En 2004, la fondation The Ark a été créée en Valais. Quels sont es objectifs de la fondation et comment est-elle organisée?
The Ark, la Fondation pour l'innovation en Valais, organise et coordonne les différentes activités permettant l’établissement, l’éclosion (start-up), la croissance et l’épanouissement de sociétés en Valais. Elle crée les conditions-cadres adéquates pour inciter les acteurs économiques à faire preuve de créativité et d’innovation. Son ambition est de développer un véritable parc technologique multi sites en Valais et portant sur quatre 4 domaines spécifiques: Premièrement, l’informatique et la communication avec TechnoArk Sierre et IdeArk Martigny, deuxièmement les sciences de la vie avec BioArk Monthey, BioArk Viège et PhytoArk Conthey, troisièmement l’énergie et l’environnement avec BlueArk Entremont et Energypolis Sion et enfin quatrièmement la santé digitale avec S.M.A.R.T. Confluence Sion.
«BlueArk se concentre sur le cycle de l’eau pour relever les immenses défis actuels liés à l’adaptation aux changements climatiques.»
Depuis 2018, le pôle d’innovation BlueArk Entremont fait également partie de cette stratégie d’innovation valaisanne et des parcs d’innovation qui y sont associés. Quels sont les thèmes de ce pôle d’innovation?
BlueArk se concentre sur le cycle de l’eau pour relever les immenses défis actuels liés à l’adaptation aux changements climatiques et à la transition énergétique. Nous sommes persuadés que l’innovation va notamment contribuer à savoir faire face aux épisodes annoncés de sécheresses et de pluies intenses. Le thème de l’énergie de l’eau est surtout abordé sous l’angle des services industriels.
Comment fonctionne ce pôle d’innovation ? À qui s’adresse-t-il?
Nous incitons à innover en identifiant les problématiques auxquelles les gestionnaires territoriaux, soit les services industriels, soit les communes, doivent faire face et en les soumettant aux entreprises innovantes tels que les petites et moyennes entreprises, les start-ups, les spin-offs ou le monde académique. Pour ce faire nous nous adressons à tous les acteurs de la gestion de l’eau, soit aussi bien aux municipalités et aux entreprises actives dans le domaine de gestion de l’eau qu’au monde de l’innovation.
BlueArk Entremont offre des prestations aux collectivités publiques ainsi qu’aux PME et aux start-ups. Quel genre de prestations offrez-vous aux collectivités publiques et aux entreprises?
Toutes les collectivités publiques ont aujourd’hui d’énormes défis à relever que ce soit dans le domaine de la protection des eaux, de la gestion des réseaux et pour se protéger contre les dangers liés à l’eau. Nous les aidons à les formaliser et les soumettons aux entreprises innovantes sous forme de challenges à relever. Nous mettons sur pieds également des événements tels que Smart Water, un colloque international scientifique et économique sur la digitalisation du secteur de l’eau, qui a lieu chaque année. Nous organisons des rendez-vous de l’eau afin de découvrir les innovations mises en place dans les municipalités. Nous proposons des ateliers pour présenter les solutions qui ont été soumises aux divers challenges. A l’avenir nous allons proposer également aux entreprises désireuses d’innover des ateliers d’idéation afin de faire émerger des idées et répondre ainsi aux challenges déposés.
Comment BlueArk soutient-il l'Entremont pour faire avancer la numérisation dans le secteur de l’eau?
Afin que les solutions numériques innovantes puissent trouver un territoire de validation, nous travaillons aujourd’hui à la mise en œuvre d’un portail de données sur l’eau en Entremont en partenariat avec les Forces Motrices Valaisannes. Ce portail concentre et donne accès (via des web services) à l’ensemble des données gérées par les différentes entités territoriales du domaine de l’eau, soit les services des eaux, d’assainissement ou d’irrigation, les sociétés hydroélectriques, les sociétés de remontées mécaniques chargées de l’enneigement, etc. Ces données sont structurées et se rapportent aux objets des divers flux hydriques du territoire de l’Entremont – il y aura un flux «cours
d’eau», un autre «eau potable», etc. Elles pourront ainsi être analysées à l’aide d’outils numériques, tels que le machine learning, l’intelligence artificielle, etc. Ces données pourront également servir de base pour le développement de jumeaux numériques et pour faciliter la gouvernance de l’eau. Les municipalités de l’Entremont se sont engagées à consacrer aujourd’hui une part de leur budget d’investissement aux solutions innovantes. Ainsi en 2023, près de 500'000 francs sont destinés à accueillir de tels projets.
