Plateforme pour l’eau, le gaz et la chaleur
Article technique
29. avril 2024

Penser global - agir local

L’injection de biométhane au Jura

Depuis janvier 2024, le biométhane injecté dans le réseau de gaz naturel jurassien représente environ le 10% de la consommation annuelle et couvre le 100% de la consommation estivale. Il s’agit d’un premier pas vers un réseau qui sera complètement décarboné d’ici 2035. L’article décrit cette mutation vers les 100% biométhane et les défis qu’elle implique.
Enrico Riboni 

L’hydrogĂšne est-il le futur des rĂ©seaux gaz en Suisse? À notre avis la vision de la SVGW sur le futur des rĂ©seaux en Suisse est rĂ©aliste (fig. 1): des rĂ©seaux d'hydrogĂšne et des rĂ©seaux de mĂ©thane coexisteront, qui pour la plupart transporteront probablement un mĂ©lange de biomĂ©thane et de mĂ©thane synthĂ©tique. C’est en pensant global, c’est-Ă -dire en pensant dĂ©carbonatation, et en rĂ©flĂ©chissant en quoi nos ressources pourraient aider Ă  la dĂ©carbonation de la Suisse aussi en dehors de nos frontiĂšres cantonales, et d’autres part en pensant local, en acceptant les particularitĂ©s locales, que EDJ Energie du Jura au pu engager les rĂ©seaux gaz jurassiens sur la voie menant aux 100% de biomĂ©thane.

Le gaz naturel au Jura

Le canton du Jura est un cas particulier en Suisse – Ă©galement en ce qui concerne les rĂ©seaux gaz:

  • Le gaz naturel y arrive tardivement.
  • Seule une petite partie du canton est alimentĂ©e en gaz.
  • Deux opĂ©rateurs indĂ©pendants se partagent le petit rĂ©seau gaz de la rĂ©gion de DelĂ©mont, en achetant le gaz chez deux fournisseurs diffĂ©rents (fig. 2).

Avant l’arrivĂ©e du gaz naturel, DelĂ©mont et Courrendlin opĂ©raient des anciens rĂ©seaux de l’époque du gaz de ville, alimentĂ©s en air propanĂ©.En 1989, EDJ Energie du Jura est crĂ©Ă©e, Ă  l’initiative du jeune canton et de Von Roll. EDJ est fournie en gaz par GVM (Gasverbund Mittelland, Arlesheim). Le gazoduc haute pression est construit en 1991.

En 1992 les rĂ©seaux sont convertis de l’air propanĂ© au gaz naturel. Une sociĂ©tĂ© intercommunale, RĂ©giogaz SA, est crĂ©Ă©e pour gĂ©rer les rĂ©seaux des communes. Courroux, Rossemaison et CourtĂ©telle construisent des rĂ©seaux et y adhĂšrent Ă©galement.

En parallĂšle, dĂšs 2007, EDJ dessert aussi la zone d’activitĂ©s de Boncourt depuis le rĂ©seau français.

La consommation totale de gaz naturel du canton atteindra 127 GWh juste avant la crise, avant de redescendre sous les 100 GWh par an en 2022.

En 2020, la ville de Delémont reprend la gestion de son réseau, et quitte ensuite Régiogaz. EDJ et Régiogaz se rapprochent, en partageant leur direction et la gestion opérationnelle de leurs réseaux. Cette coopération étroite se révÚlera ensuite précieuse pour le biométhane.

DĂšs octobre 2023, DelĂ©mont n’achĂšte plus son gaz via EDJ et GVM, les opĂ©rateurs de rĂ©seaux amont, mais chez un fournisseur tiers, GAZNAT. Le gaz continue Ă  ĂȘtre transportĂ© par GVM et EDJ.

