Nicolas Zwahlen: Le réseau de gaz de Viteos couvre toutes les régions du canton de Neuchâtel, à savoir le Littoral depuis Cressier jusqu’à Bevaix, le Val-de-Ruz, le Val-de-Travers et les montagnes neuchâteloises avec les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle. Nous avons un réseau de conduites de transport et de distribution de 511 km. Notre réseau de transport est essentiellement construit en acier avec protection cathodique. Pour le réseau de distribution basse pression nous posons du polyéthylène (PE). Nous avons toutefois encore des anciennes conduites en acier et en fonte ductile sur notre réseau de distribution ainsi qu’environ 3 km de conduite en fonte grise que nous aurons entièrement supprimé d’ici à fin 2023.
Gilles Vuilliomenet: Viteos exploite différents réseaux de chaleur à distance dans le canton de Neuchâtel et un réseau dans le Jura ainsi qu’un réseau de froid à distance à Neuchâtel, alimenté par l’eau du lac. Globalement, pour donner une idée de l’importance de ces réseaux, ce n’est pas moins de l’équivalent de 36'000 habitants qui sont chauffés par les CAD de Viteos. Nos réseaux principaux se trouvent dans les trois villes du canton, La Chaux-de-Fonds, Le Locle et Neuchâtel. Des chauffages à distance, issus de sociétés crées avec les communes, ont également vu le jour dans des villages ces dernières années, dans le Val-de-Ruz et à La Grande-Béroche. Ces réseaux représentent 108 km de conduites pré-isolées aller-retour, soit 54 km de fouilles.
Les réseaux de Viteos sont très majoritairement alimentés par de la chaleur provenant de sources renouvelables. Pour ce faire, diverses sources de chaleur sont utilisées telles que la récupération de chaleur d’usine d’incinération des déchets de VADEC à La Chaux-de-Fonds, la production dans des centrales au bois, la biomasse ainsi que de la cogénération biogaz produit par la station d’épuration de Neuchâtel.
Les niveaux de températures diffèrent d’un CAD à l’autre en raison des infrastructures existantes, ils varient également en fonction des températures extérieures au cours de la saison. Pour donner un chiffre, les températures typiquement appliquées sont de l’ordre de 85 à 90 °C sur l’aller et environ 60 °C sur le retour.
GV: Au travers de son programme de gestion des actifs (asset management) Viteos gère le renouvellement de ses installations. Chaque année des conduites arrivées en fin de vie ou présentant un état dégradé sont remplacées, il en va de même pour les composants des sous-stations et bien entendu des chaufferies. Pour exemple, à La Chaux-de-Fonds, le quartier des Cornes-Morel a fait l’objet d’importants travaux ces trois dernières années avec le changement des anciennes conduites de réseau ainsi que la création d’un bouclage améliorant la sécurité d’approvisionnement. Nous travaillons à l’amélioration de notre efficience énergétique au travers de plusieurs axes tels que la réduction des températures de départ et leur modulation et également l’abaissement des températures de retour des réseaux au travers de programmes d’optimisation des réglages et d’assainissement des sous-stations chez les clients. De nombreux projets ont été réalisés récemment, et d’autres sont à venir, visant à étendre et densifier nos réseaux, à en augmenter l’efficience et la part de chaleur d’origine renouvelable. Pour ce faire, des réseaux ont été reliés entre eux, des nouvelles chaufferies, à bois notamment, ont vu le jour dans le canton. Des extensions importantes de notre réseau de La Chaux-de-Fonds sont en cours afin de valoriser à l’avenir plus de chaleur issue de l’usine d’incinération des déchets de VADEC ou encore à Neuchâtel pour valoriser la chaleur résiduelle des effluents de la STEP.
NZ et GV: Oui, nous avons plusieurs zones où Viteos est présent avec les deux réseaux. C’est le cas sur les villes de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Le Locle ainsi que sur la commune de Cernier. Nous travaillons actuellement sur un plan des énergies pour la ville de La Chaux-de-Fonds et sommes en cours de redéfinir les zones d’extension du CAD. À terme, nous prévoyons un retrait du réseau de gaz dans les zones où se trouve le réseau de CAD. Le but est de diviser la ville en zones et de définir les énergies prioritaires au sein de ces zones.
NZ et GV: Nous souhaitons en effet un développement harmonieux des deux types de réseau en tirant profit des avantages de chacun. Afin d’avoir des coûts de réseaux qui soient le plus bas possible tant pour le gaz que pour le CAD, nous avons donc tout intérêt à planifier le retrait du réseau de gaz dans ces zones-là . Les coûts spécifiques d’investissement du réseau de gaz étant plus bas que pour le CAD, il ne fait pas de sens de développer partout le réseau de chauffage à distance. Comme de plus les réseaux de gaz vont à l’avenir avoir une part de gaz renouvelable toujours plus importante, nous pourrons ainsi également proposer une énergie attractive aux clients du réseau de gaz.
