (pluies) et les traitements phytosanitaires appliquĂ©s.
Le programme NAWA MP sera réguliÚrement optimisé en fonction de l'évolution des connaissances sur la pollution des eaux et des avancées sur le plan analytique. Les études détaillées menées dans le cadre de NAWA SPEZ ou les analyses de situation comme celle que le VSA effectue actuellement pour l'industrie et l'artisanat [26] livrent par exemple les informations qui permettent de décider des modifications à apporter à NAWA MP.
Le programme NAWA MP fournit donc une contribution précieuse et nécessaire à l'appréciation de la pollution chimique des eaux de surface en Suisse et à la vérification de l'efficacité des mesures prises pour améliorer leur qualité.
Depuis le 1er avril 2020, l'annexe 2, ch. 11, par. 3 de l'OEaux fixe de nouvelles exigences chiffrées déterminées individuellement sur des critÚres écotoxicologiques pour 22 micropolluants organiques [6]:
Trois des 22 nouvelles substances ainsi réglementées sont des médicaments pour lesquels l'OEaux ne formulait pas auparavant d'exigences chiffrées.
19 des 22 nouvelles substances ainsi réglementées sont des pesticides pour lesquels les nouvelles valeurs limites écotoxicologiques viennent remplacer l'exigence générale de 0,1 ”g/l.
Pour tous les autres pesticides organiques ne faisant pas l'objet d'une réglementation spécifique, la valeur limite générale de 0,1 ”g/l reste applicable.
Les autres micropolluants organiques ne font pas l'objet d'exigences chiffrées pour les eaux de surface.
Autre nouveautĂ©, l'OEaux fait maintenant la distinction pour les pesticides entre les eaux de surface utilisĂ©es pour la production d'eau potable et les autres. Dans les eaux servant Ă l'approvisionnement en eau potable, la valeur limite gĂ©nĂ©rale de 0,1 ”g/l pour les pesticides ne doit ĂȘtre dĂ©passĂ©e en aucun cas. Dans les autres eaux superficielles, pour lesquelles la protection des organismes aquatiques reste la prĂ©occupation majeure, les exigences chiffrĂ©es peuvent ĂȘtre infĂ©rieures ou supĂ©rieures Ă 0,1 ”g/l selon les pesticides. L'OEaux fait par ailleurs une distinction entre les pollutions de longue et de courte durĂ©e. Dans le cas de pollutions de longue durĂ©e, la loi est respectĂ©e si les concentrations moyennes sur deux semaines n'excĂšdent pas les exigences chiffrĂ©es. Dans le cas de pollutions de courte durĂ©e, l'ordonnance impose que chaque concentration mesurĂ©e, et non pas seulement la moyenne, soit infĂ©rieure Ă l'exigence chiffrĂ©e correspondante.
Si les analyses montrent que les exigences chiffrĂ©es ne sont pas respectĂ©es dans un cours d'eau, les autoritĂ©s cantonales sont tenues de dĂ©terminer et d'Ă©valuer la nature et l'ampleur de la pollution, d'en dĂ©terminer les causes, d'Ă©valuer l'efficacitĂ© des mesures possibles et de prendre celles qui s'imposent (art. 47 OEaux). Les cantons disposent d'une certaine marge de manĆuvre dans l'apprĂ©ciation de l'ampleur de la pollution et de l'efficacitĂ© des mesures. Le principe gĂ©nĂ©ral est le suivant : la pollution est jugĂ©e de grande ampleur si les exigences chiffrĂ©es fixĂ©es pour protĂ©ger les ressources en eau potable ou dĂ©finies par substance pour prĂ©server la vie aquatique son dĂ©passĂ©es. Dans un souci de protection des ressources en eau potable et des organismes aquatiques, il est alors important que toutes les mesures de rĂ©duction de la pollution soient prises rapidement, mĂȘme si elles demandent des efforts considĂ©rables. L'ampleur de la pollution est en gĂ©nĂ©ral jugĂ©e moins forte si la valeur limite gĂ©nĂ©rale de 0,1 ”g/l dĂ©finie pour les pesticides organiques est dĂ©passĂ©e dans les eaux superficielles ne servant pas Ă l'approvisionnement en eau potable. Dans ce cas-lĂ , le canton concernĂ© peut se contenter de mettre en Ćuvre les mesures les plus efficaces et les plus aisĂ©ment rĂ©alisables. L'OFEV travaille actuellement Ă l'Ă©laboration d'une aide Ă l'exĂ©cution qui prĂ©cisera la marche Ă suivre.