La centrale biogaz de Courtemelon

Le projet

Le projet d’une centrale de biogaz agricole dans la plaine de DelĂ©mont (voir la photo de titre) est initialement portĂ© par le Syndicat de gestion des dĂ©chets de DelĂ©mont et environs (SEOD), et ensuite la conduite du projet est cĂ©dĂ©e Ă  Ecobioval SĂ rl, sociĂ©tĂ© appartenant Ă  trois agriculteurs1 de Courtemelon, lieu-dit de la commune de CourtĂ©telle. Le choix de purifier le gaz pour l’injecter dans le rĂ©seau est fait suite Ă  la non-obtention de la rĂ©tribution Ă  prix coĂ»tant (RPC) pour l’électricitĂ©. Le projet est soutenu activement par le SEOD et par EDJ2. La capacitĂ© de production nominale est de 8 GWh par an, mais dĂšs les premiĂšres semaines d’exploitation il est apparu que la production annuelle serait plus proche des 10 que des 8 GWh par an.

L’installation compte trois cuves et une capacitĂ© de stockage correspondant Ă  plusieurs heures de production de biogaz. La phase finale de purification du gaz – la sĂ©paration du mĂ©thane d’autres gaz, en particulier du CO₂, se fait par membrane.

Une innovation est le transport du lisier depuis deux fermes voisines par des conduites souterraines. Ces lisiĂ©roducs permettent de rĂ©duire fortement l’impact du transport des intrants vers l’installation.

1 Il s’agit de Vincent Boillat, du Domaine de Courtemelon, HervĂ© Cattin et Thierry ChĂ©telat: sans leur dĂ©termination le projet n’aurait jamais vu le jour.

2 Le SEOD et EDJ soutiennent le projet aussi financiĂšrement. La ville de DelĂ©mont ne participe pas au soutien financier du projet, et s’était opposĂ©e Ă  ce que SEOD le soutienne financiĂšrement. Voir par exemple «Projet de biogaz soutenu par le SEOD, mais pas par DelĂ©mont», dans le Quotidien Jurassien du 27.11.2021.

La commercialisation du biogaz

L’ensemble du biomĂ©thane produit est injectĂ© dans le rĂ©seau EDJ. Pour ce qui est des certificats biogaz, 3 GWh par an seront rĂ©servĂ©s en prioritĂ©s pour les consommateurs de gaz raccordĂ© au rĂ©seau gaz local, le solde Ă©tant commercialisĂ© par la coopĂ©rative Oekostrom Schweiz.

EDJ et Régiogaz ont proposé à leurs consommateurs de gaz deux produits «biogaz»:

  • Un produit assez standard «20% biogaz»
  • Un produit «100% biogaz, prix fixe Ă  long terme»

Ce dernier permet à nos consommateurs de profiter de la stabilisation des prix du gaz apportée par une production locale, en circuits courts, de gaz renouvelable.

Au cours du premier mois de commercialisation, environ un client de RĂ©giogaz sur dix a souscrit Ă  l’un de ces deux produits biogaz. Le fait que le lieu de production du biogaz soit connu de tous, visible, connectĂ© directement sur le rĂ©seau local et alimentĂ© aussi par leurs propres dĂ©chets verts a aidĂ© Ă  convaincre les consommateurs.

 

Les difficultés et les défis

La fabuleuse arrivĂ©e massive de biomĂ©thane dans nos rĂ©seaux n’a pas Ă©tĂ© exempte de dĂ©fis. J’espĂšre que les explications qui suivent pourront aider ceux qui se lanceront dans des aventures semblables.

Le comptage et la facturation

Avec l’injection de biomĂ©thane, on passe d’un rĂ©seau alimentĂ© Ă  100% depuis le rĂ©seau suisse de gaz naturel, Ă  un rĂ©seau avec deux points d’alimentation oĂč des gaz avec des pouvoirs calorifiques supĂ©rieurs (PCS) diffĂ©rents sont injectĂ©s. Il n’y a pas de solution universelle simple pour calculer le PCS moyen du gaz que reçoit chaque consommateur. Il existe certes des logiciels de simulation numĂ©rique de rĂ©seaux gaz qui permettent de calculer le PCS moyen en chaque point d’un rĂ©seau alimentĂ© avec des gaz de PCS diffĂ©rents.3 Mais l’utilisation de tels logiciels aurait un coĂ»t prohibitif pour des petits gestionnaires de rĂ©seaux.

