Lorsqu’on parle de problèmes liés à l’eau dans les pays du Sud au sens large, on pense immédiatement aux aspects bactériologiques, car la contamination de l’eau de boisson y est le plus souvent liée à des épidémies telles que le typhus ou le choléra. La question des pesticides dans les pays tropicaux est en revanche très peu étudiée. Une équipe de chimistes de l’environnement, de spécialistes de toxicologie humaine et de politologues s’est intéressée aux pesticides dans deux régions tests en Ouganda et au Costa Rica. De 2017 à 2020, les scientifiques ont déterminé les produits appliqués sur le terrain et les substances actives présentes dans les cours d’eau et les captages d’eau potable. En parallèle, les paysans ont été interrogés pour savoir comment ils manipulaient les pesticides et ce qu’ils savaient sur les risques liés à ces produits. L’équipe a découvert des signes indubitables d’impacts négatifs de l’emploi de pesticides sur la santé de la population paysanne. Le projet a par ailleurs mis en évidence des déficiences au niveau des données environnementales, du conseil et de l’information du monde paysan et de la réglementation de l’utilisation des pesticides.
Le projet s’intéressait surtout à des substances «modernes», bien souvent polaires, de la catégorie des fongicides et des insecticides. Ces substances ne sont quasiment pas réglementées en Afrique et en Amérique centrale alors qu’elles sont apparemment d’un usage très courant. Dans certains échantillons, les scientifiques ont mesuré des concentrations très supérieures aux valeurs limites en vigueur en Suisse. À sa grande surprise, l’équipe a d’autre part détecté dans les puits et étangs servant à alimenter la population en eau potable, des substances pourtant peu appliquées dans les champs, comme le chlorpyrifos, un insecticide aujourd’hui interdit en Suisse. Les scientifiques supposent que ce produit a été utilisé dans les étables pour lutter contre les moustiques et les acariens et qu’il a été entraîné dans le milieu aquatique avec les engrais de ferme, par exemple.
Le projet «Pestrop» a été dirigé en commun par l’institut de recherche de l’eau Eawag et l’Institut tropical et de santé publique suisse.
Lors de la journée d'infEAU de l'Eawag "Recherche sur l'eau pour un développement durable", qui se tiendra le 14 septembre 2023 à Dübendorf, Christian Stamm, directeur adjoint de l'Eawag, mettra en lumière les études de l'Eawag sur l'utilisation des pesticides dans le Sud mondial, mais aussi en Suisse, et présentera les résultats des recherches. Il expliquera notamment le conflit d'objectifs entre la protection des plantes versus la protection de l'environnement et de la santé, identifiera les causes des problèmes et esquissera des stratégies de solution possibles.
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Publication originale
Oltramare, C.; Weiss, F. T.; Staudacher, P.; Kibirango, O.; Atuhaire, A.; Stamm, C. (2023) Pesticides monitoring in surface water of a subsistence agricultural catchment in Uganda using passive samplers, Environmental Science and Pollution Research, 30(9), 10312-10328, doi:10.1007/s11356-022-22717-2, Institutional Repository
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Source
Institut Fédéral Suisse des Sciences et Technologies de l’Eau, créée par Andri Bryner
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ContactÂ
info@eawag.ch
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