NZ et GV: La loi cantonale sur l’énergie exige que les communes établissent un plan des énergies, soumis à l’approbation du canton. Les communes du canton commencent à établir ces plans, et Viteos participe à la mise en place de ces derniers pour plusieurs communes. Ces plans sont établis en tenant compte des infrastructures existantes et de la protection de l’environnement dans le but de réduire significativement les émissions de CO2 à l’avenir. Les deux réseaux peuvent ainsi contribuer à ces objectifs de manières complémentaires et économiquement attractives. Les réseaux CAD ont l’intérêt de pouvoir facilement valoriser de la chaleur résiduelle de divers processus comme par exemple d’usines d’incinérations ou de couplage chaleur force ainsi qu’en valorisant le bois du canton et la chaleur de l’environnement. Les réseaux de gaz vont intégrer à l’avenir une part de biomasse toujours plus importante ainsi que de l’hydrogène qu’il soit produit de manière local ou importé afin d’offrir des solutions au développement des énergies renouvelables électriques tels que le solaire ou l’éolien grâce aux systèmes de power-to-gas.
NZ: Nous avons dans un premier temps amélioré notre compréhension de la protection cathodique et formé des collaborateurs grâce aux formations proposées par la SGK (Société suisse de protection contre la corrosion). Nous avons ensuite pu faire des analyses plus détaillées de notre réseau de protection cathodique qui ont permis de mettre en évidence des défauts que nous avions sur notre réseau et de corriger et planifier les travaux pour ces prochaines années. De plus nous avons également mis en place un système de surveillance et télégestion de nos redresseurs, ce qui nous permet de mieux suivre notre protection cathodique.
NZ: Depuis 2018, nous avons désormais une organisation en place chez Viteos pour tout ce qui concerne l’asset management. Nous faisons des plans de renouvellement sur 5 et 10 ans avec une attention particulière à éliminer par exemple la fonte grise que nous prévoyons d’entièrement supprimer d’ici à fin 2023. Nous avons également fait des réflexions sur le renouvellement des branchements gaz, afin d’éviter de renouveler de façon inutile des branchements de clients qui peut-être vont changer d’énergie 5 ans après leur renouvellement par exemple. À l’avenir ces plans de renouvellement long terme vont également intégrer les plans des énergies communaux afin d’avoir un développement du réseau de gaz cohérent avec la stratégie et ainsi planifier le retrait des zones où le gaz laissera sa place à d’autres types d’énergie et cela toujours dans le but de pérenniser nos infrastructures et de maîtriser nos coûts, sachant que les investissements sont amortis sur 50 ans selon les règles de la branche gazière (modèle de la rétribution pour l’utilisation des réseaux de gaz locaux Nemo).Un grand soutien dans notre travail est une base de données géoréférencées, pour laquelle nous utilisons le logiciel ArcGIS et dans laquelle toutes les informations sur les conduites (matériaux, dommages et réparations, résultats de la détection des fuites, etc.) sont collectées.
GV: Dans le secteur du chaleur à distance, nous procédons de la même manière que dans le secteur du gaz. En outre, lors de l’entretien régulier des réseaux, nous contrôlons en même temps l’état des éléments et des conduites. Nous ramenons également ces observations dans la base de données.
La nouvelle directive G2 introduit des aspects très importants notamment sur les branchements non-consommateurs, afin d’apporter une sécurité accrue suite à l’accident d’Yverdon en 2012. Nous mettons ainsi un suivi en place pour tous ces branchements non-consommateurs, afin d’une part de connaître les intentions futures des clients et d’évaluer l’état de ces branchements tous les 6 ans. L’avantage de cette nouvelle directive est qu’elle nous donne un levier plus grand vis-à -vis des clients et ainsi de pouvoir supprimer les branchements lorsque nous considérons que la sécurité ne peut plus être garantie.
Nous nous sommes également équipés de nouveaux appareils pour simplifier la mise en œuvre des essais de pression. Dès lors où tout est digitalisé nous pouvons immédiatement interrompre un essai si nous constatons avant la fin que nous ne sommes pas dans les tolérances prévues par la directive.
Au niveau cartographique, nous allons également modifier les choses afin de mieux suivre les tronçons de conduite qui auraient été mis hors gaz, en définissant des délais de remise en service avec des alarmes.
NZ: Ce biogaz est produit à la STEP de Colombier. Cette STEP récupère les eaux usées de près de l’équivalent de 30'000 habitants et permet ainsi de produire environ 2,5 GWh de biogaz par année. Ce biogaz que nous récupérons de la STEP contient encore environ 40% de CO2 ainsi que du souffre. Ce biogaz est traité dans notre installation de purification qui permet de séparer par un procédé à membrane le CO2 ainsi que le souffre dans des filtres à charbon actif. Le biométhane ainsi obtenu répond aux exigences de qualité de la directive SSIGE G18 et est ensuite injecté dans le réseau de gaz après que nous ayons dosé du THT (Tetrahydrothiophene) afin de donner l’odeur caractéristique du gaz naturel.
NZ: Nous avons un grand projet de production de biogaz agricole à la Chaux-de-Fonds avec environ quarante agriculteurs partenaires du projet. Ce projet devrait nous permettre de produire un peu plus de 10 GWh de biogaz par année, que nous prévoyons d’injecter dans notre réseau de gaz. Nous espérons créer la société et obtenir le permis de construire en 2020. En plus de ce projet à la Chaux-de-Fonds, nous étudions encore d’autres options de production de biogaz dans le canton de Neuchâtel, dont un au Val-de-Ruz.
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