Il vaut mieux Ă  notre avis voir si des modĂšles de calculs simplifiĂ©s permettent  d’attribuer des valeurs de PCS avec une prĂ©cision acceptable aux diffĂ©rents sous-rĂ©seaux. Dans le cas de l’injection Ă  Courtemelon, cela est possible en raison de la structure du rĂ©seau. Comme on le voit dans le schĂ©ma simplifiĂ© de la figure 3, le biomĂ©thane est injectĂ© dans la conduite EDJ qui va de la boucle 5 bar autours de DelĂ©mont Ă  CourtĂ©telle (voir aussi fig. 2). Le dĂ©bit de biomĂ©thane injectĂ© est toujours supĂ©rieur au dĂ©bit consommĂ© Ă  CourtĂ©telle. On peut donc affirmer que le PCS du rĂ©seau de CourtĂ©telle sera celui du biomĂ©thane. Le dĂ©bit de biomĂ©thane qui arrive sur la boucle autour de DelĂ©mont alimente les consommateurs de la ville, en se mĂ©langeant avec le gaz qui arrive depuis GVM. Le PCS servant de base pour la facturation des clients dans la ville de DelĂ©mont est calculĂ© sur la base de ce mĂ©lange.

Pendant les quatre mois sans chauffage de bĂątiments (juin Ă  septembre), le biomĂ©thane suffira Ă  satisfaire le 100% de la consommation de la rĂ©gion. La pression de consigne du poste de dĂ©tente GVM sera alors abaissĂ©e, pour donner la prioritĂ© Ă  l’injection de biogaz sur le rĂ©seau 5 bar commun Ă  EDJ et Ă  la ville de DelĂ©mont, et aussi pour utiliser le volume du rĂ©seau 5 bar comme stock tampon journalier. La pression dans le rĂ©seau va alors varier entre 3 bar et un peu moins de 5 bar. Le PCS sera alors celui du biomĂ©thane pour l’ensemble du rĂ©seau. Si un appoint de gaz naturel provenant de GVM Ă©tait nĂ©cessaire, on postulerait que les deux gaz se mĂ©langent, en moyenne, de maniĂšre suffisamment uniforme pour calculer un PCS moyen valable sur l’ensemble du rĂ©seau.

3 En particulier: le logiciel WinFlow de Gregg Engineering

Production en bande, consommation variant d’heure en heure

Les installations biogaz produisent le gaz en bande, alors que la consommation de gaz varie en fonction de la tempĂ©rature ambiante et de l’heure de la journĂ©e. À court terme – donc en injectant 8 Ă  10 GWh/an de biogaz – le rĂ©seau 5 bar EDJ/DelĂ©mont et la capacitĂ© de stockage de l’installation biogaz suffisent comme stock tampon journalier. Cependant dĂšs que l’on injectera du biogaz supplĂ©mentaire, donc dĂšs 2025 ou 2026, cela ne suffira plus. Un systĂšme de compression sera installĂ© pour transfĂ©rer du gaz de notre rĂ©seau 5 vers le rĂ©seau amont 70 bar de GVM. Pendant les prochaines dĂ©cennies, la gazoduc 70 bar entre BĂŒsserach (SO) et DelĂ©mont aura la triple fonction de

  • transporter du biogaz du Jura vers BĂąle-Campagne;
  • transporter les appoints de gaz naturel vers nos rĂ©seaux;
  • servir de stock tampon pour le biogaz produit au Jura.

Pour donner un ordre de grandeur: le gazoduc GVM entre la station de vannage BĂŒsserach et le poste de dĂ©tente qui alimente nos rĂ©seaux peux contenir environ 0,9 GWh de biomĂ©thane.

