Les eaux souterraines, qui fournissent 80 % de l’eau potable consommée en Suisse, sont une ressource indigène de première importance. L’état et l’évolution des eaux souterraines sont suivis avec attention par la Confédération et les cantons grâce aux quelque 600 stations de l’Observation nationale des eaux souterraines (NAQUA). Le 15 août 2019, l’OFEV a publié les résultats des mesures et des analyses effectuées de 2007 à 2016.
Le rapport NAQUA révèle que la qualité des eaux souterraines est avant tout affectée par les nitrates et les résidus de produits phytosanitaires. La principale source de cette importante pollution est l’agriculture intensive. Le long des cours d’eau, les eaux souterraines contiennent aussi des micropolluants provenant de l’industrie, de l’artisanat et des ménages. Étant donné que les eaux souterraines ne se renouvellent que lentement, les mesures préventives visant à protéger durablement les ressources en eau sont particulièrement importantes. À titre d’exemple, on trouve encore dans les eaux souterraines des résidus d’atrazine, un herbicide pourtant interdit en Suisse depuis plus de dix ans.
La principale pollution des eaux souterraines est due aux nitrates. Alors que naturellement, leur concentration ne devrait pas y excéder quelques milligrammes par litre (mg/l), elle dépasse les 10 mg/l à plus de 80 % des stations de mesure du Plateau. En 2014, des concentrations supérieures à 25 mg/l ont été relevées à près de 15 % des stations, 25 mg/l étant la valeur limite (« exigence chiffrée ») fixée dans l’ordonnance sur la protection des eaux (OEaux).
Dans les zones de grandes cultures, cette valeur a été dépassée à 40 % des stations. Une concentration supérieure à 40 mg/l, la valeur limite fixée dans la législation sur les denrées alimentaires pour l’eau potable, a même été détectée à 2 % des stations. Les concentrations de nitrates sont un indicateur important des répercussions de l’agriculture sur les eaux souterraines. Les principales sources de cette pollution sont les engrais de ferme et les engrais minéraux.
Des résidus de produits phytosanitaires sont détectés dans les eaux souterraines à plus de la moitié des stations de mesure. Ces produits sont surtout employés à large échelle par l’agriculture. En 2014, les substances actives des produits phytosanitaires ont dépassé la valeur limite de 0,1 microgramme par litre (μg/l) à 2 % des stations. En outre, des concentrations élevées de substances issues de leur dégradation (appelées métabolites) ont été largement détectées, surtout sur le Plateau (voir fiche). À quelque 20 % des stations de mesure, les concentrations étaient supérieures à 0,1 μg/l, la valeur limite fixée pour certains métabolites.
Des concentrations dépassant la valeur limite fixée dans l’OEaux sont aussi relevées pour les hydrocarbures halogénés volatils (HHV). En 2014, c’était le cas à 4 % des stations de mesure. Cette pollution provient de sites contaminés tels que des anciennes usines ou des décharges. Des micropolluants provenant des eaux usées ont par ailleurs détectés. Ceux-ci aboutissent dans les eaux souterraines par le biais des cours d’eau (cas le plus fréquent) ou à cause de canalisations défectueuses. Dans l’ensemble, leur présence a toutefois été beaucoup moins souvent décelée que celle des métabolites de produits phytosanitaires. Selon l’OEaux, les eaux souterraines ne doivent pas contenir de substances de synthèse persistantes.
18 milliards de m3 : c’est le volume d’eaux souterraines que la Suisse pourrait, en théorie, exploiter chaque année durablement, c’est-à -dire sans provoquer d’abaissement persistant du niveau de ces eaux ni d’autres atteintes à l’environnement. Cela correspond à plus de dix fois les besoins actuels. Mais dans de nombreux endroits, des conflits d’utilisation avec l’agriculture, l’artisanat ou l’industrie, ou encore le développement urbain, empêchent d’exploiter ce potentiel.
Les eaux souterraines suisses connaissent des variations de volume saisonnières généralement faibles par rapport au volume total. Du point de vue quantitatif, leur état reste stable, du moins dans un bilan pluriannuel, grâce au renouvellement régulier et complet des aquifères. Cela devrait rester le cas aussi à l’avenir même avec le changement climatique, bien que des pénuries d’eau locales pourront survenir passagèrement lors des périodes de sécheresse, comme c’est déjà le cas aujourd’hui.
Les eaux souterraines doivent être protégées de manière plus conséquente afin d’éviter que la pression sur notre principale ressource d’eau potable n’augmente et pour diminuer la pollution. Il faut impérativement faire baisser les apports de substances provenant de l’agriculture (nitrates et produits phytosanitaires), des eaux usées (micropolluants) et des sites contaminés (hydrocarbures, entre autres), d’autant que les mesures nécessaires mettent très longtemps à produire leurs effets. C’est surtout à l’agriculture, principale responsable de la pollution par les nitrates et les produits phytosanitaires, qu’il appartient d’agir.
En ce qui concerne les substances provenant des zones urbanisées et des sites contaminés, il faut poursuivre l’équipement de certaines stations d’épuration des eaux usées afin d’éliminer les micropolluants et achever l’assainissement des sites contaminés.
Une eau souterraine utilisée comme eau potable doit respecter les valeurs limites définies dans l’ordonnance du DFI sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche accessibles au public (OPBD). La qualité de l’eau potable est garantie par les sociétés de distribution des eaux, elle est contrôlée par les services cantonaux responsables de la sécurité alimentaire.
Les analyses des eaux souterraines effectuées pendant la période 2007-2014 n’ont révélé un dépassement des valeurs limites fixées dans l’OPBD – généralement moins strictes que les exigences chiffrées de l’OEaux – qu’à un petit nombre de stations de mesure. Ces analyses permettent en principe de conclure que les eaux souterraines présentent dans la plupart des sites une qualité suffisante pour pouvoir rejoindre le réseau d’eau potable sans traitement lourd.
Mais des résultats récents viennent assombrir ce bilan : depuis peu, des produits de dégradation du fongicide chlorothalonil sont détectés dans les eaux souterraines
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