L’une des modifications les plus importantes que nous introduisons dans la nouvelle directive G2 est la précision de l’emplacement de l’organe d’arrêt principal sur un branchement. Le deuxième point, encore plus important, concerne la vigilance à observer sur les installations hors service et sur les vannes fermées. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de règles par rapport à la durée du maintien de telles installations. Cela signifie que si un client ne consommait plus de gaz, on pouvait fermer la vanne et laisser l’installation en l’état. Selon la nouvelle G2, le distributeur a l’obligation de déterminer une procédure et surtout un délai maximum pour le maintien d’une installation hors service.
Une autre nouveauté de la directive tient dans la possibilité de supprimer un branchement après six années sans consommation. Ce n’est pas une obligation mais cela donne une opportunité – ou plutôt un levier – au distributeur pour éliminer les vieux branchements qui ne sont pas utilisés, même s’il n’y a pas de fuite. Enfin, je voudrais mentionner la refonte des modalités d’essais de pression. Le chapitre traitant les essais de conduites neuves a été fondamentalement révisé.
«Une vanne fermée ne doit pas être considéré comme securitaire et ne doit donc pas être laissée en l’état sans suivi.»
Suite au terrible accident survenu à Yverdon-les-Bains, la commission principale du secteur gaz (G-HK) a mandaté la G-UK1 pour effectuer des modifications sur la directive G2 afin de tout mettre en place pour qu’un tel accident ne puisse plus se reproduire. Cela ne signifie pas que la directive existante n’est pas suffisamment claire, mais sur certains points, il fallait être un peu plus strict. Cet accident est survenu dans un immeuble raccordé au gaz par un branchement fermé, sans consommation, qui avait été endommagé sans que personne ne s’en rende compte. Une vanne fermée ne doit pas être considérée comme sécuritaire et ne doit donc pas être laissée en l’état sans suivi. Avec les modifications apportées à la directive, on voulait préciser qu’une conduite de gaz doit, soit être en service, soit être désaffectée, c.-à .-d. physiquement séparée du réseau.
La réalité du terrain ne permet pas de considérer comme nécessaire de couper physiquement le branchement immédiatement après la fermeture d’un organe d’arrêt, par ex. à cause d’une petite fuite qui doit être réparée. Une telle obligation serait complètement disproportionnée surtout qu’un organe d’arrêt principal, comme son nom l’indique, existe pour les mises en sécurité urgentes ou les maintenances. Néanmoins il est impératif de réduire au maximum la durée d’une telle situation et surtout d’en assurer un suivi rigoureux. Pour ces raisons, la nouvelle directive permet la fermeture d’une vanne d’arrêt sans qu’il soit nécessaire de couper immédiatement le branchement, mais le distributeur a l’obligation de déterminer une procédure et un délai maximum pour la remise en service afin de minimiser les risques liés aux branchements hors service.
La directive actuelle de 2010 stipule que l’organe d’arrêt principal doit être situé à proximité de l’introduction dans le bâtiment. Cette introduction correspond au passage à travers le mur. Depuis la création des directives, cette exigence a été interprétée différemment en fonction des cantons. La plupart des distributeurs suisses considèrent que la vanne doit être située derrière le mur, c.-à .-d. dans le bâtiment afin d’y donner accès au client. Un autre courant, plus minoritaire, dont Genève, place la vanne à la limite de la propriété, sous le trottoir, pour permettre l’accès aux pompiers. Ce sont deux manières complètement différentes de voir les choses avec pour chacune, des avantages et des inconvénients. C’est donc, effectivement, une «petite» modification dans le texte, mais qui a engendré de très nombreux débats et je suis très fier que nous ayons finalement trouvé cet accord. Ce dernier impose la présence d’une vanne directement à l’introduction du bâtiment mais permet toutefois de garder la solution consistant à garder l’organe d’arrêt principal à l’extérieur s’il est supplémentaire. Dans tous les cas, l’accès à l’organe d’arrêt principal doit être garanti en tout temps.