Opérateurs et fournisseurs multiples sur un seul réseau

Depuis octobre 2023, un des deux opĂ©rateurs du rĂ©seaux 5 bar rĂ©gional, la ville de DelĂ©mont, achĂšte son gaz auprĂšs de GAZNAT4 et non plus via les opĂ©rateurs de rĂ©seaux amont EDJ et GVM. Nous sommes en train de mettre en place les accords et modes de calculs pour que le biomĂ©thane local soit correctement dĂ©comptĂ© dans le cadre du contrat avec un fournisseur tiers. Il aurait Ă©videmment Ă©tĂ© plus simple et prĂ©fĂ©rable d’établir ces accords avant le dĂ©but de l’injection de biomĂ©thane, ou de s’accorder entre opĂ©rateurs locaux pour acheter le gaz chez un seul et mĂȘme fournisseur.

4 Source: RFJ

La reconnaissance cantonale du biométhane pour le chauffage

Le biomĂ©thane est une Ă©nergie renouvelable. Et cela est implĂ©mentĂ© dans la lĂ©gislation fĂ©dĂ©rale par le fait qu’il est exemptĂ© de la taxe CO₂. Mais l’utilisation principale du gaz naturel en Suisse reste le chauffage des bĂątiments – domaine de compĂ©tence cantonale. Les prescriptions cantonales en matiĂšre de chauffage des bĂątiments sont basĂ©es sur le MoPEC (ModĂšle de prescriptions Ă©nergĂ©tiques des cantons), qui laisse la libertĂ© aux cantons concernant la reconnaissance du biomĂ©thane. Or le Canton du Jura n’a pas encore reconnu le biomĂ©thane comme Ă©nergie renouvelable lors d’un remplacement de chaudiĂšre. Une motion parlementaire demandant cette reconnaissance a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©5. Cette reconnaissance permettrait d’utiliser localement des certificats biogaz qui, sinon, seront vendus dans d’autres cantons.

5 Motion 1499, déposée le 27 mars 2024 au Parlement cantonal

L’interchangeabilitĂ© du gaz

Le biomĂ©thane injectĂ© en Suisse rĂ©ponds aux spĂ©cifications de la qualitĂ© du gaz de la directive de SVGW G18 «QualitĂ© du gaz». Toute chaudiĂšre vendue en Suisse, tout brĂ»leur, est en principe apte Ă  fonctionner tant que le PCS est compris entre 10,6 et 13,1 kWh/Nm3, et l’indice de Wobbe reste entre 13,3 et 15,7 kWh/Nm3, et donc avec une part de 0 Ă  100% de biomĂ©thane.

 

L’indice de Wobbe

L’indice de Wobbe IW est dĂ©fini comme Ă©tant le quotient, sur une base volumique, du pouvoir calorifique (PCS) d’un gaz par la racine carrĂ©e de sa densitĂ© relative ρ par rapport Ă  l’air:

La signification de l’indice de Wobbe est: pour deux gaz avec le mĂȘme indice de Wobbe, la quantitĂ© d’énergie apportĂ© par ces deux gaz Ă  un brĂ»leur sera la mĂȘme, Ă  la mĂȘme pression. Une variation, mĂȘme soudaine, de l’indice de Wobbe – tout en restant dans les limites de la G18 n’a aucun impact perceptible pour le consommateur sur une chaudiĂšre. Cependant, s’il s’agissait d’un brĂ»leur utilisĂ© dans un processus industriel, cela pourrait avoir un impact sur le produit qui serait traitĂ© directement par la flamme elle-mĂȘme (ou par la chaleur radiante de la flamme). Un impact sur la qualitĂ© du produit n’est pas complĂštement impossible principalement dans les processus utilisant des fours tunnels, comme par exemple dans la production de carreaux de cĂ©ramique.