Pour faciliter la lecture de l'article, les «exigences chiffrées individuelles basées sur des critÚres écotoxicologiques» seront appelées valeurs limites écotoxicologiques et «l'exigence chiffrée générale» valeur limite générale.
[2] Spycher, S. et al. (2019): Pollution élevée des ruisseaux par les produits phytosanitaires - NAWA SPEZ 2017 confirme la pollution répandue des petits cours d'eau des zones d'agriculture intensive. Aqua & Gas 4/2019T. https://www.aquaetgas.ch/fr/eau/cours-d-eau/20190328_nawa-spez-2017/.
[3] Canton de Vaud (2018): De source sĂ»re, la qualitĂ© des cours dâeau vaudois.
[4] Niederhauser, P. et al. (2018): Wasser und GewĂ€sser, Gesamtbericht. Kanton ZĂŒrich, Baudirektion; Amt fĂŒr Abfall, Wasser, Energie und Luft; Abteilung GewĂ€sserschutz. ZĂŒrich.
[7] European Commission. (2011): Common Implementation Strategy for the Water Framework Directive. Technical Guidance for Deriving Environmental Quality Standards. Guidance Document No 27
[9] Conseil fédéral (2017): Plan d'action visant à la réduction des risques et à l'utilisation durable des produits phytosanitaires. Rapport du Conseil fédéral.
[13] OFEV. (2020): RĂ©seau hydrographique suisse. https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/eaux/etat/cartes/reseau-hydrographique-suisse.html.
[15] OFEV (2013): Subdivision de la Suisse en bassins versants (GAB-EZGG-CH).
[16] Office fédéral de la statistique (2009 et 2018): Statistique de la superficie.
[17] Swisstopo (2008): Vector25. Reproduit avec l'autorisation de Swisstopo DV002232.1
[18] Swisstopo (2019): TLM. Reproduit avec l'autorisation de Swisstopo DV002232.1
[19] Leib, V. (2015): Biologischer Zustand kleiner FliessgewÀsser Aqua & Gas. 4/2015: 66-75
[20] Doppler, T. et al. (2012): Spatial variability of herbicide mobilistaion and transport at catchment scale: insights from a field experiment. Hydrology and Earth System Sciences. 16: 1947-1967.
[21] Leu, C. et al. (2004): Variability of Herbicide Losses from 13 Fields to Surface Water within a Small Catchment after a Controlled Herbicide Application. Environmental Science & Technology. 38: 3835-3841.
[24] Centre Ecotox. (2020): Propositions de critÚres de qualité. https://www.centreecotox.ch/prestations-expert/criteres-de-qualite-environnementale/propositions-de-criteres-de-qualite/
[26] VSA (en cours): Situationsanalyse zu StoffeintrÀgen aus Industrie und Gewerbe.
Nous tenons Ă remercier tous les cantons impliquĂ©s dans le programme NAWA MP pour leurs prĂ©cieuses contributions. Un grand merci Ă©galement Ă Urs Helg (OFEV) pour l'analyse des gĂ©odonnĂ©es ainsi qu'Ă JoĂ«lle Blanc et Ursula Leuenberger pour la gestion des donnĂ©es. Nous souhaitons Ă©galement remercier Reto Muralt, Christian Leu et Damian Dominguez (OFEV) ainsi que Heinz Singer et Christian Stamm (Eawag) pour leurs commentaires avisĂ©s sur le prĂ©sent article de mĂȘme que Laurence Frauenlob (Waldkirch /D) pour la traduction en français.
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