Il est vrai que la G2 révisée interdit la pose de nouvelles conduites en fonte ductile. Mais comme toute la règlementation de la SSIGE, elle n’est pas rétroactive. Cela veut dire qu’une conduite en fonte ductile qui est en exploitation reste autorisée. Dans le cadre de la directive, nous ne pensons pas que la fonte ductile soit un mauvais matériau mais que le système de raccordement est moins fiable et est aujourd’hui dépassé, pour le gaz, par rapport aux autres types de conduites disponibles. La fonte ductile n’est donc plus souhaitée comme matériau pour la pose de nouvelles conduites.
«La nouvelle G2 impose la présence d’une vanne à l’intérieur du bâtiment mais permet toutefois la solution consistant à garder l’organe d’arrêt principal à l’extérieur s’il est supplémentaire.»
Pendant une séance de la G-UK1 un représentant de l’ITIGS a relevé un point d’interrogation: «Pourquoi fait-on les essais de pression de cette manière?» Tout le monde s’est regardé, et la seule réponse a été: «On l’a toujours fait ainsi.» Nous nous sommes donc rendus compte qu’il était impératif de réfléchir et de discuter de ces procédures d’essai de pression actuelles dont nous ne connaissions pas l’origine. Nous avons convenu que nous ne pouvions pas réviser entièrement la G2 pendant plusieurs années sans approfondir ce sujet. Alors, c’est ce que l’on a fait. Nous avons constaté des incohérences dans les critères d’évaluation des essais et, par conséquent, il était clair que ces derniers devaient être revus. La proposition de modification, inspirée des directives de nos homologues allemands, est basée sur deux principes fondamentaux: le premier concerne la capacité de précision des appareils de mesure utilisés. En utilisant la plage de mesure des manomètres disponibles sur le marché nous avons défini les variations de pression qui peuvent être mesurées avec certitude et pris celles-ci en référence. Deuxièmement, nous avons formulé une règle qui dit que la durée de l’essai de pression est directement proportionnelle au volume dans la conduite. De cette façon, le même niveau de sécurité peut être garanti quelle que soit la taille des conduites.
Au sein de la G-UK1, nous considérons que le niveau de détail est suffisant. Le besoin pour les exploitants de réseaux et l’objectif de la commission est d’établir un cadre suffisamment précis sans trop imposer de détails techniques. La directive décrit tous les principes de base de l’exploitation du réseau, à savoir les responsabilités de chacun, l’obligation d’avoir un service de piquet ainsi qu’une cartographie à jour, les principes de surveillance et de contrôle du réseau et des organes de sécurité.
Concernant ce point de recherche de fuites, il manquait un principe de classification des fuites détectées afin d’uniformiser les traitements de ces dernières. De ce fait, dans la nouvelle version, nous faisons une proposition qui est une aide à la décision pour apprécier la nature des fuites et de l’urgence de la résolution de ces défauts.
Comme pour tous les autres distributeurs, la révision de la G2 impacte principalement les installations hors service par de nouvelles règles de suivi. Nous devons créer une procédure interne pour définir la méthodologie de suivi et la période de temps tolérée lorsqu’une vanne doit être laissée fermée. Pour SIG en particulier, un autre impact aussi important, se trouve au niveau de l’ajout d’une vanne directement après l’introduction dans le bâtiment sur les nouveaux raccordements. Il ne suffit pas d’installer une vanne, il nous faut définir avant, les procédures de maintenance et de contrôles de ces dernières qui nous permettront, entre autres, une meilleure localisation des fuites sur les installations clients. Enfin, le fait d’avoir un élément concernant la suppression d’un branchement sans consommation dans la nouvelle directive donnera plus d’autorité à SIG pour démanteler les installations vétustes inutiles.
Le réseau de SIG comprend actuellement un total de 692 km de conduites de gaz. De ce nombre, 39% sont des conduites en acier et 61% sont en PE, mais la spécificité est que 68% de ce réseau est exploité à 5 bar.
«Nous devons créer une procédure interne pour définir la méthodologie de suivi et la période de temps tolérée lorsqu’une vanne doit être laissée fermée.»
En 1995, des ingénieurs de SIG sont revenus d’un cours gaz de niveau master à Paris avec l’idée de revoir l’architecture du réseau de gaz en mettant en œuvre majoritairement une distribution à 5 bar à la place de la basse pression, comme cela se fait habituellement en Suisse.