On considĂšre habituellement qu’une variation de ± 5% de l’indice de Wobbe est acceptable. Mais aucune norme ou document de rĂ©fĂ©rence n’indique quelle est la vitesse de variation acceptable.

Évolution rĂ©cente de l’indice de Wobbe du gaz distribuĂ© en Suisse

Depuis le dĂ©but de la crise actuelle, la diversification des sources du gaz arrivant en Suisse a amenĂ© Ă  une augmentation de la variabilitĂ© de l’indice de Wobbe. D’un Ă©cart de ± 0,1% par rapport Ă  la moyenne en 2020, cet Ă©cart est passĂ© Ă  ± 1,7% en 2023 (fig. 4). Ceci sans entrainer aucune perturbation connue chez des consommateurs, ce qui est plutĂŽt rassurant.

La diffĂ©rence entre l’indice de Wobbe moyen du gaz naturel distribuĂ© en Suisse et l’indice de Wobbe du biomĂ©thane est actuellement6 de – 3,2%. Les variations de l’indice de Wobbe resteraient donc dans des plages acceptables lorsque l’on passerait du gaz naturel au biogaz.

6 Source: pour l’indice de Wobbe du gaz distrubĂ© en Suisse, voir SVGW, Information G10001 «PropriĂ©tĂ©s du gaz naturel distribuĂ© en Suisse».

En pratique, que faire?

En fournissant du gaz avec un indice de Wobbe respectant la G18, l’opĂ©rateur de rĂ©seau est dans son bon droit. Mais si des variations soudaines de l’indice de Wobbe causaient des difficultĂ©s, mĂȘme transitoires et exceptionnelles, Ă  des utilisateurs, l’impact pour la branche serait important. Il est donc prĂ©fĂ©rable de dĂ©terminer en avance si des points ou parties du rĂ©seau oĂč l’alimentation pourrait passer brusquement d’un 100% gaz naturel Ă  100% biomĂ©thane existent, et, si oui, si des clients potentiellement critiques s’y trouvent raccordĂ©s. Si cela Ă©tait le cas, il faudrait prendre des mesures pour ralentir la variation de l’indice de Wobbe. Il faut noter que de tels points se trouveraient plutĂŽt sur des rĂ©seaux non maillĂ©s. Ils vont donc concerner d’avantage les rĂ©seaux de transport et les grands consommateurs directement raccordĂ©s Ă  ces rĂ©seaux que les rĂ©seaux maillĂ©s de distribution.

Le potentiel de production de biométhane

Les Ă©tudes visant Ă  estimer le potentiel de production de biomĂ©thane pouvant ĂȘtre injectĂ© dans les rĂ©seaux existants tendent Ă  sous-estimer ce potentiel. Ainsi, le rapport produit par E-CUBE en 20187 pour la confĂ©rence des services cantonaux de l’énergie postule qu’une installation se trouvant Ă  plus de 5 km ne peut pas, et ne pourra jamais, injecter du biomĂ©thane dans le rĂ©seau. Mais en suisse, pays libĂ©ral, les administrations et autoritĂ©s politiques fixent un cadre lĂ©gal, et ensuite les dĂ©cisions de rĂ©alisation des infrastructure Ă©nergĂ©tiques sont laissĂ©es aux entreprises, qui choisissent quels projets rĂ©aliser sur la base d’analyses de leur viabilitĂ© Ă©conomique, souvent en utilisant des solutions techniques que les consultants n’ont pas imaginĂ©es. Il y a deux moyens de ramener le gaz produit (et purifiĂ©) jusqu’au rĂ©seau gaz existant:

  • Une conduite de gaz – celle-ci pouvant transporter soit le biomĂ©thane, soit le biogaz vers une installation de traitement centralisĂ©e situĂ©e Ă  proximitĂ© du rĂ©seau existant.
  • Un transport par camion: le transport de gaz comprimĂ© Ă , typiquement, 250 bar, est pratiquĂ© couramment dans le monde et est souvent appelĂ© «rĂ©seau virtuel». En Suisse Romande, la sociĂ©tĂ© HOLDIGAZ le pratique depuis des dĂ©cennies.