L’été sec de 2022 l’a encore démontré: Une gestion de l’eau adaptée est nécessaire pour réagir aux conséquences du changement climatique. Quels sont les projets en cours à ce sujet?
Le système d’irrigation est le principal concerné par cet épisode de sécheresse. Un projet nommé ODILE est en cours de déploiement en Entremont. Il ambitionne de définir précisément le besoin en eau des sols afin d’adapter sa distribution. Pour cela, des imageries satellites sont utilisées, ainsi que quelques capteurs dans le sol. Les arrosages sont entièrement automatisés et effectués à distance. Les premiers résultats sont très prometteurs puisque les parcelles équipées de cette solution ODILE ont consommé deux fois moins d’eau que leurs voisines et produit 30% de fourrages en plus. Pour les besoins domestiques, un projet avec la solution de la société DROOPLE est en cours. Il consiste à équiper chacun des points de soutirage de l’eau dans le bâtiment d’une mesure de débit et d’exploiter ces informations pour sensibiliser les usagers à l’usage de l’eau et en optimiser la gestion. Ce projet a par ailleurs remporté le prix coup de cœur d’Alpiq. Les développements dans le machine learning se poursuivent avec l’aide de l’EPFL.
Comment l’été sec de 2022 a-t-il été géré dans le Val de Bagnes?
Le Val de Bagnes, pourtant fort bien doté en eau, a dû faire face à des difficultés d’alimentation, notamment pour subvenir aux besoins de l’agriculture. Il s’agit essentiellement d’irrigation de prairies et il a fallu ici aussi se serrer la ceinture et organiser un tournus entre les secteurs desservis. Cela nous incite évidement à étendre la solution ODILE à l’ensemble du territoire agricole afin d’anticiper les événements futurs. Le bilan de l’année écoulée est par ailleurs en cours d’examen par des chercheurs de l’Université de Lausanne. Nous devons en tirer des leçons.
Le BlueArk Challenge est un outil important du pôle d’innovation. fonctionne-t-il?
BlueArk Challenge présente chaque année en début d’automne plusieurs problématiques proposées par des municipalités ou des services territoriaux. Celles-ci sont décrites sur le site internet et chacun peut faire acte de candidature pour tenter de proposer une solution ou une idée. Chaque année cinq candidatures sont primées, un montant de 10'000 francs est versé à chacun des lauréats et nous les assistons pour vérifier la faisabilité et de poursuivre jusqu’au développement d’un prototype. Le Challenge lancé en 2021 a permis de soutenir des projets portant sur la distribution d’eau potable sans chloration, l’alimentation en eau potable de cabanes isolées en montagne, la détection automatique des pollutions dans l’eau, la mesure des débits des torrents et l’irrigation à basse consommation. Ceux-ci sont en cours d’élaboration et nous œuvrons à réunir les fonds nécessaires à leurs développements.
«Afin que les solutions numériques innovantes puissent trouver un territoire de validation, nous travaillons aujourd’hui à la mise en œuvre d’un portail de données sur l’eau en Entremont.»
ALTIS est partenaire et co-financeur d’un projet FOWA mené à l’institut de recherche CREALP. Quel est l’enjeu de ce projet?
ALTIS Groupe SA assure la gestion déléguée des réseaux d’eau dans le Val de Bagnes. L’entreprise participe également au développement du BlueArk en mettant ses infrastructures à disposition des entreprises et des start-up pour des tests en grandeur réelle. Aujourd'hui, plus de 80 sources captées sont connectées au réseau public géré par ALTIS. Le projet soutenu par le FOWA consiste d’une part à identifier les sources d’eaux souterraines stratégiques qui sont les plus résistantes à court, moyen et long terme à la fois quantitativement et qualitativement au changement climatique et d’autre part à développer une méthodologie permettant un tel diagnostic des ressources en eau souterraine.
Quels résultats ont déjà été obtenus ?
Le CREALP avec ses géologues et hydrogéologues collabore au projet. Ses recherches ont permis de classer les sources selon des indicateurs de sensibilité à la sécheresse et selon les dernières projections climatiques pour la Suisse. En outre, le réseau de surveillance a été renforcé pour la prise de mesures nécessaires aux analyses. Enfin, les sources dont le fond géochimique est élevé en éléments traces toxiques ou indésirables, comme l’arsenic, ont été identifiées et un lien a été établi avec la géologie.
Pour en savoir plus
Des informations complémentaires sur le pôle d’innovation BlueArk Entremont, y compris sur les BlueArk Challenges, sont disponibles ici: https://www.blueark.ch/
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