Quels sont les avantages pour SIG? Il y avait à cette époque 7 niveaux de pression à Genève et il était nécessaire de simplifier les réseaux. De plus, pour le renouvellement des conduites, on utilise les vielles conduites de basse pression comme des gaines et on glisse des tubes en polyéthylène plus petits à l’intérieur. La réduction du diamètre est compensée par l’augmentation de pression pour garantir que la même quantité d’énergie puisse être distribuée. Cette technique de renouvellement de conduites demande beaucoup moins de creuses, coûte beaucoup moins cher, et réduit l’impact environnemental des chantiers gaz. Monter la pression de service offre aussi un avantage au niveau des interventions. En effet, un réseau de basse pression est maillé et il n’y a pas de vannes, qui permettent de fermer une petite zone. Par conséquent, en cas d’avarie sur une conduite, on va intervenir «en charge», c.-à .-d. que le gaz continue de fuir pendant que nous intervenons dessus. Bien sûr, ce sont des travaux que nous maîtrisons mais un peu délicats. En passant à une architecture de réseau haute pression, on garantit de pouvoir isoler un secteur, en cas de problème, en fermant au maximum trois vannes. Un autre avantage résulte du fait que chaque client dispose d’un petit poste de détente. En cas de problème, très peu de clients sont impactés.
Tous les deux ans, nous menons des recherches systématiques de fuites sur l’entièreté du réseau de gaz. Nous utilisons une voiture équipée d’un système de détection de fuites avec technologie laser qui intervient pendant la nuit pour éviter le trafic et nous transmet les relevés.
Le premier plan d’assainissement a été l’élimination complète des conduites en fonte qui a été terminée en 2010. Depuis, nous assainissons les conduites en acier posées avant 1970 ainsi que les vannes branchement en laiton. En effet, l’isolation de ces conduites et la méthode de pose de l’époque font qu'elles sont aujourd’hui en mauvaise état. Ne faisant pas encore partie des directives à cette période, il s’agit de conduites de basse pression qui ne sont pas protégées cathodiquement et qui souffrent de la corrosion. Nous terminerons cet assainissement avant 2025. Concernant les vannes en laiton, combinées aux branchements en acier, elles provoquent de la corrosion et sont sources de fuites. Toutes ces vannes situées en centre-ville ont déjà été assainies. En périphérie, leur élimination se fait lors du renouvellement des conduites petit à petit.
Les problèmes principaux que nous rencontrons sur notre réseau de gaz sont principalement liés à son exploitation en milieu fortement aggloméré. En premier lieu, c’est la problématique du trafic très dense qui, à Genève, a de fortes répercussions sur la planification et la gestion des interventions. Il est très difficile d’obtenir les autorisations de creuse et surtout de pouvoir fermer une route pour faire les travaux. Ensuite, le sous-sol étant extrêmement chargé par les divers utilisateurs, nous ne pouvons pas facilement nous implanter à de nouveaux endroits. Tout ceci a des impacts non négligeables sur les coûts de nos interventions. Notre technique de tubage nous aide également dans ce cadre vu que l’impact génie-civil est moindre.
SIG travaille à densifier le nombre de clients dans la zone de desserte en substitution du mazout et cherche à augmenter sensiblement la part de renouvelable dans son réseau gaz pour les prochaines années. Pour atteindre cet objectif, plusieurs projets sont en cours d’études pour valoriser le potentiel disponible sur le canton. Dans le cadre de la synergie des réseaux et de l’extension de celui du chauffage à distance, le gaz se positionne comme une énergie de transition. Nous adaptons l’architecture et le renouvellement de notre réseau, aussi, en fonction des choix stratégiques du chauffage à distance.
La Directive SSIGE G2 «Conduites des gaz», un élément important de la réglementation du gaz, a été entièrement révisée par la sous-commision G-UK1 «Distribution et stockage» et adoptée lors de la dernière réunion de la Commission principale Gas G-HK fin janvier à l'attention du Comité SSIGE. La G-HK recommande que le Comité mette la directive en vigueur le 1er mai 2019.
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