Cette question est importante au Jura puisque six des huit installations de production de biogaz en service trouvent dans l’Ajoie, loin des rĂ©seaux gaz existants.

Des calculs d’ordres de grandeur rĂ©alisĂ©s par EDJ Energie du Jura et Bio Energ’Etique, Bure, sur la base de ces installations existantes donne un prix de revient du transport par camion qui correspond Ă  environ 1,5 fois un timbre rĂ©seau typique, incluant les timbres de transport amont. Cette valeur ne compromet pas la faisabilitĂ© Ă©conomique du projet.

La rĂ©alisation de gazoducs transportant le biogaz vers une centrale de traitement pour en faire du biomĂ©thane injectable dans notre rĂ©seau serait moins Ă©conomique, d’aprĂšs un calcul interne Ă  EDJ. Le biomĂ©thane ajoulot voyagera donc en camion vers la plaine de DelĂ©mont.

7 «Erneuerbares Gas – Einspeisepotenzial von erneuerbarem Gas in das Schweizer Netz bis 2030», Studie im Auftrag der EnFK, E-CUBE STRATEGY CONSULTANTS, 2018.

Vers un réseau 100% décarbonné en 10 ans

Au-delĂ  des potentiels de production thĂ©oriques, nous devons planifier l’avenir de nos rĂ©seaux gaz sur la base de projets concrets et rĂ©alisables. L’horizon 2035 est ici fixĂ© arbitrairement pour une planification rĂ©aliste. D’ici dix ans, la consommation de gaz au Jura aura continuĂ© Ă  baisser. Nous estimons que la consommation de gaz de la rĂ©gion en 2035 sera d’environ 63 GWh par an.

Projets concrets

Les projets en cours d’étude ou de rĂ©alisation dans le canton du Jura et dont la mise en service est prĂ©vue d’ici Ă  2035 au plus tard sont prĂ©sentĂ©s dans le tableau 1. La quantitĂ© de biomĂ©thane qui sera injectĂ©e 2035, sur la base des projets connus, reprĂ©sentera donc environ 73% Ă  140% de la consommation de gaz rĂ©gionale. La vision de la SVGW de rĂ©seaux de mĂ©thane entiĂšrement dĂ©carbonĂ©s coexistant avec les futurs rĂ©seaux Ă  hydrogĂšne est en passe d’ĂȘtre rĂ©alisĂ©e au Jura.

Projet biogaz Niveau d'avancement Quantité de biométhane par an
Ecobioval Courtmelon RĂ©alise, en service depuis janvier 2024 10 GWh/an
Projet Ă  Courroux Projet 6 GWh/an
Projet Ú Courrendlin Etude préliminaire 10 GWh/an
Transport de biogaz par camion depuis l'Ajoie Projet

12 Ă  22 GWh/an initialement (2025)

À terme 20 Ă  42 GWh/an supplĂ©mentaires

Total cumulé   48 à 88 GWh/an

Tab. 1 Aperçu des projets de biogaz dans le canton du Jura qui devraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©s d’ici 2035.

CONCLUSION

L’ambitieuse transition du Canton du Jura vers un rĂ©seau de gaz entiĂšrement dĂ©carbonĂ© ne peut se faire qu’avec des innovations – comme le transport par camion de biomĂ©thane comprimĂ© et le transport de lisier par conduites entre fermes – et de multiples collaborations Ă  tous les niveaux. En unissant agriculteurs, gestionnaires de rĂ©seau, consommateurs et gestionnaires des dĂ©chets autour du projet de biomĂ©thane, le Jura trace un chemin vers une durabilitĂ© Ă©nergĂ©tique oĂč les rĂ©seaux gaz joueront un rĂŽle essentiel.

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